L'année 2024 a été marquée par des défis de taille pour l'humanité. De la recrudescence des conflits à l’aggravation des conséquences de la crise climatique, les tensions de cette année se sont fait ressentir dans le monde entier. Mais l'un de mes privilèges en tant que directrice générale du Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) est de pouvoir observer les progrès réalisés par les pays partenaires. Entendre les récits de personnes qui travaillent sans relâche pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants me rend optimiste.
Au début de l’année, j'ai eu le privilège d’observer ces efforts lors d'une visite au Salvador à l'occasion de la Journée internationale de l'éducation. Le Salvador s'est lancé dans un ambitieux projet de refonte de son système éducatif. De 2020 à 2022, le budget du pays consacré à l'éducation est passé de 16 % à près de 21 % du budget total du gouvernement. Avec l'aide du financement au titre de l'Accélérateur de l'éducation des filles du GPE, le pays, comme beaucoup d'autres, a pris des mesures visant à garantir qu’un nombre plus important de filles bénéficient de l'éducation dont elles ont besoin.
Ces chiffres reflètent les attitudes des responsables politiques, des partenaires issus des organisations de la société civile, des enseignants et des dirigeants communautaires que j'ai rencontrés au cours de ma visite. Partout, j'ai pu constater un engagement indéfectible à œuvrer en faveur de la transformation du système éducatif au Salvador.
L'éducation est à la base de tout
Le GPE a pour mission d’offrir une éducation de qualité à tous les enfants. Cette mission est née de la ferme conviction que l'éducation est à la base de presque tous les objectifs auxquels l'humanité aspire.
Au début de cette année, nous avons collaboré avec l'Institute for Economics & Peace (IEP, Institut pour l’économie et la paix) pour analyser la corrélation qui existe entre l'éducation et la paix. Avec le nombre record de conflits qui sévissent actuellement dans le monde, les conclusions appellent une action plus urgente que jamais : dans les pays dont le niveau de pacifisme est faible, 34 % des jeunes ont décroché, contre seulement 8 % dans les nations très pacifiques. De meilleurs résultats scolaires sont également corrélés à une diminution des conflits internes et de la violence au sein de la société.
Par ailleurs, l'éducation constitue un formidable investissement dans la croissance et la prospérité. Chaque dollar alloué par les gouvernements à l'éducation fait augmenter leur produit intérieur brut de 20 dollars. En ce qui concerne les individus, chaque année de scolarité supplémentaire entraîne une hausse des revenus de 10 %. De plus, si le monde éradiquait la pauvreté des apprentissages, 10 000 milliards de dollars supplémentaires viendraient s’ajouter au PIB mondial.
Nous savons que l'éducation est également primordiale dans la lutte contre le changement climatique et comme outil pour améliorer l'égalité des genres.
Toutefois, le monde n'est pas sur la bonne voie pour atteindre l'objectif de développement durable N°4 qui aspire à garantir l’accès de tous à une éducation de qualité. Plus d'un quart de milliard d'enfants ne sont toujours pas scolarisés dans le monde. De plus, l'attention accordée à l'éducation ne cesse de diminuer. Le dernier rapport de suivi du financement de l’éducation a révélé que la part de l'aide publique au développement consacrée à l'éducation a diminué et est passée de 9,3 % en 2019 à 7,6 % en 2022.
L'année 2024 du GPE en chiffres
Pour le GPE et ses partenaires, l’année 2024 a été synonyme de progrès remarquables et d’impacts exceptionnels.
Cette année, le GPE a approuvé des financements qui ont dépassé le milliard de dollars et a décaissé un montant similaire. Le montant des financements approuvés a presque triplé et le montant des décaissements a doublé par rapport à l’année dernière.
Ces résultats ont été rendus possibles grâce à un meilleur alignement sur les systèmes des pays partenaires, une augmentation du nombre d'agents partenaires accrédités et une simplification continue de notre approche pour soutenir les pays partenaires.
Depuis 2022, les financements du GPE ont soutenu 253 millions d'enfants, soit près de 40 % de la population en âge d'être scolarisée dans 76 pays. En particulier, 70 % de ces enfants vivent dans des pays partenaires touchés par la fragilité et les conflits, ce qui démontre l'engagement du GPE à l’égard des enfants les plus vulnérables.
Le GPE a dépassé les attentes en mobilisant des financements innovants supplémentaires. Le fonds à effet multiplicateur du GPE a permis de mobiliser près de 4 milliards de dollars au profit de l'éducation depuis 2022, soit plus du double de l'objectif qui avait été fixé pour 2024. Ce financement provient d'un éventail de cofinanciers de plus en plus nombreux et divers, ce qui démontre la conviction de plus en plus partagée que l’éducation joue un rôle essentiel dans le développement.
Alors que l’intérêt général porté à l'éducation s’émousse, le GPE continue de plaider sans relâche pour que l’éducation reste au premier rang des priorités internationales. Cette année, nous avons été heureux de constater que l'importance de l'éducation a été reconnue à la fois dans la déclaration finale du sommet du G20 à Rio de Janeiro et dans le communiqué de la réunion du G7 à Caserte, en Italie, ainsi que par l'Union africaine qui a choisi l'éducation comme thème de l'année.
Enfin, nous sommes fiers que la famille du GPE se soit agrandie. Cette année, nous avons accueilli la Jordanie et le Liban comme nouveaux pays partenaires, renforçant ainsi notre réseau mondial et notre engagement à garantir que chaque enfant bénéficie d’une éducation de qualité.
Soutenir l'éducation des enfants même en période de crise
L'année 2024 a malheureusement été marquée par des conflits de grande envergure dans le monde entier. Les conséquences de ces conflits sur les enfants et les systèmes éducatifs sont profondes et considérables. Au GPE, nous œuvrons sans relâche pour faire en sorte que l'éducation puisse apporter de la stabilité, des perspectives et de l’espoir aux enfants qui vivent au milieu du chaos de ces crises.
Au Soudan, la guerre civile qui sévit actuellement a provoqué une catastrophe humanitaire. À cause du conflit, 18 millions d'enfants ont été déscolarisés, privant une génération entière de la chance d'apprendre, de s’épanouir et de bâtir un avenir meilleur. Nos efforts visent à octroyer des financements d'urgence pour l’éducation et à collaborer avec des partenaires locaux et internationaux afin de redonner aux enfants un sentiment de normalité et d'espoir au milieu du chaos.
À Gaza, le conflit a ravagé les infrastructures scolaires. En effet, plus de 90 % des écoles ont été détruites ou ne peuvent plus être utilisées. Des milliers d'enfants risquent de perdre des années de scolarité au fur et à mesure que les combats se poursuivent. Avec l'aide de généreux bailleurs de fonds, nous avons mobilisé 20 millions de dollars pour pouvoir aider rapidement les enfants à retourner à l'école dès que les conditions le permettront et pour commencer à reconstruire le système éducatif de Gaza.
Le Soudan et Gaza ne sont qu'un aperçu des nombreux pays qui ont été ravagés par la guerre. Le Myanmar, l'Ukraine et le Yémen sont confrontés à des crises similaires qui privent des millions d'enfants d’accès à l'éducation. Au GPE, nous poursuivrons notre travail pour que l'éducation reste une planche de salut, même dans les conditions les plus difficiles.
Je profite de cette occasion pour remercier sincèrement tous nos partenaires qui contribuent à la mission du GPE. Les partenariats solides que nous avons établis avec des centaines de personnes et d'organisations dans le monde entier constituent la véritable clé de voûte de notre organisation. Les progrès que nous avons accomplis cette année confirment ce que chaque élève apprend en classe, à savoir que les grandes réussites sont le fruit d’une collaboration.