Le 6 octobre 2016, la Coalition mondiale de protection de l'éducation contre les attaques (GCPEA) a publié son tout dernier rapport, What Schools Can Do to Protect Education from Attack and Military Use.
Ce document identifie les mesures mises en œuvre au niveau des établissements scolaires pour protéger l’éducation des attaques. Il émet également des recommandations à l’intention des ministères de l’éducation, des agences de l’ONU et des ONG internationales et locales pour un meilleur soutien des enseignants, chefs d'établissement et comités scolaires contre les attaques et l’utilisation à des fins militaires.
Depuis 2013, des attaques ciblées et aveugles ont été perpétrées contre des écoles dans des lieux tout aussi divers que la Syrie, l’Afghanistan, le Soudan du Sud et la Colombie. Dans ces pays comme dans d’autres, des enseignants et des élèves sont tués et blessés par les attaques aériennes, les mines, les attentats-suicide, les tireurs et autres, alors qu’ils tentent avec courage, de continuer à enseigner et à apprendre au milieu des conflits et de l'insécurité.
En outre, les écoles sont parfois utilisées à des fins militaires comme casernes, bases ou centres de détention.
Dans un tel environnement, il est essentiel que les écoles et le personnel scolaire aient les outils qui leur permettent de mieux protéger tant leurs élèves qu’eux-mêmes.
Des mesures pour protéger les écoles
Le rapport identifie et décrit les risques et les difficultés liés à sept mesures qui peuvent être prises pour protéger les écoles :
- protection physique non armée, notamment par des vigiles non armés, des infrastructures matérielles, telles que des murs d’enceinte et des abris d’urgence, ainsi qu'une protection pour accompagner les élèves et les enseignants dans l'établissement et sur le trajet entre leur domicile et l'école
- protection physique armée (vigiles armés)
- négociations avec les groupes armés pour empêcher les attaques et l’utilisation des écoles à des fins militaires
- systèmes d’alerte pour prévenir des attaques ou des risques d'attaque en temps réel, notamment par l’utilisation des réseaux de personnel scolaire et de parents pour alerter sur d’éventuelles attaques, par envoi de textos (SMS), par exemple
- mode alternatif d’éducation, souvent en coordination avec les membres de la communauté ou les ONG : changement d’horaires, de lieu et de mode d’enseignement
- soutien psychosocial, notamment par les systèmes d’orientation afin que les élèves et les enseignants puissent avoir accès à des services de soins psychologiques, et formation des enseignants au soutien psychosocial et à l’orientation
- plans scolaires complets de sûreté et sécurité, qui peuvent comprendre certaines, ou la totalité, des six autres mesures dans une approche stratégique et coordonnée pour évaluer les risques, mettre en œuvre les processus de planification et formuler des réponses.
Plans scolaires de sûreté et sécurité : une base pour la protection scolaire
Tout au long du rapport, la plus forte recommandation de la GCPEA est que les écoles élaborent des plans de sûreté et sécurité.
À partir des six autres types de mesures décrites, ces plans forment la base de la protection scolaire. Mis en œuvre au niveau de l’établissement scolaire, idéalement avec le soutien des ministères en charge de l’éducation, des agences de l’ONU ou des ONG internationales ou locales, ces plans doivent être adaptés à la communauté et aux risques qu'elle encourt.
La planification de la sûreté et la sécurité doit veiller à ce que les écoles aient les outils nécessaires pour mieux se prémunir et réagir face aux attaques comme à leur utilisation à des fins militaires, garantissant ainsi un environnement d'apprentissage et d'enseignement mieux sécurisé pour les élèves et le personnel.
Des exemples de par le monde
Notre nouveau rapport s'appuie sur des exemples de bonnes pratiques, afin d'illustrer ce qui peut être fait pour sécuriser les élèves dans les lieux où ils apprennent. Le rapport insiste par exemple, sur la recommandation fondamentale de l'élaboration de plans de sûreté et sécurité en décrivant le Programme de réductions des risques de crise et de catastrophe à Gaza de l'UNESCO.
Ce programme adapte des composantes de réduction des risques de catastrophe au contexte du conflit à Gaza, notamment par des évaluations des risques et des réseaux d'alerte téléphonique parents - enseignants.
Un autre exemple se concentre sur les négociations afin de créer une communauté scolaire sécurisée. Depuis 2014, le Forum de la jeunesse de Fachoda au Soudan du Sud implique les leaders communautaires, les membres de l’armée et les autorités locales dans des négociations, afin de protéger les écoles des usages à des fins militaires.
Deux exemples illustrent comment les systèmes d’alerte précoce peuvent être mise en œuvre grâce aux textos (SMS). Dans le premier exemple, en République centrafricaine en 2015, des membres de la communauté scolaire, avec le soutien de l’UNICEF, ont informé les agences de sécurité de menaces d’attaques et demandé un appui au moyen d’EduTrac.
Au Mali, des enseignants et des élèves ont résolu le problème de la mauvaise couverture du réseau de téléphonie mobile en désignant des arbres destinés aux appels téléphoniques et par lesquels envoyer des messages à partir d’endroits où la couverture réseau était meilleure. Ceci leur a permis d’informer les agences adéquates de la présence de mines aux alentours des écoles.
Recommandations finales aux acteurs scolaires et au-delà
Notre rapport conclut par des recommandations sur le soutien que des groupes spécifiques d'acteurs peuvent apporter aux écoles, en se protégeant elles-mêmes des attaques et des usages à des fins militaires.
Pour le personnel scolaire, le rapport recommande d’assumer un rôle de leadership dans le développement et la mise en œuvre de plans scolaires de sûreté et sécurité, l’organisation d’analyse des risques, la facilitation de l’implication communautaire et la recherche de ressources pour renforcer les mesures de protection.
Aux ministères de l’éducation et aux autres, il recommande de fournir le soutien financier et technique aux écoles, d’appliquer les politiques adéquates et de mener un plaidoyer en faveur de la protection des écoles. Tous les gouvernements devraient signer la Safe Schools Declaration et mettre en œuvre les Lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire durant les conflits armés.
Enfin, le rapport recommande que les agences de l’ONU et les ONG internationales et locales apportent leur soutien technique ou autre pour des mesures et une protection adaptées au conflit et basées sur des faits probants, et en fassent le plaidoyer auprès des Etats.
Les écoles sont en première ligne de la protection de l’éducation contre les attaques et l’usage à des fins militaires. Notre rapport offre un cadre pour que les acteurs concernés puissent apporter aux écoles le soutien dont elles ont terriblement besoin, afin d’assurer aux enfants du monde entier la possibilité d'apprendre dans un environnement stable et sécurisé.