Adapter l'éducation en Afrique aux réalités du 21e siècle

Transformer les systèmes éducatifs africains est essentiel pour doter les générations actuelles et futures des compétences du 21e siècle. L’Année de l’éducation 2024 de l’Union africaine constitue donc un moment historique pour placer l’éducation au premier plan de l’agenda politique.

15 février 2024 par Julie Mwabe, GPE Secretariat, et Hiba Elamin Omer, GPE Secretariat
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Lecture : 4 minutes
Un groupe d'élèves travaille ensemble à l'école Hidassie à Addis-Abeba, en Éthiopie. Crédit : GPE/Midastouch
Un groupe d'élèves travaille ensemble à l'école Hidassie à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Credit: GPE/Midastouch

L'Afrique a réalisé des progrès significatifs en matière d'éducation au cours des 60 dernières années, avec plus de filles scolarisées et d’étudiants dans l'enseignement supérieur que jamais auparavant.

Les taux d'achèvement de la scolarité ont augmenté entre 2000 et 2022 à tous les niveaux : de 52 % à 69 % dans le primaire, de 35 % à 50 % dans le premier cycle du secondaire et de 23 % à 33 % dans le deuxième cycle du secondaire.

Toutefois, ces progrès sont insuffisants pour préparer les Africains aux réalités du 21e siècle et son paysage professionnel en rapide évolution.

D'ici 2030, environ 230 millions d’emplois en Afrique exigeront des compétences numériques. Les pratiques scolaires doivent évoluer pour répondre à ces futurs besoins d'employabilité et favoriser la créativité, la pensée critique et la résolution de problèmes.

Source : ONU

L'Année de l'éducation 2024 de l'Union africaine est un moment historique pour placer l'éducation au premier plan de l'agenda politique.

En 2023, le continent africain compte la plus grande population de jeunes de la planète, et d'ici la fin du siècle il abritera 42 % de la population mondiale en âge de travailler.

Il est essentiel de transformer les systèmes éducatifs africains afin de doter les générations actuelles et futures des compétences du 21e siècle. Une note d'information préparée en collaboration avec le GPE, la Banque africaine de développement, l'Union africaine, la Fondation Bill et Melinda Gates, l'UNESCO et l'UNICEF décrit les cinq étapes à suivre pour concrétiser cette transformation :

1. Financer convenablement l'ambition de l'Afrique en matière d'éducation

L'éducation est un puissant moteur de croissance économique. Des approches innovantes peuvent augmenter le financement de l'éducation en Afrique afin de combler le déficit de financement, notamment les allègements de dette conditionnel, les conversions de prêt en don et les obligations à impact social.

La diversification du financement de l'éducation peut accroître son impact et son efficience, et les budgets doivent donner la priorité aux approches éprouvées et rentables dans l'élaboration de leurs politiques afin qu'elles soient guidées par des données probantes.

Le programme Debt2Ed du GPE est un exemple d’outil de financement innovant qui permet un allègement de dette conditionnel, transformant les remboursements de la dette sur les emprunts nationaux en investissements dans l'éducation, garantissant un financement supplémentaire important par le biais du fonds à effet multiplicateur du GPE.

Debt2Ed vise à réduire le fardeau de la dette dans les pays à faible revenu afin que davantage d'enfants soient scolarisés et puissent apprendre. Ce programme a déjà eu un impact significatif sur les systèmes éducatifs des pays et leur financement, comme en Côte d’Ivoire.

2. Mettre l'accent sur l'apprentissage et l'équité

Rendre les systèmes d'éducation inclusifs et mettre l'accent sur l'apprentissage des compétences de base peut conduire à une éducation de qualité pour chaque fille et chaque garçon et s'attaquer aux inégalités systémiques.

Les interventions visant à améliorer l’apprentissage sont efficaces lorsque l'enseignement correspond au niveau d'instruction des élèves plutôt qu'à celui de leur classe et sont plus efficaces encore lorsqu'associées à des interventions visant à améliorer l'assiduité.

Ne laisser personne de côté en matière d'éducation signifie se concentrer sur les acquis scolaires de chaque enfant afin qu'il ne soit pas marginalisé en raison d'un handicap, de son statut de réfugié, de son appartenance ethnique, de sa race, de son lieu de résidence ou de son genre.

Garantir l'égalité des genres en particulier, à la fois au sein et par le biais de l'éducation, signifie que davantage d'enfants ont accès à l'école et que les besoins d'un plus grand nombre d'enfants vulnérables sont pris en compte.

3. Investir dans les enseignants et collaborer avec eux

Les enseignants sont au cœur de toute stratégie efficace de transformation de l'éducation et peuvent avoir un impact significatif lorsqu'ils sont inclus dans des approches rentables visant à améliorer l'instruction.

Soutenus par un ensemble cohérent d'investissements, par une augmentation de la formation des enseignants et par une pédagogie structurée comprenant le perfectionnement professionnel des enseignants, le matériel didactique et d'apprentissage, l'évaluation formative et la mobilisation des éducateurs sont essentielles pour aider les enseignants à transmettre aux élèves les compétences du 21e siècle.

Il est essentiel de collaborer avec les enseignants sur les initiatives de changement en matière d'éducation, car ils apportent leur connaissance de la salle de classe et des expériences vécues par les élèves.

Le premier rapport sur les enseignants en Afrique souligne également le rôle fondamental des enseignants dans la promotion de l'égalité des genres au sein de l'éducation en mettant fin au mariage précoce en Afrique et en insistant sur l'importance de l'éducation des filles.

4. Promouvoir la redevabilité et la transparence

La mise en place de mécanismes de redevabilité peut aider à concrétiser les engagements en matière d'éducation et à suivre les progrès accomplis. Le Tracker des actions pour l’apprentissage fondamental de l'UNICEF qui suit les efforts des gouvernements peut aider à éclairer les décisions sur les programmes d'apprentissage des compétences de base des pays et la fiche de performance de l'objectif de développement durable (ODD) 4 de l'UNESCO peut être utile pour mesurer les points de référence nationaux en matière d'assiduité scolaire, de résultats académiques et d'investissement dans l'éducation.

Avoir des mécanismes de redevabilité pour l'éducation peut également créer une plateforme partagée pour les gouvernements africains et les parties prenantes afin d'échanger les bonnes pratiques et les expériences selon les différents contextes.

5. Investir dans des programmes d'études et des infrastructures appropriés pour le développement des compétences et l'employabilité des jeunes

La promotion de programmes d'études et de formations en adéquation avec les besoins du marché de l'emploi permettra aux jeunes Africains d'entrer plus facilement dans la vie active.

Les programmes de formation professionnelle ont un impact économique positif sur les résultats du marché de l’emploi des jeunes. Identifier les compétences les plus utiles aux employeurs et adapter les programmes en conséquence permet de répondre aux besoins d'employabilité des étudiants.

Les écoles peuvent amplement introduire l'enseignement des compétences entrepreneuriales dans leurs pratiques pédagogiques, s'inscrivant ainsi dans le contexte plus large de l'Afrique, qui abrite aujourd'hui certaines des économies à la croissance la plus rapide au monde.

Le nombre de start-up fondées par des Africains de moins de 35 ans est en hausse, et le Forum économique mondial a inscrit six start-up africaines influençant les industries sur sa liste des pionniers de la technologie de 2022.

Les systèmes éducatifs doivent préparer la jeunesse africaine à s'intégrer et à prospérer dans ce contexte professionnel.

Un leadership politique durable, engagé dans une réforme systémique, est essentiel à l’amélioration durable de l'apprentissage et du développement des compétences des jeunes. Les dirigeants peuvent apporter un meilleur soutien au capital humain de l'Afrique en mettant à profit le 37e sommet de l'Union africaine pour atteindre les objectifs fixés :

  • Un financement de l'éducation accru et mieux adapté ;
  • Des politiques et des dépenses fondées sur des éléments probants ;
  • Un enseignement fondamental inclusif et de qualité, et
  • Un plus grand investissement dans les enseignants et une meilleure collaboration avec eux.

Malgré des défis de taille, les outils et la technologie permettant d'adapter les systèmes éducatifs africains au 21e siècle existent. Il ne manque plus qu'une volonté politique forte pour les utiliser.

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