À noter : les liens inclus dans cet article redirigent vers des ressources en anglais.
Au moment où j'écris ces lignes, l'UNESCO signale que 91 % des élèves à travers le monde ne sont pas scolarisés à cause du coronavirus. Alors qu’une majorité de systèmes éducatifs utilisent la télévision, la radio ou la presse écrite pour assurer la continuité de l'éducation aux élèves, d’autres se tournent vers l'apprentissage en ligne.
Ce blog - en deux parties - est destiné aux personnes contraintes d'enseigner en ligne (enseignants, partenaires de mise en œuvre et universitaires). Ce premier article se concentre sur les plateformes et les contenus d’apprentissage. Le prochain se concentrera sur l'enseignement, l'évaluation et la préparation des enseignants et des apprenants à l’apprentissage en ligne.
Les temps sont difficiles et cet article n'est pas comme ceux que j’ai l’habitude de rédiger pour le PME. Je me concentre ici sur des logiciels et applications que je considère comme étant discrets. Si vous prévoyez d'enseigner en ligne, cet article regorgent de ressources (principalement gratuites), d'outils et d'informations pratiques.
Qu'est-ce que l'éducation en ligne ?
Pour l'instant, l'éducation en ligne renvoie à toute forme d’enseignement et d’apprentissage qui se fait en ligne !
L'apprentissage en ligne n'est pas quelque chose d’homogène. Je vous propose ici trois options à envisager pour un enseignement en ligne d'urgence de qualité.
Option 1 : l’apprentissage via un système de gestion de l'apprentissage
Considéré comme un mode d’apprentissage en ligne « classique », il consiste en des cours qui se déroulent via un système de gestion de l'apprentissage (LMS, du sigle en anglais) ou un environnement d'apprentissage virtuel (Moodle, Blackboard, Canvas). Les systèmes de gestion de l'apprentissage organisent généralement (mais pas toujours) l'apprentissage par « modules » (unités), ont un calendrier partagé, des systèmes d'évaluation, des cahiers de notes, des bibliothèques de contenus, des capacités de développement de contenu, des forums de discussion, des fonctionnalités de chat (discussion en ligne), de vidéoconférence, d’annonce, un suivi et des fonctionnalités de génération de rapports et prennent en charge des applications tierces.
Leurs avantages : les LMS sont essentiellement des salles de classe virtuelles. Ils disposent d’un instructeur (en principe), d’apprenants, d’une variété de contenus et d'activités, de tests et de discussions. Les LMS offrent un apprentissage centralisé et sécurisé (car les apprenants doivent être inscrits pour suivre le cours). Toutes les interactions avec le contenu, les instructions et l'évaluation se produisent généralement sur la plateforme. Les LMS prennent généralement en charge la création et l'hébergement d'une variété de contenus, et conviennent donc aux environnements disposant d’une bande passante, qu’elle soit faible ou élevée. Les apprenants peuvent travailler de manière asynchrone (chacun à son moment) ou synchrone (tous en même temps), seuls ou en cohorte (classe), faire leurs devoirs de manière autonome ou selon un calendrier commun.
Quelques désavantages :
- leur coût : Oui, les plateformes open source sont souvent gratuites mais, elles peuvent être complexes ou limitées. Ces systèmes du type « Do It Yourself » exigent du personnel ayant des compétences en conception, en maintenance, certaines compétences techniques. Ils exigent également parfois des équipements supplémentaires (tels que des serveurs par exemple). D'après mon expérience, les meilleurs LMS sont commerciaux car, ils fournissent tout - support technique, hébergement, développement de contenu, personnalisation, systèmes de gestion intégrés et facilité d'utilisation - mais à un coût. Tous les LMS ne seront pas disponibles dans toutes les langues - une autre raison pour laquelle Moodle, le système gratuit et open source disposant de différents packs linguistiques, est si populaire.
- leur complexité : même le LMS le plus simple peut être complexe. Les apprenants doivent être enregistrés. Les instructeurs et les étudiants doivent apprendre à naviguer et à travailler dans un LMS. S'habituer à la plateforme crée souvent beaucoup de frustration de la part des utilisateurs, alors attendez-vous à une éventuelle baisse de l'apprentissage.
- les spécificités de chaque plateforme : D'après mon expérience, les LMS sont mieux adaptés à une utilisation sur ordinateurs que sur téléphones portables. Suivre un cours en ligne via un téléphone portable augmente la « charge cognitive » : les contenus sont parfois difficiles à lire sur un téléphone ; il faut parfois faire défiler des messages de longs fils de discussion, rédiger rapidement de longues réponses réfléchies à certains de ces fils ; sans oublier que certaines fonctionnalités ne fonctionnent tout simplement pas bien sur un téléphone ou sur l’application pour téléphone du LMS concerné.
Ce site propose une évaluation de divers systèmes de gestion de l'apprentissage.
Option 2 : Webinaires ou classes virtuelles
Il s'agit ici de « séminaires via le Web » ou de « réunions Web » qui supposent des interactions en face à face en temps réel entre les enseignants et les apprenants. La plupart des LMS ont soit leur propre plate-forme de vidéoconférence intégrée, soit prennent en charge des plates-formes de vidéoconférence externes. La plupart des plateformes de webinaires prennent en charge le multimédia et la vidéo, ont des paramètres de chats intégrés, des sondages, des salles de discussion et des tableaux blancs. Ils offrent généralement la possibilité d’avoir plusieurs présentateurs à la fois, le partage d'écran et l'enregistrement du webinaire pour une visualisation ultérieure.
Les grandes différences concernent le nombre de personnes pouvant participer au webinaire en même temps, les fonctionnalités, le support, le coût (si le webinaire peut être enregistré), la possibilité de créer un environnement pertinent (pour ne pas avoir à refaire la mise en page à chaque fois que vous faites un webinaire); et la possibilité pour les plates-formes d’intégrer la voix et l'audio (à défaut, vous devrez passer un contrat avec un système d'audioconférence).
Les avantages : Leur fonctionnalité visuelle permet aux enseignants et aux apprenants d’interagir en temps réel et de se voir. Les webinaires sont parfaits car, ils permettent à l’enseignant de toucher plusieurs personnes à la fois, de partager des vidéos ou des PowerPoint et de discuter en temps réel aussi. Ils peuvent être enregistrés et hébergés en ligne (YouTube ou dans un LMS), afin que les apprenants puissent les consulter ultérieurement.
Quelques inconvénients : Parce que dépendant de la vidéo, les webinaires sont gourmands en bande passante. De plus, ils peuvent être complexes à gérer sur le plan logistique plus vous ajouterez des personnes, et encore plus, si ces personnes sont localisées dans des fuseaux horaires différents. La plupart auront également besoin d'un hôte agissant en qualité de contrôleur d'accès, s'assurant que les participants sont enregistrés et peuvent participer au webinaire. Les webinaires sont parfois l’exemple-type d’un mauvais enseignement dans le sens où ils ne sont pas toujours planifiés ou organisés avec soin, l'enseignement y est souvent très passif (l'enseignant ne faisant que parler et les personnes connectées effectuant parfois plusieurs tâches à la fois ou vérifiant tout simplement tout ce qu’il dit. Il y a encore beaucoup de travail à faire sur la pédagogie des webinaires.
Pour plus d'informations sur le choix d'un webinaire ou d'une plateforme de vidéoconférence, vous pouvez lire cet article, celui-ci ou cet autre.
Quelques plateformes gratuites ou à faible coût :
- BigBlueButton est une plate-forme open source gratuite, mais également dotée d'une version payante
- Open Broadcaster Software
- WebEx a une version d'essai intéressante, bien que la plate-forme ne soit pas gratuite
- Starleaf réduit le coût de sa plateforme pendant la pandémie de COVID-19
- Zoom (gratuit les 40 premières minutes)
- Des substituts de webinaires comme Google Meet ou Skype.
Option 3 : apprendre en ligne à votre rythme
Pour diverses raisons, beaucoup devront renoncer aux options 1 ou 2 et simplement s’adapter à leurs propres contraintes, afin de pouvoir apprendre en ligne à leur propre rythme. Cette troisième option peut donc prendre plusieurs formes :
- Télécharger des ressources pédagogiques et du matériel pédagogique (par exemple des documents et des vidéos d'enseignants) sur un portail ou une chaîne YouTube, ou envoyer des ressources par courrier électronique aux élèves qui terminent ces activités, soit en les « réalisant » en ligne, soit en soumettant des produits numériques à leurs enseignants par courrier électronique.
- Travailler hors ligne et livrer le résultat en ligne : cela pourrait impliquer de demander aux apprenants de terminer leurs activités sur papier, puis de les numériser ou de photographier le travail et de l'envoyer à un enseignant. Ils peuvent également utiliser un outil de traitement de texte et l'envoyer par e-mail à leur enseignant.e ou le compléter en collaboration avec leurs camarades de classe via GoogleDocs.
- Apprendre à son rythme avec un contenu éducatif externe : s'il n'y a pas de ressources éducatives numériques, les enseignants peuvent développer des listes de lecture de contenu externe (Khan Academy, vidéos éducatives sur YouTube, contenu ouvert), des tableaux de choix (comme la chasse au trésor) ou hyper docs (variation d’une feuille de calcul) sur laquelle les élèves travaillent seuls, à leur propre rythme. Les enseignants peuvent également, s’ils le préfèrent, attribuer des sites éducatifs (PBS Learning Media) pour permettre « l’enrichissement » de leurs apprenants ou les encourager à faire du travail parascolaire. Si les écoles peuvent se le permettre, les élèves peuvent poursuivre leurs cours via des sites de formation payants (IXL, Dreambox, NewsELA) ou des services de tutorat (Paper Video). Selon l’âge des élèves, les enseignants peuvent attribuer des lectures appropriées, des rapports de livres via des bibliothèques en ligne, des livres en ligne ou des des manuels ouverts.
- Mix-and-match: il s’agit ici de l’utilisation de plateformes d'apprentissage social, d'applications VoIP et de messagerie telles que FlipGrid, Skype, Voxer, pour les enregistrements, le partage, les instructions et l'évaluation en ligne avec des outils comme GoFormative.
- Configurer une salle de classe en ligne : si votre école n'a pas Google Classroom, ce serait le moment de vous inscrire et de commencer. Google Classroom est gratuit et permet aux enseignants et aux apprenants de partager en toute transparence des documents et des devoirs. Il est également livré avec une multitude d'outils Google. Cliquez ici pour en savoir plus.
Vous pourrez également explorer une liste d'outils en ligne pour créer un «mix and match» d'options d'apprentissage en ligne en cliquant ici.
Les avantages : le plus grand avantage de l'option 3 est que vous n'avez pas à apprendre à utiliser une plateforme LMS ou de webinaire. Cette option peut être plus facile à réaliser que celles utilisant des LMS et des plates-formes de webinaires plus gourmande en bande passante. Elle est également meilleure en termes de charge de travail des enseignants et est plus flexible et moins coûteuse que les options 1 ou 2.
Les inconvénients : le plus grand inconvénient est que cela peut entraîner un enseignement aléatoire. De plus, il supprime à l'apprentissage sa nature sociale et laisse les apprenants se débrouiller presque tout seuls. L'apprentissage asynchrone à rythme libre favorise généralement de forts taux d’abandons, d’absentéisme et de non-conformité des apprentissages. L'apprentissage en solo, au rythme de l’apprenant, met beaucoup de pression sur les personnes de son entourage dont il dépend et ses parents qui devraient parfois faire office d’enseignant à domicile.
Des contenus
Quelle que soit l'option que vous choisissez, une chose est sûre en matière d'apprentissage en ligne : vous aurez besoin de contenu, essentiellement de quatre types.