1. En tant que Champion du GPE pour la Jeunesse, vous mettez sans relâche l'accent sur le pouvoir qu’a l'éducation de permettre aux gens de s'exprimer et d'être entendus. Vous avez également évoqué par le passé comment l'éducation vous a aidé à surmonter l’épreuve de votre enrôlement de force comme enfant soldat. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette expérience ?
En 1997, la guerre en Sierra Leone m’a pris ma famille et mon enfance. À cinq ans, j'ai été forcé de porter un AK-47 pendant près de cinq ans pour le compte du Front révolutionnaire uni. J’ai donc été un enfant soldat.
À la fin de la guerre, j'étais analphabète, sans abri et pauvre. À 10 ans, j'ai commencé à aller à l'école parce que c'était l'endroit le plus sûr pour moi. Là-bas au moins, j'avais un toit au-dessus de la tête et je me sentais protégé, en sécurité et apprécié. Je n'avais plus rien à perdre et je me suis accroché à l'idée de devenir quelqu'un, un prêtre, un médecin ou un avocat.
2. Parce que pour vous, le lien entre éducation et autonomisation est très fort, n’est-ce pas ?
Acquérir des connaissances et la capacité de penser de manière critique, d'analyser et d'agir sont les armes les plus puissantes dont quiconque peut disposer. Je dispose de ces armes aujourd’hui. Je jouis de ce pouvoir qui ne pourra jamais m’être pris, volé ou détruit qu’est mon éducation.
Il n'existe pas meilleur moyen d’autonomisation que l'éducation que j'ai reçue, une éducation qui m'a inculqué le devoir et la responsabilité de remettre en question, d’interroger et d'aider à reconstruire des institutions qui ont rarement existé pour des gens comme moi. Si j’ai pu enfin devenir maître de mon propre destin, c’est grâce à l'éducation que j'ai reçu.
3. En tant que défenseur de l'éducation, vous avez pris part aux débats en cours sur l'amélioration des systèmes éducatifs dans les pays du Sud. À votre avis, quelle est la valeur ajoutée du GPE dans ce domaine ?
La valeur ajoutée du GPE est qu'il mobilise des fonds et des partenariats pour mener à un changement significatif, soutenir les dirigeants des pays partenaires et fournir un soutien technique innovant pour améliorer les systèmes éducatifs et garantir que chaque enfant puisse accéder à l'éducation et continuer à apprendre, même face à l'adversité. Cette approche a permis à 160 millions d’enfants de plus d’être scolarisés et de doubler le taux de scolarisation des filles dans les pays partenaires du GPE.
Dans mon cas, c'est grâce à des relations fortuites que j'ai pu bénéficier d’une éducation, mais aucune nation ne peut se construire sur la base du hasard. Nous ne pouvons pas placer l’avenir des enfants entre les mains du destin pour qu’il se charge de décider qui ils rencontreront et dans quelles circonstances cela leur permettrait de jouir de ce droit qu’est l’accès à l’éducation.
Le GPE travaille au niveau des systèmes pour garantir que chaque enfant ait accès à l'éducation, car que les enfants puissent être scolarisés et réalisent leur potentiel ne devrait pas être le fruit du hasard.