Des promesses à l'action : un appel à réaliser le droit à l'apprentissage pour les enfants en situation de handicap

Un appel à l’action pour que les décideurs du secteur de l’éducation et les gouvernements respectent leurs engagements en faveur d’une éducation qui inclut chaque enfant et réponde à tous les besoins d’apprentissage.

01 avril 2025 par Jacqueline Jodl, Special Olympics International
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Lecture : 5 minutes
Un élève en fauteuil roulant au Centre d'éducation spécialisée de Lahore, au Pakistan, soutenu par un programme financé par le GPE.. Crédit : GPE/Sebastian Rich

Un élève en fauteuil roulant au Centre d'éducation spécialisée de Lahore, au Pakistan, soutenu par un programme financé par le GPE.

Credit: GPE/Sebastian Rich

L’éducation est la pierre angulaire de l’égalité des chances, mais pour des millions d’enfants qui présentent des handicaps intellectuels ou des troubles du développement, elle reste hors de portée.

Cette année, Special Olympics publie sa deuxième lettre annuelle intitulée Global State of Inclusion in Education letter (Situation mondiale de l’inclusion dans l’éducation). Véritable appel à l’action, cette lettre demande aux responsables de l’éducation et aux dirigeants du monde entier de respecter leurs engagements en faveur d’une éducation qui inclue chaque enfant et qui réponde à tous les besoins d’apprentissage.

Avec le Sommet mondial sur le handicap 2025 qui commence demain, le monde a l’opportunité, et la responsabilité, de faire face à une vérité dérangeante : la promesse de l’inclusion n’a pas été concrétisée.

Il est temps de passer des promesses politiques à une action audacieuse et coordonnée – une action soutenue par le financement reposant sur une technologie conçue pour tous les apprenants et la volonté politique de faire de l’inclusion une réalité.

L’inclusion dans les faits

Bien que de nombreux gouvernements aient ratifié des traités internationaux qui garantissent le droit à l’éducation pour les élèves en situation de handicap, des lacunes systémiques subsistent.

Plus de 65 millions d’enfants en situation de handicap dans le monde ne sont toujours pas scolarisés.

Même dans la salle de classe, des obstacles à la pleine participation à l’éducation persistent, comme la formation professionnelle insuffisante des enseignants ou le manque de technologies adaptatives.

Quatre grands axes mettent en lumière à la fois les obstacles à l’éducation pour les enfants handicapés et les solutions possibles :

  • Le déficit de financement : malgré les preuves démontrant que l’inclusion améliore les résultats d’apprentissage pour tous les élèves, les gouvernements continuent de sous-financer les politiques et pratiques inclusives. Des initiatives telles que Special Olympics Unified Champion Schools montrent que les pratiques inclusives peuvent agir comme catalyseurs pour engendrer un véritable changement systémique. Toutefois, la mise à l’échelle de ces efforts requiert d’importants investissements.
  • L’intelligence artificielle (IA), capable de combler les écarts ou de les aggraver : l’intelligence artificielle est en train de transformer l’éducation. Elle offre des possibilités sans précédent d’apprentissage personnalisé, représentant un outil prometteur pour les enfants en situation de handicap. Cependant, si la communauté des personnes qui présentent des handicaps intellectuels ou des troubles du développement n’est pas délibérément prise en compte dans la mise œuvre de l’IA, cette dernière risque de perpétuer les inégalités qui existent déjà entre les apprenants en situation de handicap et les autres.
    Pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, les décideurs politiques et les responsables technologiques doivent donner la priorité à l’accessibilité et à l’inclusivité. Pour les élèves en situation de handicap, l’IA peut constituer un obstacle supplémentaire à l’apprentissage si l’accessibilité n’est pas intégrée dès la conception. Si les voix et les besoins des personnes qui présentent des handicaps intellectuels ou des troubles du développement ne sont pas pris en compte dans la mise en œuvre de l’IA, cette technologie risque d’aggraver l’exclusion alors même que nous cherchons à combattre.
  • Le besoin de cadres clairs : la plupart des systèmes éducatifs n’ont pas de définition concrète de l’inclusion. Par conséquent, les enseignants et les chefs d’établissement ne sont pas outillés pour créer des environnements véritablement inclusifs pour tous les apprenants. Surtout, les élèves n’acquièrent pas les compétences dont ils ont besoin pour être des agents du changement et favoriser un environnement scolaire où leurs pairs se sentent intégrés et trouvent un sens à leur éducation. Pour remédier à cette lacune, Special Olympics et la Harvard Graduate School of Education ont mis au point un cadre open source appelé Inclusive Mindsets & Behaviors (Mentalités et comportements inclusifs).
  • La nécessité de remédier au déficit de connaissances : l’absence de recherche contextuelle sur les meilleures pratiques crée un déficit critique en matière de connaissances, ce qui empêche d’apporter un réel soutien aux élèves qui présentent des handicaps intellectuels ou des troubles du développement, renforçant les cycles d’exclusion. Sans indications solides pour guider les politiques et les pratiques, les systèmes éducatifs sont dans l’incapacité de répondre aux besoins de ces élèves. Face à une pénurie critique d’études de recherche fondées sur les données sur l’inclusion et ses avantages, le Global Center for Inclusion in Education de Special Olympics a lancé une feuille de route complète en matière de recherche, A Global Research Agenda for Building Inclusive Learning Environments - Programme de recherche mondial pour créer des environnements d’apprentissage inclusifs) (lire ici le résumé analytique). Sous la direction du collaboratif de recherche du Global Center qui réunit des chercheurs des plus grandes universités dans le monde, dont l’Université de Yale, l’Université Harvard et l’Université de New York Abu Dhabi, le programme de recherche sera publié en marge du Sommet mondial sur le handicap 2025. L’événement réunit les parties prenantes nationales, régionales et internationales qui partagent un même objectif, c’est-à-dire mener une action humanitaire et pour le développement qui inclut tous les enfants en situation de handicap.
Thèmes de recherche principaux

Susciter le changement pour lever les obstacles à une éducation véritablement inclusive

Partout dans le monde, la situation progresse, ce qui prouve que le changement est possible lorsque les gouvernements, les éducateurs, les chercheurs et les communautés unissent leurs efforts.

Pourtant, la situation globale de l’inclusion est sans appel : pour un trop grand nombre d’apprenants, la promesse d’une éducation qui réponde aux besoins de tous est loin d’être tenue.

Le coût de l’inaction est catastrophique. Et ce, pas seulement pour les enfants en situation de handicap qui sont laissés de côté, mais pour nous tous, en tant que sociétés qui nous privons ainsi de leurs talents uniques, de leurs perspectives et de leurs contributions.

L’éducation inclusive ne profite pas seulement à ces enfants en situation de handicap : elle crée des communautés plus fortes et plus empathiques, et libère le potentiel économique et social pour tous.

Cependant, les progrès que nous avons observés sont inégaux et beaucoup trop lents. Des disparités marquées dans l’éducation persistent – une crise de l’éducation aggravée par une pénurie mondiale de 44 millions d’enseignants, au détriment de la qualité de l’éducation et des résultats d’apprentissage des élèves.

Les investissements nationaux et internationaux dédiés à l’éducation diminuent également, de même que l’aide étrangère.

Pourtant, il existe des lueurs d’espoir et des modèles à travers le monde qui méritent d’être imités, et la preuve que l’inclusion sociale est possible et réalisable.

Dans la région Asie-Pacifique, le président des Maldives, Dr Mohamed Muizzu, a annoncé que son administration accorderait la priorité aux besoins des apprenants en situation de handicap. Cette décision a conduit à une action concrète de la part du ministère de l’Éducation, en partenariat avec l’UNICEF et la Banque mondiale, qui a mobilisé 9,5 millions de dollars par le biais du GPE pour garantir une approche plus équitable et inclusive de l’éducation et de l’apprentissage.

En Afrique, la Sierra Leone a instauré une politique nationale sur l'inclusion radicale dans les écoles assortie d’un plan de mise en œuvre de 5 ans (2021-2026).

Le plan cible les élèves les plus vulnérables, y compris les enfants en situation de handicap, et place l’inclusion au centre du système éducatif du pays, dans l’objectif de favoriser tous les élèves et leurs communautés au sens large.

Rejoignez le mouvement

Alors que nous approchons de l’échéance de 2030 concernant l’atteinte des objectifs de développement durable, nous ne pouvons plus nous contenter de cas isolés de réussite. Il est temps de faire de l’inclusion une réalité qui prévaut partout – pour chaque enfant, dans chaque école.

Afin de réaliser cette ambition, voici ce que doivent faire les dirigeants mondiaux :

  • Engager et mobiliser des financements en faveur d’initiatives liées à l’éducation inclusive ;
  • Exiger et mettre en œuvre une technologie d’intelligence artificielle capable de répondre aux besoins de tous les élèves ;
  • Équiper et autonomiser les éducateurs et les élèves en leur donnant la formation et les outils dont ils ont besoin pour créer des salles de classe et des écoles qui incluent tous les apprenants ;
  • Combler les lacunes des connaissances en matière de recherche, créer et aligner des systèmes de données pour suivre les progrès réalisés envers le soutien aux enfants qui présentent des handicaps intellectuels ou des troubles du développement.

L’inclusion n’est pas seulement une politique, c’est un choix. Réaliser cette vision de l’inclusion n’est pas la responsabilité d’un seul groupe – c’est une mission collective.

Défendez le changement dans vos communautés. Soutenez les initiatives qui éliminent les obstacles. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que chaque enfant, peu importe ses capacités, ait la possibilité d’apprendre, de grandir et de s’épanouir.

Les obstacles sont peut-être importants, mais la vision d’un monde véritablement inclusif est à portée de main.

Comme le rappelle Dr Timothy Shriver, président de Special Olympics : « L’infrastructure de l’exclusion ne s’est pas construite en un jour, et elle ne sera pas démantelée en un jour. Mais chaque pas en avant nous rapproche de notre objectif. »

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