Une réponse ciblée à la crise de l’apprentissage : l’échange de connaissances et d’innovations du PME
Cinq problèmes entravent le rythme d'amélioration des résultats de l'éducation à travers le monde. Découvrez comment le KIX vise à relever ces défis et à renforcer les systèmes éducatifs dans 68 pays partenaires.
09 juillet 2019 par Alice Albright, GPE Secretariat, et Jean Lebel, Centre de recherche pour le développement international
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Lecture : 6 minutes
Une enseignante dans sa salle de classe pendant une leçon dans une école en Mauritanie. Crédit: PME/Kelley Lynch
Une enseignante dans sa salle de classe pendant une leçon dans une école en Mauritanie.

Ce blog a également été publié sur le site web du CRDI

D’importants progrès sont nécessaires pour améliorer la qualité de l’éducation dans les pays en développement. L’Institut de la statistique de l’UNESCO estime que 617 millions d’enfants dans le monde n’acquièrent pas les niveaux de compétences minimums en lecture, écriture et mathématiques ; la quasi-totalité de ces enfants vivent dans des pays à faible revenu.

Au rythme d’évolution actuel, nous n’atteindrons pas l’Objectif de développement durable 4 (assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie) d’ici 2030, ce qui laissera pour compte de nombreux enfants. Le statu quo signifiera que les enfants issus de pays pauvres accuseront un « retard de 100 ans » sur le niveau d’étude des enfants issus de pays riches aujourd’hui. Si nous souhaitons sérieusement atteindre l’ODD 4 et accélérer le rythme des avancées, il nous faut trouver de nouvelles solutions à la crise de l’apprentissage.

5 problèmes à résoudre pour améliorer les acquis scolaires

Cinq problèmes entravent le rythme d’amélioration des acquis scolaires dans le monde :

1. Des connaissances limitées sur ce qui fonctionne

Des données empiriques au niveau mondial font état des caractéristiques des systèmes éducatifs qui fonctionnent bien. Pourtant, une récente étude de l’impact des interventions en matière d’éducation sur l’apprentissage et la fréquentation scolaire dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire fait remarquer qu’il y avait peu de données empiriques sur ce qui fait qu’une intervention fonctionne ou non ou sur les coûts de sa mise en œuvre.

Par ailleurs, on a récemment observé, lorsque des données pertinentes sont disponibles, que la diffusion était souvent faible, en particulier entre les acteurs clés de l’éducation des pays en développement. Pour améliorer les politiques et pratiques et réduire l’écart entre les enfants riches et les enfants pauvres, nous avons besoin d’une meilleure approche en termes de collecte et diffusion des données fiables relatives aux interventions efficaces en matière d’éducation.

2. Les difficultés de la généralisation des innovations éducatives

Elargir l’utilisation d’innovations ayant un impact éprouvé par des essais pilotes est essentiel pour accélérer l’évolution positive. Pourtant, il est difficile de généraliser en termes de financement et de délai, et malgré la prolifération des innovations dans le domaine de l’éducation, il existe peu de données sur la méthode de généralisation des initiatives qui parviennent à améliorer les acquis scolaires.

Ces dernières années, des projets tels que Journeys to Scale et Millions Learning ont fourni des perspectives substantielles sur les pratiques de généralisation réussies. Toutefois, il faut davantage de connaissances et d’expérience pour comprendre pourquoi, par exemple, la tentative des Cambodgiens de mettre à l’échelle les centres de développement de la petite enfance et les écoles préscolaires avait une incidence variée et limitée sur le développement de l’enfant, tandis que le recours aux manuels scolaires au Burundi s’est révélé fructueux, comme l’indique le Rapport 2018 sur le développement dans le monde.

3. La nécessité de réponses pertinentes au niveau national

Les systèmes éducatifs efficaces sont ceux qui fonctionnent avec les dynamiques politiques, économiques et culturelles nationales en y répondant au mieux. Pourtant, s’il est reconnu partout que le contexte constitue un élément primordial, la contextualisation demeure compliquée dans les pays en développement, car la plupart des processus de peaufinage et d’innovation des systèmes sont initiés, conçus et soutenus au niveau international, bien loin des réalités nationales.

Par exemple, si la crise de l’apprentissage est plus sérieuse dans les pays d’Afrique subsaharienne, parce que ces pays représentent des contextes extrêmement hétérogènes, les tentatives d’accélération du changement ne peuvent réussir que si elles sont conçues selon les dynamiques particulières des pays et intègrent le développement de la capacité pour adapter les solutions existantes.

4. L’utilisation limitée des éléments probants dans l’élaboration des politiques et la planification

La qualité de l’éducation ne s’améliorera pas sans mise en œuvre efficace de politiques robustes. S’il existe une demande croissante pour l’utilisation de données probantes dans le dialogue politique et la planification dans de nombreux pays en développement, l’accès des États à des données pertinentes est souvent limité, et ceux-ci sont également confrontés à des capacités restreintes pour exploiter les données disponibles et façonner des politiques et pratiques adaptées.

Pour accélérer le rythme de l’amélioration de la qualité de l’éducation, nous devons premièrement nous assurer que les gouvernements ont accès à de la recherche fondée sur des éléments probants, et deuxièmement, qu’ils ont la capacité d’appliquer les éléments probants et les innovations dans leur secteur de l’éducation.

5. Des investissements limités dans le partage des connaissances

Les problèmes évoqués ci-dessus sont intensifiés par de très faibles investissements dans les initiatives de partage des connaissances susceptibles d’aider le déploiement d’innovations efficaces, la coordination des efforts au-delà des frontières et l’autonomisation des systèmes éducatifs locaux. Actuellement, seulement 3 % de l’aide publique au développement dans l’éducation est allouée à la production de biens publics mondiaux, alors que ce chiffre est de 21 % dans le secteur de la santé.

Si nous souhaitons combler cet écart de 100 ans, il nous faut augmenter les investissements dans les biens publics mondiaux, afin de faciliter le partage des connaissances entre les pays et diffuser les pratiques efficaces adaptées aux contextes nationaux ou locaux.

Le mécanisme de Partage de connaissances et d’innovations du PME

Le mécanisme de Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du PME est une entreprise conjointe du PME et du CRDI qui vise à relever ces défis et renforcer les systèmes d'éducation dans 68 pays partenaires. Le PME apporte son réseau de partenaires engagés et expérimentés en matière de soutien de la planification sectorielle améliorée, de la mise en œuvre et du renforcement des systèmes ; le CRDI apporte quant à lui sa riche expérience en matière de soutien et de diffusion de la recherche et l’innovation dans le but de bâtir des sociétés plus saines, équitables et prospères dans le monde en développement.

Mis en œuvre par le CRDI et doté d'un budget de près de 63 millions de dollars sur cinq ans, le KIX trouvera, financera et contribuera au déploiement de solutions aux principaux problèmes identifiés dans l’éducation par les pays partenaires ; il veillera à ce que ces solutions alimentent les processus d’élaboration et de planification des politiques sectorielles de l’éducation.

Le KIX sera façonné selon la demande des gouvernements nationaux et motivé par ce que les pays considèrent comme leurs principaux défis politiques.

Le KIX financera également de nouvelles recherches pour combler les écarts en termes de données empiriques et de connaissances, produire des solutions innovantes aux problèmes identifiés par les pays partenaires et renforcer les capacités des gouvernements à innover, générer et exploiter des faits probants et des données. Ce faisant, le KIX élargira l’« écosystème d’apprentissage » d'organisations de l’hémisphère Sud, afin qu’elles apprennent, innovent, réunissent et utilisent des données empiriques. Cela permettra également d’approfondir notre compréhension collective de ce que peut être le déploiement réussi d’innovations visant à rendre les systèmes éducatifs plus efficaces.

Le KIX s’appuiera sur quatre carrefours régionaux où les partenaires se réuniront afin de partager l’information, les innovations et les pratiques pertinentes, et le KIX octroiera des financements au niveaux mondial et régional pour investir dans la génération de connaissances et d’innovations, et mettre à l’échelle des approches éprouvées.

Le KIX se concentrera sur six thèmes proposés comme champs prioritaires par les gouvernements des pays en développement et les organisations partenaires. Première étape de l’identification des lacunes en termes de données et de connaissances, des documents de réflexion ont été développés par des spécialistes thématiques, en consultation avec des experts internationaux et des pays en développement : Luis Crouch pour les systèmes de données, Kate Anderson pour les systèmes d’évaluation des acquis scolaires, Kwame Akyeampong pour l’enseignement et l’apprentissage, Elaine Unterhalter pour l’égalité des sexes, Pauline Rose pour l’équité et l’inclusion, Francis Aboud et Kerrie Proulx pour l’éducation et la protection de la petite enfance.

Le KIX est opérationnel

Le lancement du KIX est prévu dans les prochains mois. Les premières étapes consisteront à créer des centres régionaux et à lancer l’appel pour les Financements au niveau mondial du KIX.

Plus tôt ce mois, nous avons lancé un appel à manifestation d’intérêt pour les organisations intéressées par une candidature de partenaires d’apprentissage pour les centres régionaux. Ces partenaires faciliteront l’apprentissage et l’échange entre pairs parmi les pays partenaires du PME.

La semaine prochaine, nous lancerons le premier appel à Financements au niveau mondial du KIX, afin de développer les connaissances et les données empiriques pour l’adoption, l’adaptation et le déploiement des innovations prometteuses dans les pays partenaires du PME. Ces financements serviront pour des projets soutenant l’adoption, l’adaptation et le déploiement d’innovations prometteuses dans les pays du PME pour les six domaines thématiques (les documents de réflexion du KIX seront publiés en même temps que l’appel aux financements au niveau mondial). Nous prévoyons que ces financements amélioreront notre compréhension de la généralisation de solutions éducatives innovantes, économiques et durables au sein des pays partenaires du PME.

Des éléments supplémentaires seront mis en œuvre au cours de l’année à venir, notamment la plateforme numérique du KIX, avec le recrutement d’un partenaire de recherche qui accompagnera tous les financements du KIX et le lancement des financements régionaux du KIX dans les quatre régions. Des mises à jour seront disponibles via la page Web KIX du PME et la liste de diffusion.

Nous nous réjouissons de cette entreprise conjointe et avons hâte de travailler avec les pays partenaires et organisations du monde entier pour accélérer le rythme de cette évolution et améliorer la qualité de l’éducation pour les enfants les plus démunis.

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