Ce blog est le quatrième d'une série sur le coaching des enseignants.
En tant qu'ancienne coach en milieu scolaire et partisane de longue date du coaching dans le cadre de projets de développement professionnel des enseignants financés par des bailleurs de fonds, assister à l'adoption de programmes de coaching des enseignants ces dernières années a été encourageant.
Bien que la recherche sur le coaching soit encore en pleine évolution, une chose est sûre : les enseignants estiment que le coaching est une activité particulièrement nécessaire1.
Cela dit, les programmes de développement international tels qu’ils sont conçus, insistent généralement sur les aspects techniques du coaching, l’ampleur et la rapidité d’exécution de tels programmes. Cela a des conséquences involontaires ou créent des « pièges » qui menacent d’annihiler les avantages potentiels du coaching.
Ce blog recense certains des pièges inhérents au coaching dans les systèmes à grande échelle qui menacent la durabilité, l'intention, l'efficacité, l'équité et l'allocation des ressources des programmes de coaching en eux-mêmes. Il en propose également des solutions potentielles.
Le piège de l'expertise
Le premier piège est celui de l'expertise. Nous le constatons dans de nombreux projets où le coaching est assuré par une personne extérieure à l'établissement scolaire, à l’instar d’une agence de mise en œuvre ou une université, par exemple.
Lorsqu'un coach fournit une assistance technique, il peut être considéré par l'enseignant comme un expert. D’ailleurs, le coach peut aussi se considérer comme un expert. Le risque demeure dans le fait que les enseignants assument un rôle passif et le coach un rôle trop assertif.
Une telle dynamique peut potentiellement miner les moyens d’action et l'autonomie des enseignants. Ainsi, le piège de l'expertise menace la durabilité du programme de coaching, car lorsque le programme se terminera, l'enseignant pourra ne pas se sentir capable de continuer sans le coach.
Il existe de nombreuses solutions au piège de l'expertise. Tout d'abord, les projets peuvent employer des coachs pairs afin de réduire la différence de statut. Ensuite, des « accords de partenariat » entre le coach et l'enseignant peuvent définir le rôle de chacun, en veillant à ce que l'enseignant - et non le coach - gère la relation professionnelle2.
Enfin, les programmes doivent investir dans la formation de « coachs compétents capables de structurer les conversations avec les enseignants comme des dialogues entre deux partenaires égaux » pour aider les enseignants à prendre en charge leur apprentissage3.
Le piège de la docilité
Un deuxième piège, émanant du premier, est celui de la docilité.
Dans le domaine du développement international, le paradigme dominant du renforcement des capacités repose sur la théorie de « l'enseignant défaillant » : l'enseignant ne sait pas comment faire quelque chose ; l'agence de mise en œuvre y remédie par le biais du développement professionnel ; et le coach est déployé pour aider les enseignants à mettre en pratique leurs nouvelles compétences.
Dans les projets de grande envergure accordant une attention particulière aux résultats numériques, le coach, du fait de son accès aux salles de classe des enseignants, devient inévitablement l'agent responsable de la formation, et non plus l'agent de soutien. Et la docilité devient le point central des actions de l'enseignant et du coach.