Lorsque la présidente du Conseil du GPE, Julia Gillard, est interrogée sur le mouvement grandissant d'autonomisation des femmes au récent Forum mondial sur l'éducation et les compétences à Dubaï, elle répond :
« Autonomiser une femme commence par éduquer une fille. Si nous n'éduquons pas toutes les filles de la planète, nous ne pourrons pas réaliser cette vision pour l'autonomisation des femmes. »
À l'échelle mondiale, les filles risquent davantage d’être privées d’école et sont confrontées à de nombreux obstacles pour accéder à l’éducation. Il s'agit notamment de la distance jusqu’à l'école, des normes et pratiques culturelles, de la violence basée sur le genre en milieu scolaire et des mariages précoces ou forcés.
Pourtant, éduquer les filles peut avoir un impact incroyable sur l'évolution de la société, sortir des familles et des communautés toute entière de la pauvreté, améliorer les résultats en matière de santé et les droits civils pour les générations futures.
Ces huit récits de filles du monde entier mettent en lumière les progrès réalisés ces dernières années et les défis que nous devons encore relever sur le chemin de l'égalité des sexes.
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Sier Leap, Cambodge
Lorsque nous avons rencontré Sier Leap en 2015, elle était en 9ème année. Elle avait des difficultés à l'école parce qu'elle ne pouvait pas voir clairement ce qui était écrit au tableau et ne pouvait donc pas comprendre ce que l'enseignant expliquait.
Elle a été l'une des quelque 13 000 élèves cambodgiens qui ont bénéficié d'un projet pilote de dépistage de la vision dans les écoles, et qui est en train d’être mis à l’échelle grâce à un financement du GPE. Depuis qu'elle a reçu des lunettes par le biais du programme, Sier Leap réussit beaucoup mieux à l'école et espère devenir avocate.
Les filles handicapées rencontrent les plus grands obstacles pour accéder à l'éducation.
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Juliana, Côte d’Ivoire
Juliana, fille dont les parents cultivent le cacao à Mamakoffikro en Côte d'Ivoire, est la première fille de sa famille à aller à l'école.
En Côte d'Ivoire, seulement 87 filles pour 100 garçons sont scolarisées. Depuis que la scolarité est devenue obligatoire en 2015 pour tous les enfants de 6 à 16 ans, les mentalités ont changé. Selon l'enseignante de Juliana : « Les parents comprennent désormais que les filles et les garçons doivent aller à l'école pour réussir dans tous les aspects de la vie. »
Juliana aimerait devenir enseignante. Elle a trois frères et sœurs plus jeunes qui vont suivre ses pas et bénéficier également d’une éducation.
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Brishna, Afghanistan
Brishna a 9 ans et vit à Helmand, l'une des régions les plus instables d'Afghanistan. Elle a toujours voulu aller à l'école, mais il n'y en avait pas dans son village, et la pauvreté ainsi que les barrières culturelles empêchaient sa famille de donner la priorité à son éducation.
Un programme financé par le GPE a recruté, formé et déployé des enseignantes qualifiées et a contribué à la création de 249 classes communautaires, dont une où va actuellement Brishna.
« Je suis heureuse parce que maintenant je peux apprendre. J'ai appris à offrir la prière et mon sentiment de bonheur a doublé lorsque j'ai écrit pour la première fois Kalima [la déclaration islamique de la foi] sur papier ».
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Bibisharifa, Tadjikistan
Bibisharifa Talbizoda a 18 ans et a récemment terminé ses études secondaires dans le district de Jaloliddini Balhi, au Tadjikistan. Elle travaille pour devenir une couturière professionnelle et ouvrir son propre atelier.
Bibisharifa s’est découvert un talent pour la couture au cours de sa scolarité, quand elle aidait sa mère à coudre des robes après avoir fini ses devoirs. Encouragée par ses professeurs, elle a participé à un concours local d'économie et a gagné.
« Mon professeur a toujours été à mes côtés et m'a soutenu lors de ces concours. Mon prochain objectif est d'aller à l'école de design. »
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Bendu, Libéria
Bendu a 14 ans et est en 2ème année à son école au Libéria. Elle n'a pas pu commencer l'école avant l'âge de 10 ans, parce que sa famille n'avait pas les moyens de payer les frais d'examen. Les écoles au Libéria sont exemptes de frais de scolarité, mais certaines font payer des frais informels pour compenser les coûts de fonctionnement.
De plus, Bendu est souvent renvoyée à la maison parce qu'elle arrive en retard à l’école. Sa tante et sa grand-mère ne la laissent pas quitter la maison tant qu'elle n'a pas fini ses tâches ménagères.
« Avant d'aller à l'école, je dois balayer la maison, faire la vaisselle, puiser l'eau et nettoyer toutes les chambres. Ma cousine habitait ici et nous faisions toutes ces choses ensemble. Mais maintenant, je suis seule à le faire. Je me réveille à 5 heures du matin et parfois je n'ai pas encore terminé au moment où je dois partir pour l'école. Et je ne suis pas autorisée à partir avant que tout le travail soit fini. Quand je dis à ma grand-mère que je dois y aller ou que je vais être en retard, elle répond juste : ‘c'est ton problème. À toi de le résoudre’. »
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Rumana, Soudan
Enfant, Rumana n'est pas allée à l'école et n'a donc appris ni à lire ni à écrire. En 2016, elle avait 26 ans et venait juste de commencer sa 7ème année.
Quand elle est devenue mère, elle a réalisé qu'elle ne pouvait pas aider ses enfants à faire leurs devoirs ou à répondre à leurs questions. C’est alors qu’elle a décidé d'apprendre et d'aller à l'école.
Rumana et Madga, sa meilleure amie, ont commencé une petite entreprise de glaces pour gagner de l'argent afin de couvrir leurs frais de scolarité. Elles continuent de vendre des glaces, s’occupent de leurs familles et vont à l'école.
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Precious et Shabiba, Ouganda
Nabanja, 13 ans, et Precious, 9 ans, vivent dans une maison d'une pièce avec leurs deux plus jeunes frères et sœurs, Macky, 3 ans, et Massy, 1 an. Leur mère n’est en général pas là, car elle travaille dans une ferme pour subvenir aux besoins de ses quatre jeunes enfants.
Chaque matin, Nabanja et Precious se lèvent à l’aube et commencent à se préparer pour l'école. Elles balaient le perron, vont chercher de l'eau et lavent les assiettes devant la maison. À tour de rôle, elles réveillent les petits, leur lavent le visage et les pieds avec l'eau qui reste dans le bidon. Ensuite, elles s'aident à mettent leur uniforme et préparer leur cartable. Les quatre enfants marchent ensemble sur un long chemin en terre battue pour déposer Macky et Massy chez une voisine. Personne ne prend de petit déjeuner.
En Ouganda, la scolarisation primaire universelle est gratuite pendant 7 ans. Elles peuvent déjeuner à l'école seulement si leur mère a payé les frais du semestre. Leur professeur, James, s'inquiète beaucoup pour Nabanja, élève intelligente et dévouée. Il lui reste encore une année de scolarisation primaire universelle et ensuite son avenir est incertain. Elle veut désespérément aller à l’école secondaire mais il est peu probable que sa mère ait les moyens de l’y envoyer.