Guyana : combler le déficit d'apprentissage des élèves les plus vulnérables
Points clés
- Avec des services éducatifs en deçà des normes nationales, l’éducation de la petite enfance dans les régions de l’arrière-pays et les zones fluviales du Guyana était confrontée à de graves problèmes de qualité et d’équité.
- Dans ces régions, un pourcentage élevé d'enseignants n'étaient pas formés, utilisaient du matériel didactique inadéquat et s’occupaient d’enfants dont les parents avaient un niveau d'instruction assez bas.
- Avec le soutien du GPE, le gouvernement a pu combler les lacunes en termes d’apprentissage des enfants les plus jeunes et les plus vulnérables vivant dans les régions reculées. Désormais, les élèves les plus marginalisés apprennent au même rythme que leurs égaux des autres régions.
Àl'école maternelle Precious Gems dans la région de Bartica au Guyana, les enseignants rendent l'apprentissage ludique pour leurs jeunes apprenants.
Dans la cour de récréation, un groupe d'enfants se concentre alors que leur enseignant s’apprête à leur lancer une balle. Cet exercice, simple et ludique en apparence, permet d’améliorer la motricité et la coordination œil-main chez les enfants.
Dans une salle de classe, enseignants et élèves sont assis, formant un demi-cercle et chantant. Dans la salle de classe adjacente, les élèves apprennent l'alphabet, en utilisant de la pâte à modeler pour suivre le contour de la lettre qui a été écrite à la craie sur leur table.
Les murs de l’école sont peints de couleurs vives et présentent plusieurs ressources pédagogiques, des affiches et des dessins, reflétant les valeurs de l’école et célébrant les acquis scolaires des enfants.
Le programme visait à améliorer les compétences en lecture et en calcul des enfants, de la maternelle à la 1ère année du primaire, dans les régions éloignées de l'arrière-pays et des zones fluviales.
De nombreux défis
L’arrière-pays et les régions fluviales du Guyana ont toujours été confrontés à divers défis en matière d’éducation de la petite enfance, contrairement aux zones côtières.
Ces régions reculées ont souvent souffert de l’indisponibilité du matériel didactique approprié dans leurs écoles. Selon les cas, soit il en manquait totalement, soit il n'était pas conforme au programme.
Les enseignants devaient improviser en utilisant ce qui leur était offert par les parents, les communautés et les ONG, ou fabriquer leur propre matériel. Pour apprendre aux enfants à compter par exemple, les enseignants fabriquaient eux-mêmes des abaques à partir de graines ; pour les cours de musique, ils fabriquaient des instruments de percussion impromptus à partir de morceaux de bois.
« En fait, cela demandait un certain temps de travail supplémentaire pour créer le maximum de supports d'apprentissage différents. En plus, ce matériel n'était pas solide. Il se détériorait donc assez vite et il nous fallait encore trouver du temps pour en fabriquer davantage. »
Le manque d'enseignants formés posait également un autre problème : en 2011-2012, 53 % des enseignants en éducation de la petite enfance en poste dans les localités de l'arrière-pays et des zones fluviales n'étaient pas qualifiés.
De plus, les méthodes pédagogiques de ceux qui l’étaient n’étaient pas toujours conformes aux normes. Beaucoup ignorait le rôle du jeu dans la stimulation de la pensée cognitive et le développement des habiletés sociales et motrices.
« Avant, les enseignants avaient des difficultés à dispenser des cours. La frustration pouvait se lire sur leurs visages… »
Des pratiques pédagogiques inadéquates, associées à un manque de matériel d'apprentissage approprié, le tout dans un contexte de pauvreté régionale historique, ont eu un effet négatif sur les résultats d'apprentissage.
En 2013, le ministère de l'Éducation a mené une évaluation diagnostique de plus de 700 enfants entrant en 1ère année du primaire dans les zones de l'arrière-pays.
Les résultats étaient alarmants : environ 60 % des enfants ne disposaient pas des compétences prérequises pour être apte à lire, et moins de 10 % d’entre eux comprenaient le texte. De plus, 40 % d’entre eux ont été à peine ou pas du tout capable d’identifier ne serait-ce que les chiffres de base.Surmonter les obstacles à une éducation de qualité
Pour surmonter ces défis, le programme soutenu par le GPE a contribué à promouvoir une intervention intégrée qui s’est concentrée sur trois éléments :
- le renforcement des capacités des enseignants
- l’amélioration de l'offre de matériels d'enseignement et d'apprentissage
- la formation des principaux intervenants dans l’éducation des enfants (les parents et les membres des communautés, entre autres), afin de les aider à mieux soutenir l’apprentissage de leurs enfants à la maison.
Grâce au programme de formation, les enseignants se sentent plus en confiance pendant les cours. Ils peuvent adapter efficacement les leçons pour répondre aux besoins des enfants et savoir comment créer un environnement qui stimule l’apprentissage, l’engagement et la créativité des enfants.
Ils assurent également un suivi plus étroit et régulier de leurs élèves, sur la base de lignes directrices formelles, ce qui contribue à améliorer les résultats d'apprentissage.
Les enseignants font preuve de plus d’engagement lorsque les leçons intègrent le nouveau matériel d'apprentissage, et les enfants sont également plus motivés à venir à l'école depuis lors.
« Lorsque les enfants ont vu le nouveau matériel d’apprentissage pour la première fois, ils ont crié de joie et ont passé leur temps à les explorer et jouer avec. »
Impliquer davantage les parents
Des sessions de formation à l’intention des parents ou des principaux tuteurs des enfants ont été organisées lors des réunions des associations parents-enseignants dans le cadre du programme soutenu par le GPE.
À cela se sont ajoutées d’autres activités telles que l’organisation de conférences parents-enseignants, la création des centres de ressources d'apprentissage et l’organisation de visites à domicile pour promouvoir l'engagement des parents dans l'apprentissage de leurs enfants.
Le GPE a également financé la campagne « Lire, jouer et aimer », première campagne médiatique d'alphabétisation et d’apprentissage du calcul destinée aux parents et toute personne intervenant dans la prise en charge des enfants de moins de 5 ans, organisée dans le pays. Cette campagne, qui a d’ailleurs été primée, encourage les parents à commencer à modéliser des comportements pro-éducatifs à la maison.
Récolter les fruits d’une bonne éducation de la petite enfance
Plusieurs directeurs d'école ont signalé une augmentation des inscriptions depuis les améliorations soutenues par le GPE. Ils notent également que les enfants sont mieux préparés à intégrer l'école primaire.
Les enseignants du primaire s’accordent d’ailleurs à dire que les enfants disposent désormais d’une base solide qui les aidera à réussir dans la prochaine phase de leur parcours scolaire.
- 8 700 élèves vulnérables vivant dans l'arrière-pays et les zones fluviales en ont bénéficié.
- 88 % des jeunes enfants vulnérables vivant dans des régions éloignées parviennent désormais à bien lire et effectuer des calculs de base à la fin de la maternelle. Ils affichent des niveaux de pré-alphabétisation et de pré-numératie similaires à ceux de leurs pairs des régions les moins à risque.
- 526 enseignants ont participé à un programme de formation annuel obligatoire qui portait sur la pédagogie, la sensibilisation à la phonémique, l'enseignement de la phonétique et l'utilisation des ressources pédagogiques mises à leur disposition. La formation a été dispensée par des maîtres formateurs, des enseignants particulièrement performants sélectionnés pour la formation initiale dans les différentes régions, dont le rôle était de former des enseignants en éducation de la petite enfance ainsi que de les suivre et de les encadrer.
- 750 kits de ressources sur l'éducation de la petite enfance accompagnés de manuels pour les enseignants ont été distribués aux écoles. Ces kits étaient constitués de plus de 30 ressources d'apprentissage telles que des cubes empilables, des cartes flash apprendre les maths, des sacs de construction de méga blocs et des puzzles en mousse avec lettres de l’alphabet et chiffres. Conformément à l’objectif de promouvoir des activités d'apprentissage plus expérimentales et basées sur l’exploration pour les enfants, ce matériel d’apprentissage permet aux élèves d’apprendre de manière autonome et en petits groupes par le jeu.
Assurer la pérennité des activités menées dans le cadre du programme était une des priorités du ministère de l'Éducation. Pour y parvenir, les enseignants et les maîtres formateurs continueront de recevoir une formation dans le cadre du programme de développement professionnel assuré par le ministère. En outre, la reconstitution des kits de ressources pour l’éducation de la petite enfance a été intégrée dans la budgétisation des plans financiers à venir.
« Les données que j’ai consultées sur les pourcentages en termes de réussite et de croissance observées dans les régions de l'arrière-pays racontent une très belle histoire. Une histoire de croissance et d'espoir et une leçon d'encouragement, notamment pour nos populations les plus vulnérables et défavorisées. »
Le GPE a aidé le gouvernement du Guyana à réaliser des investissements qui auront un impact sur le long terme dans le secteur de l'éducation, en garantissant aux futures générations d'enfants des chances égales d'apprentissage. Désormais, les enfants vivant dans les zones les plus défavorisées du pays peuvent prendre un bon départ et réussir leurs parcours scolaires.