“Lire les statistiques, c'est une chose, mais je voulais me rendre compte par moi-même de tout ce qu’on peut faire et par où commencer.”
C’est dans cet état d’esprit que l’Ambassadrice mondiale du GPE Rihanna a accompagné Julia Gillard, Présidente du GPE et Hugh Evans, PDG de Global Citizen au Malawi début 2017 afin de rencontrer les personnes qui se cachent derrière les chiffres.
Ce voyage est le fruit du partenariat, annoncé en septembre 2016, entre le GPE, la Fondation Clara Lionel, de Rihanna et Global Citizen. Ce voyage fut l’occasion de passer un peu de temps avec le Président Mutharika et le Ministre de l’Éducation, les partenaires de développement, les éducateurs, les mentors et les élèves qui s’efforcent ensemble de bâtir un meilleur avenir pour la prochaine génération de Malawites.
Quelle fut donc l’expérience de Rihanna ? Le Malawi, un des pays les plus pauvres au monde, qui a intégré le GPE en 2009, s'est engagé à considérer l'éducation comme une clé de la réalisation de ses objectifs en matière de développement.
De fait, le Malawi a adopté dès 1994 une loi en faveur de l’enseignement gratuit pour tous, bien avant l’appel des Objectifs du Millénaire pour le Développement à la scolarisation primaire pour tous en 2000. Mais un afflux massif sans précédent d’enfants dans les écoles a cependant créé des difficultés auxquelles le pays se trouve confronté aujourd'hui encore : des classes surpeuplées, le décrochage et le manque de ressources.
Les filles sont particulièrement défavorisées dans le pays et sont confrontées à des obstacles tels que de longues distances entre le domicile et l’école, le manque d’installations sanitaires adaptées et un taux élevé de mariage précoce.
En réalité, au Malawi, seules 29 % de filles scolarisées en primaire achèvent ce cycle, et la vaste majorité d’entre elles décrochent entre la 6e et la 8e année.
Guidée par le Ministre de l’Éducation, des Sciences et de la Technologie, le Dr Emmanuel Fabiano (lui-même ancien enseignant), Rihanna a pu se rendre compte de ces difficultés au cours de sa visite.
Rihanna en visite dans deux écoles primaires
Les écoles primaires de Muzu et Mpingu, dans le district rural ouest de Lilongwe accueillent respectivement plus de 3 500 et 2 000 élèves de la 1ère à la 8ème année. La pénurie d’enseignants entraîne des salles de classe surpeuplées. Les salles de classe sont également en nombre insuffisant, et la plupart des élèves des 3ème et 5ème année suivent la classe à l’extérieur, sous un arbree.
Pourquoi les 3ème et 5ème année ? Parce que les éducateurs préfèrent que les enfants plus jeunes de 1ère et 2ème année soient encouragés et apprécient de venir à l’école, ils leur font la classe à l’intérieur ; les élèves plus âgés, quant à eux, doivent pouvoir se concentrer et se préparer pour leurs examens de fin de scolarité et l’école secondaire, et ils bénéficient donc également d’un enseignement à l’intérieur.
À Muzu, Rihanna s’est assise aux côtés de Wungani, élève de 8ème année, qui lui a raconté son rêve de devenir homme d’affaires, lui qui ne s’inquiète pas de venir à l’école le ventre tenaillé par la faim, puisqu'il sait que lorsqu'il aura réussi, il n'aura plus jamais faim. Il lui a même écrit une chanson !
Les enseignants comme Mme Makuwira et son assistant à Mpingu doivent faire la classe chaque jour à plus de 120 élèves de 1ère année. Les élèves sont assis par terre par manque de place et apportent des bouchons de bouteille pour faire les exercices de calcul en cours de mathématiques.
À Mpingu, Rihanna a suivi la classe de Mme Makuwira, fait des mathématiques avec les enfants et chanté « Pamchenga » la chanson populaire en chichewa avec laquelle tous les Malawiens apprennent l'alphabet. Sommairement traduite, la chanson chantée par les enfants dit : « J’aime écrire des lettres dans le sable… A, E, I, O, U. ».
Il est difficile pour les enseignants de suivre tant d’enfants, de connaître leur nom et de prêter attention à ceux qui éprouvent des difficultés. Les enseignants font de leur mieux, mais comme l’indique un parent de Muzu : « un enseignant ne peut pas facilement maîtriser une classe de 100 élèves, et il est difficile de bien surveiller les enfants dans cette classe. Au final, ils décrochent. »
Au cours de sa visite, Rihanna a également rencontré Tamara et Elizabeth, deux filles qui avaient abandonné l’école pour aider à subvenir aux besoins de leur famille, mais ont pu reprendre leur scolarité. Même lorsqu’elle n’allait pas en classe, Elizabeth a continué d'aller dans son école secondaire pour enseigner aux filles quelques notions de santé sexuelle et reproductive. Elle voulait aider ses camarades à poursuivre leur éducation, même si elle-même ne pouvait pas continuer.
« Le soutien du GPE est vital pour le Malawi »
Muzu et Mpingu sont situées dans un des huit districts les plus défavorisés du pays. Ce sont ces districts que le GPE soutient grâce à un financement de 44,9 millions de dollars qui permet d’aider l'État à traiter certaines des difficultés clés auxquelles est confronté le système éducatif.
Un financement précédent de 90 millions de dollars avait contribué au renforcement du système éducatif, à la construction de plus de 2 900 salles de classe, la formation de plus de 23 000 enseignants, l’achat et la distribution de 26 millions de manuels scolaires et à la fourniture d’une aide financière à plus de 80 000 élèves, dont 94 % encore scolarisés.
Ambassadeur du GPE, le Président Mutharika s’exprime ainsi :
« Éduquer la prochaine génération est le meilleur investissement que nous puissions faire pour notre prospérité future. Le soutien du Partenariat mondial pour l’éducation est vital pour le Malawi. L’attention portée par le GPE au renforcement du système éducatif contribue à améliorer l’efficacité des investissements de mon gouvernement dans l’éducation. »
Champion de l’éducation dans le monde
Le Malawi montre son engagement envers l’éducation non seulement en ayant été un pionnier de l’éducation pour tous, mais également en ne cessant d’augmenter son financement intérieur du secteur. Toutefois, malgré les meilleures intentions de son gouvernement, le pays est un exemple de la raison pour laquelle une augmentation substantielle du financement extérieur est nécessaire pour répondre à la crise de l'éducation, au Malawi comme dans de nombreux autres pays connaissant une situation similaire.
Si le monde répond à notre appel pour un investissement de 3,1 milliards de dollars dans le GPE entre 2018 et 2020, nous pourrions soutenir 89 pays dans leurs efforts d’amélioration de la qualité et de l’accès à l’éducation au bénéfice de 870 millions d’enfants. Le GPE est ravi de pouvoir compter sur le soutien de Rihanna et de Global Citizen pour atteindre cet objectif.