Imaginez un instant que vous vivez dans une communauté rurale ou pastorale et que vous entrez pour la première fois dans une salle de classe dans laquelle la langue d'enseignement est l'anglais ou le swahili, et où l'enseignant ne comprend pas votre langue maternelle.
Au Kenya, avec plus de 80 langues parlées, la plupart des habitants des zones rurales sont confrontés à des problèmes de communication. La mise en œuvre de l'enseignement dans la langue maternelle demeure un défi et, dans la plupart des communautés pastorales et rurales, la langue d'enseignement est soit l'anglais, soit le swahili, ce qui constitue une difficulté pour la plupart des enfants.
Imaginez-vous un instant essayer d'apprendre alors que vous ne comprenez pas ce que dit l'enseignant !
Un problème que je ne pouvais plus ignorer
Je m'appelle Abdinoor Alimahdi. Je suis un jeune kényan de 32 ans, ingénieur en télécommunications. De nombreuses années durant, l’éducation n’était pas mon domaine de prédilection. J’avais une belle carrière dans le domaine des télécoms, occupant un poste de directeur régional quand j’ai quitté ce secteur.
Je ne pouvais plus ignorer le niveau d'inégalité et la crise de l'éducation à laquelle était confrontée ma région : les sempiternels échecs massifs, l'exode massif des enseignants à cause de l‘insécurité, notamment après l'attaque de l'université de Garissa, et surtout une mauvaise maîtrise de la langue d'enseignement.
Comme je n'avais aucune expérience dans le domaine de l'éducation ou de l'enseignement, je me suis inscrit à un master en TIC (technologies de l’information et de la communication) appliquées à l'éducation et la conception pédagogique.