Pakistan : stimuler la réforme de l'éducation dans les régions reculées grâce aux technologies
Points clés
- Dans les provinces du Baloutchistan et du Sind au Pakistan, l'éducation a été affectée par les catastrophes naturelles, la mauvaise qualité des infrastructures et l’éloignement des écoles des domiciles de la plupart des élèves. Des difficultés parfois aggravées par des problèmes politiques, économiques et sécuritaires.
- Des innovations technologiques telles que la création de groupes WhatsApp et la mise en place de systèmes d'empreintes biométriques ont aidé à construire et réhabiliter des écoles, tout en améliorant la rétention des enseignants dans les régions éloignées.
- Depuis 2014, le soutien du GPE a permis de scolariser 53 000 enfants dans le Baloutchistan et de suivre les données sur l'éducation dans les 29 districts du Sind.
Au Pakistan, les gouvernements des provinces du Baloutchistan et du Sind travaillent à supprimer les obstacles qui entravent l'accès des enfants à l'éducation.
Bien que le Sind soit urbanisé, les inondations de 2010/2011 ont largement affecté la scolarisation des enfants dans ses zones les plus pauvres. Les pluies ont détruit 14 % de toutes les écoles publiques et le taux de participation à l'éducation restait faible.
Un taux élevé d'absentéisme des enseignants et la mauvaise qualité de l'éducation qui en a résulté ont également contribué à désintéresser les enfants de l’école. Les filles des zones rurales et les enfants issus des familles aux revenus les plus faibles sont les plus susceptibles de ne pas être scolarisés. De plus, beaucoup d'écoles sont régulièrement fermées ou ne disposent pas de personnel enseignant.
Au Baloutchistan, vaste province peu peuplée, des problèmes économiques, politiques et sécuritaires ont affecté le secteur de l'éducation. Près de la moitié des 22 000 établissements de la province ne disposent pas d’école à proximité et un million d’enfants qui y vivent ne sont pas scolarisés.
L’absence d’un environnement d'apprentissage favorable pour les élèves est un fait tout aussi préoccupant : 78 % des écoles ne disposent pas de bâtiments appropriés, d'enseignants formés et de matériel d'apprentissage adéquat.
La technologie permet d'améliorer les infrastructures scolaires
Grâce à un financement du GPE de 34 millions de dollars, le gouvernement du Baloutchistan a créé une plateforme numérique qui lui permet de documenter les mouvements du personnel et de suivre le processus de construction des écoles, de soutenir les élèves jusqu'à la fin de leurs études et de permettre aux responsables du secteur d’en suivre les progrès.
Des enquêtes à grande échelle ont permis de recueillir des données géospatiales, une approche ayant permis d’identifier, de manière innovante et efficiente, les bâtiments abandonnés qui pourraient être transformés en écoles.
Pour la sélection des sites des écoles, le Baloutchistan a établi des critères permettant d’assurer que plus de deux écoles ne soient construites dans un rayon de 1,5 km et que chaque site choisi pour abriter une école permette de faciliter la scolarisation d’au moins 20 enfants jusque-là non scolarisés. Cela a abouti à la construction d'écoles dans les zones reculées qui en ont le plus besoin.
Depuis 2015, 700 écoles ont été construites ou rénovées et plus de 100 écoles pour filles transformées en établissements d’enseignement secondaire.
Depuis 2015, 700 écoles ont été construites ou rénovées et plus de 100 écoles pour filles transformées en établissements d’enseignement secondaire. Avec le soutien du GPE, les autorités éducatives ont commencé à suivre les données de 14 000 écoles en temps réel. Ces données comprennent notamment celles sur taux d’assiduité des enseignants et les inscriptions.
Cela a permis d’allouer les fonds aux localités les plus démunies en priorité. Les applications utilisées enregistrent également des informations sur l'infrastructure physique des écoles, fournissant des données en temps opportun sur la fonctionnalité des toilettes, des points d'eau potable et de l'électricité.
Assurer le suivi des écoles grâce à la technologie
Les deux provinces utilisent des technologies pour soutenir la gestion et la transparence du système éducatif. Au Baloutchistan, des applications pour téléphones mobiles permettent de noter la présence des enseignants dans les salles de classe en enregistrant les données lorsque ces derniers se trouvent dans un certain rayon géographique autour de l'école.
Ces applications fonctionnent également hors réseau (dans les régions les plus reculées notamment), et téléchargent les informations une fois connectées à un réseau.
Grâce à un programme de 66 millions de dollars soutenu par un financement du GPE, la province du Sind a utilisé des outils numériques pour s'assurer que les enseignants étaient déployés dans les zones qui en avaient le plus besoin. Ces systèmes biométriques basés sur les empreintes digitales et photographiques, qui utilisent les coordonnées GPS, permettent aussi de savoir le nombre d'heures que ces derniers ont réellement passé à enseigner.
« Le système de suivi scolaire du Sind associe la technologie et un mécanisme de responsabilisation solide pour résoudre les problèmes de gouvernance qui perdurent dans le secteur de l'éducation. »
Plus de mesures incitatives et de validation pour les enseignants
Afin de stimuler la mise en œuvre d’un apprentissage de qualité, le GPE a soutenu le recrutement et la formation d’enseignants qualifiés, en mettant l’accent sur le recrutement d’enseignantes, afin de susciter davantage d’inscriptions de filles. Depuis 2015, 1 200 enseignants ont été recrutés au Baloutchistan, après avoir réussi l'examen du service national d’évaluation.
Un enseignement de meilleure qualité et l’ouverture de plus d’écoles ont contribué à augmenter les taux d’inscription, avec plus de 56 000 filles de plus inscrites dans les établissements publics relevant du primaire et du premier cycle du secondaire dans la province du Sind.
« J'apprends très bien et l'environnement scolaire est propice à cela. Les enseignants sont réguliers et nous dispensent bien les leçons.. »
Les enseignants reconnaissent les avantages de cette nouvelle technologie. Grâce aux groupes WhatsApp créés, ils peuvent se connecter, partager des connaissances, promouvoir l'apprentissage par les pairs et créer un esprit de camaraderie. Ils sont désormais reconnus pour leur travail et se sentent validés.
« Le système reconnaît les enseignants comme nous qui venons au travail régulièrement et identifie ceux pour qui ce n'est pas le cas. Ce n’est que justice. »
Des innovations durant la pandémie de COVID-19
Un ambitieux programme d'apprentissage à distance est en cours de déploiement dans tout le Pakistan, grâce à un financement accéléré du GPE de 20 millions de dollars.
En utilisant des plateformes telles que les médias sociaux, la radio, la télévision et les téléphones portables comme canaux d'apprentissage à distance, le programme souhaite atteindre les près de 19 millions d'élèves qui n’étaient déjà pas scolarisés avant la pandémie.
Le programme cible initialement un minimum de 11 millions d'enfants, dont au moins 50 % de filles qui, autrement, auraient pu être déscolarisées en raison de l'impact négatif de la COVID-19 sur les revenus des ménages.
« La fermeture des établissements d'enseignement en réponse à la pandémie de COVID-19 présente un risque sans précédent pour l'éducation, l'apprentissage et le bien-être des enfants à travers le Pakistan. Les fonds [du GPE] aideront… à assurer la continuité de l'apprentissage des enfants les plus vulnérables. Ils permettront par exemple aux filles vivant dans le Baloutchistan de poursuivre leur scolarité grâce à un programme d’école à domicile. Les enfants des autres provinces auront également à leur disposition des programmes de télé-éducation et des plateformes d’apprentissage numériques. »
L’accent mis par le programme sur les élèves les plus vulnérables pourrait servir de base pour formaliser l’enseignement à distance comme méthode d’enseignement alternative.
Le soutien du GPE aux technologies innovantes donne des résultats
La technologie a amélioré le paysage de l'éducation au Baloutchistan et au Sind. Au Baloutchistan, 53 000 enfants jusque-là non scolarisés, dont 72 % de filles, sont désormais inscrits dans des écoles soutenues par le GPE. Avec un taux de rétention des élèves de 89 %, ces écoles aideront les enfants à faire la transition vers des niveaux d'enseignement supérieurs.
« Une génération entière de baloutches n’a pu être instruite. Nous voulons éduquer tous nos enfants, même nos filles. Nous ne sommes pas allés à l’école et savons ce que nous avons manqué. »
Les 29 districts du Sind collectent désormais des données et, grâce à un nouveau système numérique de suivi de la présence des enseignants, plus de 26 200 écoles et 210 000 personnels de l'éducation ont été responsabilisés et sont reconnus pour leur travail. Cela a amélioré l'efficacité et l'efficience de l'enseignement et a permis à un plus d'enfants l'accéder à l'éducation dont ils ont besoin.
« Je voudrais étudier jusqu'à mon dernier souffle et voir le district de Pishin être connu dans le monde. »