5 raisons d’investir plus de 5 milliards de dollars : entretien avec Alli Neumann et Victoria Ibiwoye

Dans cette série d’entretiens, le GPE pose cinq questions sur le pouvoir de l'éducation aux acteurs du changement. Cette série s’inscrit dans le cadre de la campagne de financement du GPE qui vise à collecter au moins 5 milliards de dollars sur cinq ans pour transformer l'éducation de près d'un milliard d'enfants dans 90 pays et territoires.

15 mars 2021 par Secrétariat du GPE
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Lecture : 4 minutes
5 raisons d’investir plus de 5 milliards de dollars : entretien avec Alli Neumann et Victoria Ibiwoye

Alli Neumann (AN) est une artiste et militante allemande. Elle utilise sa plate-forme pour défendre l’égalité des genres et les droits des femmes. Elle a sorti son premier mini-album Hohes Fieber en octobre 2018 et son deuxième mini-album Monster en 2019. Alli est également connue pour avoir joué dans des films tels que Christmas Crossfire (2020) et Wach (2018).

Victoria Ibiwoye (VI) est la représentante des jeunes au comité directeur d’ED2030 et directrice de la OneAfricanChild Foundation for Creative Learning, une ONG dirigée par des jeunes qui lutte contre les inégalités dans le secteur de l'éducation dans son pays d'origine, le Nigéria. Elle est boursière de l’édition 2019 du programme Mandela Washington Fellowship et récipiendaire du Princess Diana Legacy Award.

Le 16 novembre 2020, Alli et Victoria ont parlé de l'importance d’assurer une éducation de qualité et inclusive à toutes les filles à travers le monde. Vous pouvez revoir le direct sur Instagram ici.

1. Le GPE travaille à faire en sorte que tous les enfants, notamment les plus marginalisés et ceux en situation de crise, puisse recevoir une éducation de qualité, inclusive et équitable. Qu'est-ce qu'une éducation de qualité pour vous ?

VI : Une éducation de qualité est une éducation qui offre à tous les enfants des chances égales, indépendamment de leur race, de leur milieu social ou de leur lieu de résidence, afin qu'ils puissent apprendre et devenir des citoyens actifs. L'éducation va au-delà de mettre les pieds dans une salle de classe. Il s'agit de créer des opportunités pour les garçons et les filles et de les préparer à devenir des personnes capables de penser et réfléchir de manière indépendante et critique ; à devenir des personnes qui trouvent des solutions à des problèmes.

AN : Une éducation de qualité nous permet de nous développer continuellement et de reconnaître que nous ne savons pas toujours tout, que l'on ne cesse jamais d’apprendre. Il ne s’agit pas d’avoir toujours raison et d’imposer son opinion, mais d’écouter les autres et de trouver ensemble des solutions. L'éducation nous ouvre les yeux sur les réalités de notre communauté et nous permet de rester ouvert d'esprit.

2. Qu'est-ce qui vous a poussé à collaborer avec le GPE ?

AN : Le GPE travaille dans des pays où nous avons la responsabilité de corriger les injustices et les inégalités sociales et économiques causées par le monde occidental. Beaucoup de ces inégalités sont le résultat d'un système d’oppression antérieur dont la plupart d'entre nous profitons aujourd’hui. Je pense que nous devons compenser cela pour comprendre les complexités du monde dans lequel nous vivons et tout ce que nous avons pris aux autres. C'est pourquoi je voudrais que les gens de partout, au-delà de mon quartier, lèvent la main et soutiennent le GPE.

VI : Malgré la réouverture des écoles [après la pandémie de COVID-19], certains enfants ne pourront pas y retourner, notamment les filles vivant dans des communautés mal desservies. C’est l’une des raisons d’être de la campagne de financement du GPE baptisée « Lève la main ». Nous avons besoin de soutien pour former des citoyens prêts à faire face à des situations aussi complexes que celle-ci. Comme l'a dit un ami, investir dans l’éducation ne peut qu’avoir des résultats positifs.

Victoria et Alli pendant leur direct sur Instagram, le 16 novembre 2020.
Victoria et Alli pendant leur direct sur Instagram, le 16 novembre 2020.

3. Alli, de quelle manière votre propre éducation a-t-elle façonné votre activisme et votre volonté de défendre les droits des autres, des filles en particulier ?

AN : J'avais un enseignant qui faisait du bénévolat pour collecter des fonds pour aider à construire des écoles dans des pays économiquement défavorisés. Il nous a encouragés à penser à des idées créatives. Cela nous a donné un sentiment de motivation et m'a montré l'importance de vivre non seulement pour moi, mais aussi pour les communautés à l'intérieur et à l'extérieur de mon quartier. Je dois penser plus globalement et me sentir connectée aux autres. J'ai grandi avec le sentiment que je pouvais devenir tout ce que je voulais et, j’aimerais que ce soit aussi le cas pour les autres enfants et jeunes à travers le monde.

4. Victoria, vous êtes la fondatrice de One African Child Foundation, une ONG dirigée par des jeunes qui s'attaque aux inégalités dans le secteur de l'éducation à travers des programmes d'éducation à la citoyenneté mondiale. D'après votre expérience, quels sont les principaux effets de la COVID-19 [sur l’éducation] dans les zones rurales ?

VI : Nous travaillons dans certaines des communautés les plus défavorisées de nombreux pays à faible revenu, où l’on l’accès à l’éducation était déjà assez difficile avant la pandémie. Les écoles manquent généralement de personnel, avec un ratio d’un enseignant pour 150 élèves en moyenne. De nombreuses écoles manquent d'appareils et d'installations numériques. Parce que de nombreuses familles perdent leur emploi, les enfants quittent l'école pour aider leurs parents à gagner de l’argent pour soutenir les charges du ménage. Cette pandémie est un appel à l'action lancé aux gouvernements et aux personnes qui ont le pouvoir, d'investir davantage dans une éducation de qualité.

5. Quels souvenirs gardez-vous de vos années à l'école ? Y a-t-il eu des moments ou des enseignants qui vous ont particulièrement marqué ?

AN : les enseignants peuvent avoir un grand impact sur vous qui peut être négatif ou positif. Quand j'avais six ans, j'ai quitté la Pologne pour l’Allemagne. Je ne parlais pas allemand à l’époque. Mon professeur d’alors m'avait dit que je ne réussirais pas en Allemagne, que ma mère ne pourrait pas m'aider avec mes devoirs car elle non plus ne parlait pas allemand et que les Polonais feraient mieux d’accepter des emplois non qualifiés.

Cela m'a poussé à avoir du mal à assumer mon identité polonaise pendant longtemps. Mais heureusement, j'ai aussi eu des expériences positives. J'ai eu un enseignant qui a vu que je voulais faire de la musique et que j'avais un talent pour ça. Il m'a encouragé à rejoindre la chorale et à chanter dans les pièces de théâtre de l'école. Il a cru en moi et je me souviendrai toujours de lui avec bienveillance.

VI : Ma mère a eu une grande influence sur ma vie. Elle me montrait des exemples de femmes qui réussissaient dans la communauté, même si nous n’en avions pas beaucoup, et disait : « Elle est capable de subvenir aux besoins de sa famille. Si tu fais des études, tu pourras rêver grand et devenir indépendante comme cette femme ». Je n'oublierai jamais non plus mon professeur de mathématiques. J'avais de très mauvais résultats à l'école et lui, s’efforçait toujours de rendre les maths plus amusantes et prenait le temps de bien m’expliquer.

Victoria et Alli levant leurs mains en soutien à la conférence de financement du GPE.
Victoria et Alli levant leurs mains en soutien à la conférence de financement du GPE.

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