Apprentissage fondamental pour tous : inclure les enfants les plus marginalisés est une solution possible, pragmatique et urgente

Comment l'engagement des gouvernements à donner la priorité à l'apprentissage fondamental peut transformer les systèmes éducatifs et permettre d’atteindre les objectifs d'apprentissage ambitieux des pays.

25 juillet 2023 par Sharon Tao, Girls' Education Challenge, Kate Jefferies, UK Foreign, Commonwealth and Development Office, et Rona Bronwin, UK Foreign, Commonwealth and Development Office
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Des filles soutenues par le projet ENGAGE (Empowering a New Generation of Adolescent Girls with Education) du GEC, mis en œuvre par VSO au Népal. Crédit : ENGAGE/VSO
Des filles soutenues par le projet ENGAGE (Empowering a New Generation of Adolescent Girls with Education) du GEC, mis en œuvre par VSO au Népal.
Credit: ENGAGE/VSO

L’engagement de plus en plus fort des gouvernements à accorder la priorité à l'apprentissage fondamental permettrait de transformer les systèmes éducatifs et d'atteindre les objectifs ambitieux des pays en matière d'apprentissage.

Cependant, les enfants et les jeunes les plus marginalisés risquent toujours d'être laissés pour compte, sans pouvoir n’acquérir ni les compétences de base en lecture, en écriture et en calcul, ni les compétences transférables.

Pour éviter ce problème, les efforts visant à améliorer l'apprentissage fondamental doivent tout d’abord cibler les plus marginalisés et, si nécessaire, s'étendre au-delà des premières années d'études et de l'enseignement primaire formel.

Il est possible d'intégrer tous les enfants marginalisés dans les efforts destinés à améliorer l’apprentissage fondamental, mais seulement avec détermination et dévouement. Saisir l’opportunité de s’efforcer à le faire dès maintenant devrait finalement profiter à tous les enfants.

Pourquoi concentrer nos efforts sur l'apprentissage fondamental ?

Les compétences fondamentales sont essentielles pour la lecture, l'écriture et le calcul et transférables (à l’instar des compétences sociales et émotionnelles) dont les enfants ont besoin pour apprendre et s'épanouir dans leur éducation et au-delà.

On observe une vocation commune et un consensus grandissant sur la nécessité d'améliorer l'apprentissage fondamental, facteur essentiel pour transformer l’éducation. Dès sa première année, l'engagement à l’action en faveur de l'apprentissage fondamental a été approuvé par 26 pays et 30 organisations.

Comment les enfants marginalisés bénéficient-ils de ces compétences ?

Les enfants marginalisés ne sont pas sur un même pied d’égalité du fait des divers obstacles, tels que les conflits et les déplacements, les normes de genre néfastes, le handicap, la ruralité, les chocs climatiques et l'extrême pauvreté auxquels sont confrontés.

Les compétences fondamentales peuvent les aider à maîtriser et à surmonter ces obstacles, ce qui permet à la société de bénéficier d'avantages considérables sur le plan social, économique et de la stabilité. L'apprentissage fondamental permet à ces enfants :

  • de mieux apprendre, acquérir davantage de connaissances et de compétences ;
  • de s'orienter et de réussir sur le marché du travail ;
  • de prendre des décisions pour leur famille et de s’en occuper ;
  • de soutenir et de consolider leur communauté et leur société ; et
  • d’accroître la résilience face aux chocs et d’assurer un meilleur avenir aux générations futures.

Quels enfants devons-nous cibler ?

Malheureusement, dans de nombreux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, la majorité des enfants n'apprennent pas.

Les efforts destinés à améliorer les apprentissages fondamentaux devraient profiter à tous les enfants, dont les enfants scolarisés mais qui n'apprennent pas, les enfants scolarisés qui sont le plus à risque d’abandonner l’école, les 244 millions d'enfants et de jeunes non scolarisés qui sont souvent invisibles pour le système.

Ce nombre risque malheureusement d'augmenter plus les États deviennent fragiles et que les chocs climatiques continuent de perturber la scolarité d'environ 40 millions d'enfants par an.

Des filles soutenues par le projet EAGER du GEC visant à renforcer l’autonomie et la résilience de chaque adolescente, mené par l'IRC (International Rescue Committee) en Sierra Leone. Crédit : EAGER/IRC
Des filles soutenues par le projet EAGER du GEC visant à renforcer l’autonomie et la résilience de chaque adolescente, mené par l'IRC (International Rescue Committee) en Sierra Leone.
Credit:
EAGER/IRC

Ne vaut-il pas mieux se concentrer sur l'amélioration des systèmes pour la majorité des enfants ?

Certes, ceci serait avantageux à long terme. Il est essentiel d’améliorer les systèmes éducatifs pour aider durablement tous les enfants à acquérir des compétences fondamentales dès leur plus jeune âge, puis à progresser tout au long de leur scolarité et à tirer parti des bienfaits de l'éducation.

Il existe de plus en plus de données probantes sur la manière d'améliorer l'apprentissage fondamental à grande échelle afin que la majorité des enfants scolarisés mais qui n'apprennent pas puisse en profiter : l’approche RAPIDe, les 5 actions du programme RISE ou, plus récemment, la mise à jour par le GEEAP (Groupe consultatif mondial sur les preuves de l'éducation) de ses « achats intelligents » qui comprennent une pédagogie structurée et un enseignement ciblé.

Les exemples de progrès accomplis dans le renforcement des compétences fondamentales, comme à Sobral au Brésil, montrent comment l'apprentissage peut être amélioré à grande échelle grâce à la volonté et à l'engagement politiques, même en cas de lourdes contraintes économiques.

Cependant, un trop grand nombre d'enfants non scolarisés ou sur le point d'abandonner l'école ne tireront pas parti des efforts destinés à renforcer les systèmes d’éducation. Ceux-ci méritent d'être pris en compte et ciblés par tout engagement visant à améliorer l'apprentissage fondamental pour tous certes, mais il s'agira probablement d'un projet plus complexe qui impliquera d’éliminer les obstacles que ces enfants rencontrent pour être scolarisés et apprendre, qu'il s'agisse de déplacements, de normes de genre néfastes, d'une situation de handicap ou du fait pour eux de vivre dans un milieu rural.

Néanmoins, tous les efforts et coûts supplémentaires seront compensés par les bienfaits considérables que l'apprentissage fondamental apporte aux plus marginalisés, à leurs familles, à leurs communautés et à l'ensemble de la société.

L'engagement à l’action ne cible-t-il pas déjà tous les enfants ?

L’intention de l'engagement à l'action est claire, comme le stipule cet objectif de :

« … réduire de moitié, à l’échelle mondiale, la proportion d'enfants qui sont en incapacité de lire et de comprendre un texte simple à l'âge de dix ans, en commençant par les plus marginalisés. »

Cependant, le défi consiste à trouver la façon de rester engagés vis-à-vis des plus marginalisés durant la mise en œuvre. Sans un engagement constant, nous ne serons pas en mesure de garantir que les efforts déployés pour améliorer l'apprentissage fondamental sont adaptés de façon à pouvoir atteindre l’intégralité des jeunes.

Quelles mesures devrions-nous entreprendre ?

Pour les ministères, les partenaires et les bailleurs de fonds qui souhaitent atteindre tous les enfants, c’est-à-dire les enfants scolarisés qui n'apprennent pas, ceux qui risquent d'abandonner l'école, ainsi que les enfants et les jeunes non scolarisés, nous recommandons :

  • de prendre explicitement en compte l'égalité des genres et l'inclusion sociale dans tout investissement ;
  • de prendre activement en compte les enfants les plus marginalisés, qui sont à la fois scolarisés et non scolarisés, en adaptant concrètement les stratégies en vigueur, telles que le recours au tutorat par les pairs pour aider à surmonter les obstacles ou à proposer des options non formelles ;
  • d’éliminer les barrières dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et des programmes, par exemple, entre l'apprentissage fondamental et l’égalité des genres, ainsi qu'entre les systèmes d'éducation formels et non formels ; et
  • d’analyser les budgets et les plans sectoriels de l'éducation pour comprendre la part qui bénéficient vraiment aux plus marginalisés.

Ces mesures permettront de s’efforcer sans relâche à améliorer l'apprentissage des enfants, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du système éducatif, ce qui garantira que l'apprentissage fondamental profite vraiment à tous.

Pour obtenir plus d’informations détaillées sur ces arguments, les mesures recommandées et les données probantes des efforts fructueux déployés pour permettre aux enfants marginalisés d'acquérir des compétences fondamentales, veuillez consulter ce document de réflexion.

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