[Ceci est le dernier d'une série d’articles de blog sur la crise mondiale de l'enseignement.]
Par où les pays peuvent-ils commencer pour lutter contre la crise mondiale de l'enseignement ? La série d’articles de blog du GPE met en avant plusieurs stratégies dont il est fait mention dans le Rapport mondial sur les enseignants du Groupe de travail sur les enseignants : relever les salaires des enseignants, revaloriser la profession, améliorer les conditions de travail, remanier les programmes de formation continue, soutenir les voies alternatives menant à la certification et investir dans la formation continue.
Ces approches ont pour but de combler le fossé à la fois en ce qui concerne le nombre d'enseignants et la qualité de l'enseignement dans le monde.
Cependant, de telles mesures doivent faire l'objet d'une planification et d'un financement à long terme. Il se peut également que leurs retombées ne se fassent sentir que dans plusieurs années. En attendant, il existe un autre outil que nous pouvons utiliser comme levier pour remédier aux problèmes de quantité et de qualité qui sont au cœur de la crise mondiale de l'enseignement : la technologie.
Même si rien ne peut remplacer un engagement durable en faveur du recrutement, de la formation et du maintien en poste d'enseignants de qualité, des initiatives technologiques bien conçues — gérées et mises en œuvre par des éducateurs qualifiés et investis — peuvent considérablement accroître les possibilités en matière d’éducation, aussi bien pour les enseignants que pour les élèves.
Le présent article en donne trois exemples.
1. La technologie peut accroître l'accès à une éducation de qualité
Toutes les régions du monde connaissent des pénuries d'enseignants, surtout en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud où la croissance démographique est rapide. La technologie permet de mettre les élèves en relation avec des enseignants, en cas de pénurie, de sorte qu'ils puissent poursuivre leurs études.
Là où l’accès à une bonne connexion à Internet est possible, les cours virtuels permettent d'instruire les élèves qui manquent d'enseignants qualifiés, en particulier en STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques).
Des plateformes d'apprentissage en ligne, comme le National Education Equity Lab, offrent aux élèves des régions mal desservies un accès à un plus grand réservoir d'enseignants et à plus grande diversité de matières.
Des tuteurs humains en ligne et, de plus en plus, des tuteurs générés par l'intelligence artificielle (IA) permettent de remédier aux écarts dans les matières de spécialité, conférant aux élèves des possibilités d'apprentissage à la fois flexibles et personnalisées.
Quand l'infrastructure Internet est moins répandue ou moins fiable, la télévision pédagogique constitue souvent le mode de prestation de prédilection. La région de l'Amazonie (de la taille de la France) au Brésil, l'Égypte, le Ghana, le Mexique, le Pakistan et la Turquie utilisent actuellement la télévision comme moyen pédagogique pour donner accès à l'apprentissage (télévision éducative).
Grâce à la télévision éducative, un enseignant dûment formé donne une leçon via la télévision satellite depuis un studio de télévision, en direct ou grâce à un préenregistrement, à un groupe d'élèves dans une école ou un centre communautaire.
Les leçons, conformes au programme scolaire, sont distillées tout au long de la journée scolaire sous forme de petites capsules (de 15 à 30 minutes). Ces leçons sont généralement suivies en classe d'ateliers en petit groupe, de travaux individuels et d'une séance de questions et réponses ou d'une discussion.
2. La technologie peut compenser la qualité variable de l'enseignement
Bien des enseignants rencontrent des difficultés avec la maîtrise des savoirs de base, la communication dans la langue d'instruction et l'utilisation de techniques pédagogiques efficaces. Des initiatives technologiques bien conçues permettent d'exposer les élèves à une instruction de bonne qualité, laquelle améliore les compétences en lecture, écriture et calcul, ainsi que les compétences fondamentales.
Des études expérimentales menées au Ghana, au Mexique, Pakistan et à Zanzibar ont mis en évidence la capacité de la technologie à réduire les effets néfastes d'un enseignement de faible qualité.
L'instruction assistée par ordinateur et les applications pédagogiques ont permis de contrebalancer un niveau inférieur de qualité de l'instruction, de normaliser la qualité de l'enseignement et de garantir le niveau de scolarité des élèves dans les compétences fondamentales.
Des outils pédagogiques issus de l'IA peuvent aider les enseignants qui manquent de formation, les enseignants bénévoles ou ceux qui travaillent en dehors de leur spécialisation à planifier les leçons, à concevoir les évaluations et à créer du matériel d'apprentissage.