Mohamed est originaire de Khartoum, la capitale du Soudan. En avril 2023, un conflit a éclaté, l’obligeant lui et sa famille, comme des millions d’autres personnes, à quitter leur maison et à tout abandonner derrière eux.

Aujourd’hui, le Soudan connaît la plus importante crise de déplacement d’enfants au monde, avec plus de 4,6 millions d’enfants déplacés à l’intérieur du pays et à l’étranger. Mohamed vit désormais dans l’État du Kassala, dans l’Est du Soudan.

Les enfants ont subi plus d’un an d’incertitudes, de traumatismes et de violence, et la plupart ne sont pas scolarisés.

Beaucoup d’écoles à travers tout le pays ont été détruites ou transformées en refuges pour les personnes déplacées, mettant en péril le droit à l’éducation des enfants.

Malgré la situation désastreuse, les autorités locales et les agences partenaires au Soudan se sont efforcées de maintenir les écoles ouvertes pour donner aux enfants un sentiment de normalité, une chance d’apprendre et un lien avec leur communauté.

Créer des espaces d’apprentissage sûrs

Au Soudan, l’année scolaire commence normalement en septembre et en octobre. Cette année, certaines écoles ont pu rouvrir leurs portes lorsque les conditions de sécurité le permettaient.

Là où ce n’était pas envisageable, des espaces d’apprentissage sûrs et « amis des enfants » ont été mis en place, mettant à profit les structures communautaires existantes dans la mesure du possible ou instaurant de nouveaux espaces, au besoin.

Les campagnes pour le retour à l’école ont mobilisé les communautés, sensibilisant et encourageant les familles à scolariser leurs enfants.

Mohamed est inscrit à l’espace d’apprentissage sûr d’Eltaka dans l’État du Kassala. Dans cet espace, les enfants déplacés et ceux de la communauté hôte apprennent tous ensemble et bénéficient d’une aide psychosociale.

Le Kassala est l’un des cinq États ciblés par le financement du GPE. Des espaces d’apprentissage sûrs ont été ouverts dans les communautés qui présentaient les nombres les plus élevés de personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Les espaces d’apprentissage sûrs offrent des programmes d’apprentissage accéléré pour aider les enfants qui ont manqué l’école en raison du conflit.

De plus, ces espaces sont équipés en matériel d’enseignement et d’apprentissage, et en matériel récréatif, garantissant une approche holistique qui priorise la qualité des apprentissages et le bien-être des enfants qui y sont scolarisés.

Les animateurs et les enseignants qui travaillent dans les espaces d’apprentissage sûrs ont été formés pour dispenser un apprentissage de qualité, répondre aux besoins psychosociaux des élèves touchés par la crise et leur donner la possibilité d’acquérir des compétences nécessaires à la vie courante.

Prêts à s’adapter à l’évolution des besoins

Les espaces d’apprentissage sûrs sont conçus pour favoriser la reprise des apprentissages, mais ils sont flexibles et peuvent servir de centres d’apprentissage alternatif, de centres d’apprentissage en ligne ou d’écoles formelles, selon les besoins de la communauté.

• Les centres d’apprentissage alternatif, qui existent au Soudan depuis 2005, offrent des possibilités d’éducation aux enfants non scolarisés. Le programme d’apprentissage alternatif a été conçu pour aider les enfants qui ont quitté l’école dans les régions touchées par les conflits, ainsi que les enfants déplacés à l’intérieur du pays. Le programme scolaire y est accéléré, ce qui permet aux enfants de suivre un cycle complet d’enseignement primaire en quatre ans plutôt que huit. La plupart des 365 espaces d’apprentissage sûrs qui ont vu le jour grâce au financement du GPE proposent un programme d’apprentissage accéléré.
• Les centres d’apprentissage en ligne donnent accès à l’apprentissage numérique dans les communautés reculées et difficiles à atteindre. L’UNICEF, ayant éprouvé avec succès l’apprentissage numérique, a décidé d’étendre ce programme d’éducation innovant, grâce au financement du GPE. Plus de 100 nouveaux centres d’apprentissage en ligne sont mis en place au sein des écoles et des espaces d’apprentissage sûrs. Chaque centre sera équipé d’un panneau solaire, d’environ 30 tablettes, ainsi que des accessoires comme des casques d’écoute, des pupitres en bois de fabrication locale pour les tablettes et un poste de recharge. Les tablettes fonctionnent en ligne et hors ligne, ce qui permet d’apprendre à son rythme sous la houlette d’un animateur dûment formé. Le contenu numérique couvre l’arabe, l’anglais, les mathématiques, les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les sciences, en conformité avec le programme scolaire national, ce qui garantit aux enfants de pouvoir réintégrer le système officiel.

Renforcer les capacités du système à offrir une éducation

Pour mieux répondre à la crise actuelle de l’éducation ainsi qu’aux besoins des enfants et des communautés, les partenaires au Soudan ont décidé de renforcer la collecte et l’utilisation des données.

De nouveaux outils de collecte de données permettent de faire un suivi des élèves déplacés et de contrôler l’accès aux espaces d’apprentissage sûrs, leur fréquentation et leur approvisionnement.

La planification des mesures d’urgence au niveau sous-national améliore la préparation aux crises et aux situations d’urgence, garantissant une intervention plus efficace de la part de l’État et des responsables locaux.

Grâce au soutien du GPE et de l’UNICEF, des enfants comme Mohamed ont la possibilité d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour surmonter les difficultés et renforcer leur résilience.