La Côte d'Ivoire est l’une des puissances économiques d’Afrique de l’Ouest. Avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe, c'était l'une des économies à la croissance la plus rapide au monde, renforcée par sa position de premier producteur de cacao et de noix de cajou bruts.
Cependant, les inégalités sociales persistantes et les défis structurels auxquels le pays continue de faire face, ont entravé la redistribution des retombées de cette réussite économique au bénéfice des populations les plus pauvres et ont exercé une pression supplémentaire sur les services publics, y compris l'éducation.
Aujourd'hui, plus d'un enfant sur cinq en âge d'aller à l'école primaire ne se retrouve pas dans le système éducatif formel. Les filles et les enfants issus des milieux ruraux pauvres en particulier, en sont les plus exclus. De plus, on estime que près de 800 000 enfants sont directement concernés par des formes de travail infantile dangereux dans la production de cacao, telles que l'utilisation d'outils tranchants ou l'exposition à des produits agrochimiques.
Une coalition constituée d'investisseurs du secteur privé et de fondations philanthropiques, menée par la Fondation Jacobs, s'est associée au ministère de l'Éducation Nationale de Côte d’Ivoire, pour aider le pays à fournir une éducation de qualité dans les communautés reculées et rurales et porter à l'échelle nationale des solutions basés sur des données probantes en matière d'apprentissages fondamentaux.
Le fonds à effet multiplicateur du GPE fournit une incitation et jusqu'à 13 millions de dollars de financement dans le cadre de ce partenariat innovant qui vise à scolariser davantage d'enfants marginalisés et favoriser leur apprentissage, amplifiant ainsi la portée des 39 millions de dollars de cofinancement engagés par la coalition d'investisseurs.
Poser les jalons d’une coalition pour améliorer la qualité de l’éducation
En 2015, la Fondation Jacobs, basée en Suisse, a lancé son programme pays le plus important jusqu’à lors en Côte d'Ivoire, nommé Transformer l’Education dans les Communautés de Cacao (TRECC). Doté d’une enveloppe de 50 millions de francs suisses (environ 55 millions de dollars), il vise à contribuer au changement systémique grâce à un enseignement primaire de qualité et au développement de la petite enfance.
Plusieurs entreprises productrices de cacao et de chocolat avaient déjà soutenu des projets visant à améliorer l'accès à l'éducation dans les communautés de leur filière d’approvisionnement, en apportant notamment leur soutien aux enfants non scolarisés pour qu'ils rejoignent l'école formelle et en investissant dans les infrastructures scolaires.
Toutefois, beaucoup restait à faire en vue d’un meilleur alignement stratégique entre les actions de tous ces acteurs et les plans nationaux d’éducation. Néanmoins, la volonté de collaborer était palpable.
La proposition du programme TRECC de mettre en commun le savoir-faire et les capacités de financement de ces partenaires des secteurs privé et philanthropique a donc été bien accueillie. Douze entreprises et deux fondations philanthropiques, UBS Optimus Foundation et Bernard van Leer Foundation, ont rejoint le programme TRECC.
Cette approche a constitué le début d’un changement de paradigme. On passait ainsi de la simple promotion de l'accès à l'éducation à la promotion de la qualité de l’éducation : que se passait-il vraiment dans les salles de classe ? Les enfants apprenaient-ils réellement ? Etaient-ils accompagnés de façon optimale dès leurs premières années de scolarisation ? Atteignaient-ils les niveaux de compétences attendus ? Sinon, pourquoi et à quels risques étaient-ils exposés le cas échéant ?