Le rôle de la société civile dans la planification de l’éducation : l’expérience du Zimbabwe
23 juillet 2024 par Muriel Poisson, UNESCO International Institute for Educational Planning (IIEP), et Evelyn Wadzanayi Chitiga, Education Coalition of Zimbabwe |
Lecture : 4 minutes

Evelyn W. Chitiga, de la Coalition pour l'éducation du Zimbabwe, s'exprime sur les raisons pour lesquelles la participation de la société civile est cruciale pour l'avenir du système éducatif Zimbabwéen.

Ce blog a été précédemment publié sur le site de IIPE-UNESCO.

Evelyn Wadzanayi Chitiga, de la Coalition pour l'éducation du Zimbabwe, croit fermement à l'importance de l'implication de la société civile dans la planification et la gestion de l'éducation. Cette participation garantit la transparence, l'appropriation, la durabilité et la responsabilité.

Ayant récemment suivi le cours en ligne de l'IIPE sur les bases de la planification de l'éducation en tant que boursière de l'Éducation à voix haute, elle explique pourquoi la participation de la société civile est cruciale pour l'avenir du système éducatif du Zimbabwe.

Evelyn Wadzanayi Chitiga
Evelyn Wadzanayi Chitiga

Pourquoi est-il important que les acteurs de la société civile du Zimbabwe participent à la planification et à la gestion de l'éducation ?

Les organisations de la société civile (OSC) jouent un rôle essentiel dans la protection des droits de l'homme, notamment le droit à l'éducation garanti par la constitution zimbabwéenne. Les OSC veillent à ce que des politiques soient mises en place pour que les écoles soient des environnements d'apprentissage sûrs et que le droit à une éducation de qualité et inclusive soit respecté. En outre, elles renforcent la responsabilité et la transparence en jouant le rôle de garant des politiques éducatives.

L'implication des OSC favorise un plus grand engagement des parties prenantes, ce qui permet une compréhension globale des défis auxquels l'éducation est confrontée et facilite la mise en place de solutions complètes. Par exemple, dans le cadre de la sécheresse de 2024, le ministère de l'Enseignement primaire et secondaire a impliqué plusieurs parties prenantes et ministères pour s'assurer que les élèves continuent d'aller à l'école et reçoivent des repas malgré les conditions actuelles.

Les OSC apportent également des connaissances et une expertise en matière de planification et de gestion de l'éducation, et les décideurs politiques peuvent bénéficier de leurs points de vue et de leurs recommandations, ce qui permet de faire des choix politiques plus éclairés et fondés sur des pratiques éprouvées.

Comment votre organisation participe-t-elle à la planification de l'éducation au Zimbabwe ?

ECOZI collabore avec le gouvernement pour influencer la prise de décision, suivre les allocations budgétaires et superviser la distribution et l'utilisation des fonds. Cette relation étroite favorise la remontée d'information et l'utilisation efficace et transparente des ressources afin d'améliorer la qualité de l'enseignement.

Les acteurs de la société civile, tels que ceux d'ECOZI, représentent diverses voix au sein de la communauté, y compris des groupes marginalisés tels que les femmes, les enfants et les personnes en situation de handicap. En participant à la planification et à la gestion, nous pouvons plaider en faveur de politiques d'intégration qui répondent à leurs besoins spécifiques, en veillant à ce que l'éducation soit accessible à tous et toutes, quelle que soit leur origine.

Que risque-t-on si la société civile ne participe pas au processus de planification pour les jeunes d'aujourd'hui ?

La société civile joue un rôle essentiel dans le développement et l'épanouissement des jeunes. Nous risquons de passer à côté d’une génération si les OSC ne peuvent pas participer à l'élaboration d'un programme pertinent pour le 21ème siècle : lutte contre la discrimination et l'exclusion des personnes en situation de handicap, les stéréotypes de genre ou fondés sur la religion ou la culture, et aussi la corruption. En outre, les programmes risquent de ne pas correspondre aux besoins réels des jeunes d'aujourd'hui si les priorités établies ne sont pas adaptées.

Comment le cours de l'IIPE vous aide-t-il à vous engager davantage pour façonner l'avenir de l'éducation par le biais de la planification de l'éducation ?

Le cours de l'IIPE sur les bases de la planification de l'éducation m'a permis d'améliorer ma capacité à m'engager auprès du gouvernement en utilisant toutes les possibilités qui s'offrent à moi. Le cours a permis d'exploiter les données, de promouvoir l'amélioration continue, d'encourager la collaboration et de permettre aux membres d'ECOZI d'aborder collectivement les tendances et les défis émergents dans le domaine de l'éducation.

ECOZI compte cinq comités thématiques : genre et inclusion, qualité et éducation transformatrice et durable, alphabétisation fondamentale, éducation dans les situations d'urgence et financement de l'éducation. Ces comités travaillent sur un domaine spécifique dans le cadre du plan stratégique du secteur de l'éducation afin de garantir le respect du droit à l'éducation. J'ai retenu les concepts de plusieurs modules pour m'assurer qu'aucune communauté marginalisée n'est laissée pour compte.

Par exemple, le module sur la formulation de stratégies pour renforcer les priorités de la société civile a permis de mieux comprendre comment utiliser des stratégies locales et innovantes pour s'assurer que les stratégies des OSC sont entendues. Dans le cas du Zimbabwe, les médias jouent un rôle essentiel dans les activités de plaidoyer, d'où l'importance de faire preuve d'innovation pour faire avancer le droit à l'éducation.

Dans le module sur la formulation d'arguments clés pour défendre les domaines thématiques dans le processus de planification, le principal enseignement que j'ai retenu est de veiller à ce que la voix des comités thématiques soit entendue.

Au fur et à mesure que les comités thématiques se réunissent et interagissent dans les groupe WhatsApp, nous avons mis en évidence la nécessité pour chaque organisation de partager son travail et, lorsque des efforts de collaboration sont nécessaires, d'autres acteurs les rejoignent. Par exemple, le Forum for African Women Educationalists Zimbabwe Chapter (FAWEZI) plaide en faveur du droit à l'éducation, en particulier pour les petites filles. ECOZI a ensuite fait appel à d'autres organisations pour s'inspirer du modèle de « théâtre pour le développement » qu'elles utilisent, appelé Tuseme, ce qui signifie « Laissez-nous parler » en swahili.

Avez-vous appliqué les informations apprises pendant le cours à votre activité professionnelle au sein de la Coalition pour l'éducation ? Si oui, comment et quel en a été le résultat ?

J'ai progressivement mis en œuvre ce que nous avons appris pendant le cours. Par exemple, nous privilégions la concertation avec nos membres pour comprendre leurs priorités et nous veillons à ce que le travail de nos partenaires soit conforme aux objectifs du gouvernement.

Chez ECOZI, nous sommes allés encore plus loin en invitant le ministère de l'Enseignement primaire et secondaire à partager avec nos membres les enjeux et les projets en cours. Ainsi, nous pouvons nous assurer que les programmes des OSC apportent une valeur ajoutée aux objectifs du ministère. Cela aide également les OSC à comprendre ce qu'elles peuvent suivre dans leurs domaines d'activité, ce qui renforce la responsabilité en matière de droit à l'éducation.

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