Burundi : pour les réfugiés, l'éducation est encore plus importante
La famille d'Aline Nizigama s’est déplacée de pays en pays pour fuir la violence au Burundi, mais ses parents n’ont jamais renoncé à leur rêve d'éduquer leurs enfants pour une vie meilleure
01 novembre 2017 par Aline Nizigama
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Lecture : 7 minutes
Des enfants en classe au Burundi
Des enfants en classe au Burundi

Chacun d'entre nous désire vivre en paix et jouir des droits auxquels nos gouvernements doivent veiller, y compris le droit à l'éducation. Malheureusement, ça n’a pas été le cas de mes parents, qui ont grandi comme réfugiés en Tanzanie après la guerre civile au Burundi en 1972.

Ils ont dû tout laisser derrière eux, y compris leurs études, afin de survivre. Arrivés en Tanzanie dans le camp de réfugiés d'Ulyankulu dans la province de Tabora, mes parents ont pu étudier. Grâce au soutien du HCR, ils ont été scolarisés de l'école primaire à l’université. Avec leurs diplômes, mon père a finalement été employé dans un hôpital régional et plus tard dans un hôpital privé en tant que technicien médical alors que ma mère est devenue secrétaire au bureau du gouverneur de la province de Tabora.

D'un camp de réfugiés à l'autre

En 1990, mes parents sont retournés au Burundi et quatre ans plus tard, nous avons à nouveau fui le Burundi pour la Tanzanie après la guerre civile de 1994. Pendant ce temps-là, j’ai quand même pu continuer d’aller à l’école maternelle, un privilège en tant que réfugiée en Tanzanie.

Deux ans plus tard, nous avons dû déménager à nouveau, cette fois au Zaïre (l'actuelle République démocratique du Congo). Malheureusement, en octobre 1996, nous avons dû fuir une nouvelle guerre civile et nous avons été contraints de retourner en Tanzanie. Mes parents ne voulaient pas que mes frères et sœurs et moi-même restions dans un camp de réfugiés. Pour eux, c'était comme regarder un remake de leur propre histoire.

Ils ont réussi à sortir du camp de réfugiés. La vie n'était pas facile mais nous avons survécu. Mon père, avec le peu d’argent qu'il gagnait, a pu économiser pour que ma mère puisse démarrer une petite entreprise, vendant du charbon et des tomates dans le quartier où nous habitions. Pendant ce temps-là j'ai passé deux ans à la maison, sans aller à l'école.

L’éducation en cadeau

Mes parents savaient l'importance de recevoir une éducation ; ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour que je puisse retourner à l'école. En 2002, six ans plus tard, nous sommes rentrés au Burundi où je suis allée au lycée et où j’ai terminé mes études universitaires.

Cela fait deux ans que je suis titulaire d’une licence en droit. Mes parents se sont battus, mais ils ont réussi à nous envoyer, mes frères et sœurs et moi, à l'école alors qu’ils n’avaient pas beaucoup d’argent. Ils se sont dévoués, corps et âme pour que je puisse réaliser le rêve qu’ils n’ont pas eu la chance de réaliser.

Dans notre vie quotidienne, nos relations, qu’elles soient amicales, familiales ou professionnelles, se caractérisent par la façon dont nous partageons et donnons ce que nous avons comme témoignage de notre amour et de notre gratitude envers ceux qui nous sont chers. Et pourtant, nous ne pouvons pas donner ce que nous ne possédons pas.

Mes parents m'ont donné une éducation. C'est le cadeau le plus précieux et le plus important que l’on puisse recevoir dans le monde où nous vivons aujourd'hui.

Mon père dit toujours : « Je n’ai d’autre richesse à te donner que l’éducation », auquel ma mère ajoute : « Accroche-toi à l’éducation ; ne la laisse pas s’échapper de ta vie. » Ces mots sont devenus mes principes directeurs qui m’accompagnent tout au long de mon parcours. Ils m'encouragent à ne jamais abandonner, en dépit des difficultés que je rencontre.

Malgré leurs revenus limités, mes parents n’ont jamais renoncé à ce que j’aille à l’école, car ils avaient déjà observé les fruits et les bénéfices d’être instruit.

Remercier les partenaires qui font en sorte que les réfugiés reçoivent une éducation

Je salue également l'excellent travail que le HCR a fait pour moi : l'organisation a offert l’éducation à mes parents. C'est une graine impérissable : elle se multiplie ! Sans ce soutien, je ne sais pas ce que mes parents seraient devenus aujourd'hui. Et je ne serais certainement pas là pour partager mon histoire avec vous.

C'est pour cette raison que j'ai choisi de soutenir le Partenariat mondial pour l'éducation en tant que l'un de ses jeunes ambassadeurs. Je soutiens la reconstitution de ses ressources qui vise à lever des fonds pour la période 2018-2020. Ces ressources soutiendront l'éducation de 870 millions d'enfants dans 89 pays en développement, où vivent 78 % de la population non scolarisée dans le monde.

L’éducation - le cadeau qui ne cesse de se multiplier

L'éducation se transmet de génération en génération : lorsque nous éduquons un enfant, nous n'investissons pas seulement dans l'enfant qui se tient devant nous mais dans toute une génération future.

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Thank you for sharing dear Aline, we conglatulate you and your parents for the good job done. Education now days is our heritage. keep on doing good things. and i really suport UNHCR because iam one of those who got education from then, Thank you all.

En réponse à par Boyayo Pasteur…

Thank you Boyayo Pasteur for your comment.

Congratulations for your hard-earned achievement in education. Surely that was a tough road to success. Keeping going though, the sky is the limit! Needless to say, without your parents' belief in the power of education, you couldn't have gone that far, so they merit a round of applause.
This is indeed an inspirational story and it mirrors those of several other young refugee girls, especially in refugee camps, who persevere in search for education, despite mountains of life challenges. One thing is sure: "hard work always pays"!

En réponse à par René Périclès

Thank you for your comment.I am indeed very lucky that my parents strongly believed in education and gave me that gift.

This is to encourage any [young] people to study hard no matter the circumstance. Never let go any chance to study farther. You might not see any light in the tunnel but believe me the time will come!

No one could ever imagine that I would gain courage to resume university studies after the tragedy of 1995 in the Mutanga campus of the University of Burundi. Yet, 6 years later I found myself at the tremendous Erasmus University of Rotterdam. There, my situation was quite hard to be understood for young Dutch guys mostly aged 10 years younger than I was! I remember one dutch girl asking me if I would succeed because she thought I was too old. However, I was not discouraged and confirmed that indeed I would perform well. Five years later in 2006, I obtained my masters degree in Economics!

Today, [thanks to my God because of the great benedictions] nobody can believe that I passed through such a long and horrible journey. So, I will do anything I can to help [my] children get a better education.

I therefore strongly support the initiative of the Global Partnership for Education!

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