Près de 5 millions d’enfants des zones touchées par la sécheresse dans la région d’Afrique orientale risquent de décrocher de l’école, alerte Save the Children. Les épisodes de sécheresse récurrents en Éthiopie, au Kenya et au Soudan du Sud perturbent l’apprentissage des enfants, car les familles luttent quotidiennement pour survivre et sont forcées de se déplacer de plus en plus loin à la recherche de nourriture, d’eau et de pâturages pour leur bétail.
Près de 21 millions de personnes dans la région sont dans une situation d'urgence : leur bétail est mort, les réserves de nourriture sont épuisées et la terre est aride ou inaccessible à cause des conflits. Face à la menace d’une faim chronique, au bord de la famine, les parents n'ont pas d'autre choix que de sacrifier l’éducation de leurs enfants.
L’Afrique orientale confrontée à une crise de l’éducation
Les déplacements de population, le faible taux de scolarisation et l’absentéisme provoquent la fermeture des écoles dans les zones touchées par la sécheresse. Pour de nombreux enfants, il s’agit de la deuxième année consécutive sans école. Une grande partie des enfants en décrochage scolaire risque de ne jamais retourner à l’école. L’abandon quotidien de l’école par 12 000 enfants avant d’avoir achevé l’acquisition de compétences a des conséquences alarmantes.
Lorsque les enfants sont déscolarisés, le risque qu’ils soient mariés, fassent l'objet de trafic et de prostitution ou de migration forcée augmente. Dès l’âge de huit ans, les enfants risquent également d'être recrutés par les groupes armés présents dans la région.
Avec de plus en plus d’enfants déplacés et un financement humanitaire des écoles insuffisant, l’Afrique orientale est confrontée à une crise de l’éducation majeure.
Le risque de perdre toute une génération d’enfants non scolarisés est extrêmement élevé.
Des chiffres alarmants
- En Somalie, la sécheresse entraîne la fermeture des écoles et la migration des enfants vers des camps de Déplacés internes (PDI) qui n'ont pas les capacités de fournir la poursuite de leur scolarité.
- Au Kenya, 3 enfants sur 10 en moyenne sont inscrits à l’école dans les régions de Wajir et Mandera touchées par la sécheresse. La situation est plus grave pour les filles : seules 2 sur 10 sont inscrites, et moins encore achèvent leur scolarité.
- Au Soudan du sud, les cas de malnutrition explosent, particulièrement chez les jeunes enfants. On prévoit que plus de 1,1 million d’enfant de moins de 5 ans souffriront de malnutrition en 2018. Le nombre des enfants non scolarisés est plus élevé que jamais.
- En Ethiopie, 623 écoles ont fermé depuis le début 2017 à cause de la sécheresse, excluant de l’école plus de 388 000 enfants.
L’éducation peut sauver la vie des enfants en situation d’urgence
Pour les enfants déplacés ou touchés par la sécheresse, l’accès à un environnement d'apprentissage sécurisé est essentiel pour les aider à faire face et à surmonter l’impact de la catastrophe. L’école peut servir de point d’entrée unique à des services vitaux tels que l’accès à l’eau potable, la nourriture, les vaccins, et sauvegarder ainsi l’avenir des enfants et des communautés.
Le GPE œuvre d’arrache-pied aux côtés des gouvernements de l’Éthiopie, du Kenya, de la Somalie et du Soudan du Sud ainsi que de leurs partenaires sur le terrain pour réallouer certains des financements du GPE à des interventions rapides pour répondre aux besoins de millions d’enfants en matière d’éducation.
Le mécanisme de financement accéléré du GPE fournit rapidement une assistance aux pays partenaires touchés par une crise. Le mécanisme sert à promouvoir le lien entre une intervention d’urgence à court terme et les besoins en développement à long terme, et veille à ce que les enfants aient accès à l'éducation au moment où ils en ont le plus besoin.
En pratique, le financement accéléré permet dans les huit semaines un décaissement de 20 % maximum d’un financement du GPE. L’utilisation des fonds est basée sur l’évaluation des besoins du cluster éducation et validée par le groupe local des partenaires de l’éducation et le cluster éducation. Les activités entreprises peuvent comprendre l’offre de refuges provisoires, de repas et de fournitures scolaires, ainsi que la construction de salles de classe, la rémunération d'enseignants ou des bourses scolaires.
Un financement accéléré pour le Somaliland
Dans un effort pour maintenir un accès à l'éducation pour les enfants, le GPE a fourni 1,9 millions de dollars au Somaliland sous forme de financement accéléré pour 2017–2018. Les fonds soutiennent des opportunités d’accès continu à l‘éducation dans les communautés du Somaliland touchées par la sécheresse grâce à des incitations pour les enseignants, du matériel pédagogique d’enseignement et d’apprentissage, des lieux provisoires dédiés à l’apprentissage, des programmes d’alimentation scolaire et l’approvisionnement en eau par camions.
Depuis son lancement, le projet a touché plus de 12 000 enfants scolarisés dans 50 écoles officielles bénéficiant d’un soutien et plus de 600 enfants dans 5 lieux provisoires dédiés à l’apprentissage. Ces actions ont permis la rescolarisation de plus de 4 000 enfants qui avaient décroché, et dont la plupart a pu bénéficier de cours de rattrapage.
Le Secrétariat du GPE continuera à travailler en étroite collaboration avec tous les partenaires de l’éducation des pays touchés afin d’apporter le plus rapidement possible le soutien demandé par les États.