Soudan du Sud : assurer un avenir meilleur aux enfants touchés par les conflits
Points clés
- Le conflit prolongé au Soudan du Sud a durement frappé le système éducatif du pays.
- Le pays affiche l'une des plus fortes proportions d'enfants non scolarisés au monde : environ trois enfants sur cinq, soit plus de 2,8 millions, ne vont pas à l'école.
- Le GPE, l'UNICEF et les partenaires de l'éducation aident le gouvernement sud-soudanais à mettre en œuvre des interventions visant à réduire de 15 % le nombre d'enfants non scolarisés.
Cet article a été rédigé en collaboration avec le bureau de l'UNICEF au Soudan du Sud.
En 2011, le Soudan du Sud est devenu le plus jeune État du monde en obtenant son indépendance du Soudan après des années de conflit. On espérait que le pays serait libéré des violences régionales qui éclataient périodiquement.
Cependant, en 2013 et 2016, le conflit a ressurgi, faisant des milliers de morts et des millions de personnes déplacées. Le pays a régressé en matière de développement et la situation humanitaire s'est détériorée.
Un accord de paix a été conclu en 2018 et la formation du gouvernement en 2020 a contribué aux efforts de redressement. Cependant, les violences qui continuent d'éclater au niveau infranational, les chocs climatiques sans précédent, notamment les inondations, et les fermetures d'écoles imposées par la pandémie de COVID-19 menacent d'annuler ces avancées et mettent à rude épreuve un système éducatif déjà en difficulté.
Des millions d’enfants ne sont pas scolarisés
Au Soudan du Sud, on estime à 4,75 millions le nombre d'enfants en âge d'être scolarisés, dont 472 452 déplacés internes. Le pays compte l'une des plus fortes proportions d'enfants non scolarisés au monde : près de trois enfants sur cinq (soit plus de 2,8 millions) n'ont jamais mis les pieds dans une salle de classe ou ont abandonné leurs études.
Comme pour aggraver la situation, les fermetures d'écoles liées à la pandémie ont contraint 2,8 millions d'élèves à rester chez eux.
Les filles sont les plus nombreuses parmi les enfants non scolarisés et leur accès à l’éducation se heurte à des obstacles importants, entre la distance à parcourir pour se rendre à l'école, les mauvaises conditions sanitaires, le manque de sécurité et la pauvreté.
Les filles ont moins de chance que les garçons d'être scolarisées, plus susceptibles d'abandonner leur scolarité et sont exposées à des risques de violence sexiste, de mariage forcé et d'exploitation.
Jeter les bases d’une éducation de qualité
Aller à l'école donne un sentiment de normalité aux enfants qui ont eu à subir violences, déplacements et pauvreté.
Le premier financement important du GPE, d'un montant de 36 millions de dollars, pour la période 2013-2018 (GPE I), a été mis en œuvre dans un contexte complexe de conflit armé.
Alors que la plupart des donateurs avaient modifié leurs priorités au profit d’un financement humanitaire, le GPE a continué de soutenir les activités de développement alignées sur le plan sectoriel de l'éducation national, offrant ainsi, dans une période d'incertitude, un certain degré de prévisibilité au ministère de l'Éducation générale et de l'Instruction (MoGEI).
Le GPE I a financé l’élaboration d'un programme scolaire national intégrant la notion de genre dans toutes les matières, du préscolaire à l'enseignement secondaire, une avancée historique pour le secteur de l'éducation dans le pays.
Le programme du GPE a également contribué à la distribution de matériel pédagogique et à la formation des enseignants. Vingt-cinq écoles primaires, pouvant accueillir 10 000 élèves au total, ont été construites et une stratégie pour l'éducation des filles a été élaborée pour améliorer l'égalité des genres.
Entre 2011 et 2018, le pourcentage d'enfants en âge d'être scolarisés n'allant pas à l'école a légèrement diminué, passant de 64 à 60 %.
Ces efforts ont contribué à améliorer la qualité de l'éducation dans le pays.
Le GPE promeut un processus inclusif
Le financement du GPE en cours, d'un montant de 41,7 millions de dollars (GPE II), vise à réduire de 15 % le nombre d'enfants non scolarisés et renforcer ainsi l'accès à une éducation de qualité.
Le GPE II a été élaboré dans le cadre d'un processus consultatif inclusif dirigé par le MoGEI, avec la participation du ministère des Finances et de la Planification économique, de donateurs, de partenaires de développement et d'organisations de la société civile.
Ce processus a permis de doter le programme d’une vision commune, fondée sur le Plan stratégique d'enseignement général 2017-2022.
Réduire le nombre d’enfants non scolarisés
Malgré la situation d’urgence sans précédent engendrée par la COVID-19, qui a retardé la mise en œuvre du programme, plusieurs interventions ont déjà été réalisées.
Le GPE a appuyé un exercice de cartographie visant à identifier les zones ayant la plus forte concentration d'enfants non scolarisés et a dressé le profil de leurs niveaux d'apprentissage et de leurs besoins éducatifs.
Cet exercice était essentiel, car il a permis de produire les données les plus récentes et les plus complètes sur les enfants non scolarisés, ventilées par sexe.
Il est prévu que ces données soient utilisées pour orienter les interventions menées pour atteindre les enfants non scolarisés les plus vulnérables.
Une fois l'exercice de cartographie terminé, le GPE, en collaboration avec l'UNICEF et le MoGEI, a soutenu le déploiement de campagnes de sensibilisation et de scolarisation ciblant les enfants non scolarisés, leurs parents et leurs communautés.
Pour accompagner cet effort, 2 000 chefs d'établissement et comités de gestion scolaire ont reçu des directives sur la manière de communiquer avec les parents, les leaders communautaires et les enfants, et d'enregistrer les inscriptions d’enfants non scolarisés.
Dans certains endroits, les conditions d'enseignement sont extrêmement précaires : les cours ont lieu sous des arbres, ou dans des bâtiments détruits par le conflit ou les intempéries. Certaines écoles ont des toits de chaume, sans murs, et sont totalement exposées aux éléments de la nature. De nombreuses écoles enregistrent des effectifs pléthoriques, avec plus de 70 élèves par salle de classe.
Depuis 2013, plus de 150 écoles ont été utilisées à des fins militaires et un tiers des écoles ont subi des attaques.
Pour relever ce défi, l'appui du GPE se concentre également sur la construction, la remise en état et l'extension de 2 000 salles de classe pour l'apprentissage préscolaire, le premier et le second cycle du primaire, les systèmes d'éducation alternatifs et les centres d'éducation communautaires.
La construction d'écoles se fait en partenariat avec les communautés locales, qui fournissent la main-d'œuvre et les matériaux locaux.
L'expansion des espaces d'apprentissage est coordonnée avec des programmes financés par d'autres bailleurs, dont l’Éducation sans délai et la Banque africaine de développement, afin de garantir la complémentarité des efforts.
Nouveaux manuels scolaires et formation des enseignants
Pour améliorer la qualité de l'éducation, le programme du GPE a financé l'impression et la distribution de 462 700 guides pour les enseignants et de plus de 4,9 millions de manuels scolaires qui ont bénéficié à plus de 2,3 millions d'élèves.
Enfants et enseignants ont ainsi pu accéder pour la première fois à du matériel pédagogique indispensable, une étape importante vers la mise en œuvre du nouveau programme scolaire national.
Plus de 31 000 enseignants seront formés à l'utilisation des nouveaux manuels, et plus de 18 100 enseignants ont déjà été formés.
Au Soudan du Sud, le système éducatif a payé un lourd tribut à la guerre, tandis que les violences et les chocs climatiques continuent d'entraver l'accès à une éducation de qualité.
Le Soudan du Sud est un partenaire du GPE depuis 2011 et le GPE continuera d'accompagner le pays dans la transformation de son système afin que tous les enfants puissent y jouir de leur droit à une éducation de qualité.