5 problèmes à résoudre pour améliorer les acquis scolaires
Cinq problèmes entravent le rythme d’amélioration des acquis scolaires dans le monde :
1. Des connaissances limitées sur ce qui fonctionne
Des données empiriques au niveau mondial font état des caractéristiques des systèmes éducatifs qui fonctionnent bien. Pourtant, une récente étude de l’impact des interventions en matière d’éducation sur l’apprentissage et la fréquentation scolaire dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire fait remarquer qu’il y avait peu de données empiriques sur ce qui fait qu’une intervention fonctionne ou non ou sur les coûts de sa mise en œuvre.
Par ailleurs, on a récemment observé, lorsque des données pertinentes sont disponibles, que la diffusion était souvent faible, en particulier entre les acteurs clés de l’éducation des pays en développement. Pour améliorer les politiques et pratiques et réduire l’écart entre les enfants riches et les enfants pauvres, nous avons besoin d’une meilleure approche en termes de collecte et diffusion des données fiables relatives aux interventions efficaces en matière d’éducation.
2. Les difficultés de la généralisation des innovations éducatives
Elargir l’utilisation d’innovations ayant un impact éprouvé par des essais pilotes est essentiel pour accélérer l’évolution positive. Pourtant, il est difficile de généraliser en termes de financement et de délai, et malgré la prolifération des innovations dans le domaine de l’éducation, il existe peu de données sur la méthode de généralisation des initiatives qui parviennent à améliorer les acquis scolaires.
Ces dernières années, des projets tels que Journeys to Scale et Millions Learning ont fourni des perspectives substantielles sur les pratiques de généralisation réussies. Toutefois, il faut davantage de connaissances et d’expérience pour comprendre pourquoi, par exemple, la tentative des Cambodgiens de mettre à l’échelle les centres de développement de la petite enfance et les écoles préscolaires avait une incidence variée et limitée sur le développement de l’enfant, tandis que le recours aux manuels scolaires au Burundi s’est révélé fructueux, comme l’indique le Rapport 2018 sur le développement dans le monde.
3. La nécessité de réponses pertinentes au niveau national
Les systèmes éducatifs efficaces sont ceux qui fonctionnent avec les dynamiques politiques, économiques et culturelles nationales en y répondant au mieux. Pourtant, s’il est reconnu partout que le contexte constitue un élément primordial, la contextualisation demeure compliquée dans les pays en développement, car la plupart des processus de peaufinage et d’innovation des systèmes sont initiés, conçus et soutenus au niveau international, bien loin des réalités nationales.
Par exemple, si la crise de l’apprentissage est plus sérieuse dans les pays d’Afrique subsaharienne, parce que ces pays représentent des contextes extrêmement hétérogènes, les tentatives d’accélération du changement ne peuvent réussir que si elles sont conçues selon les dynamiques particulières des pays et intègrent le développement de la capacité pour adapter les solutions existantes.
4. L’utilisation limitée des éléments probants dans l’élaboration des politiques et la planification
La qualité de l’éducation ne s’améliorera pas sans mise en œuvre efficace de politiques robustes. S’il existe une demande croissante pour l’utilisation de données probantes dans le dialogue politique et la planification dans de nombreux pays en développement, l’accès des États à des données pertinentes est souvent limité, et ceux-ci sont également confrontés à des capacités restreintes pour exploiter les données disponibles et façonner des politiques et pratiques adaptées.
Pour accélérer le rythme de l’amélioration de la qualité de l’éducation, nous devons premièrement nous assurer que les gouvernements ont accès à de la recherche fondée sur des éléments probants, et deuxièmement, qu’ils ont la capacité d’appliquer les éléments probants et les innovations dans leur secteur de l’éducation.
5. Des investissements limités dans le partage des connaissances
Les problèmes évoqués ci-dessus sont intensifiés par de très faibles investissements dans les initiatives de partage des connaissances susceptibles d’aider le déploiement d’innovations efficaces, la coordination des efforts au-delà des frontières et l’autonomisation des systèmes éducatifs locaux. Actuellement, seulement 3 % de l’aide publique au développement dans l’éducation est allouée à la production de biens publics mondiaux, alors que ce chiffre est de 21 % dans le secteur de la santé.
Si nous souhaitons combler cet écart de 100 ans, il nous faut augmenter les investissements dans les biens publics mondiaux, afin de faciliter le partage des connaissances entre les pays et diffuser les pratiques efficaces adaptées aux contextes nationaux ou locaux.