La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les nombreuses disparités qui existent entre les enfants à travers le monde. Des disparités qui sont plus prononcées en Afrique où des millions de personnes jouissent très peu ou pas du tout de leurs droits socio-économiques de base.
Le premier cas de COVID-19 en Afrique a été signalé en Égypte en février 2020. Alors que le fléau se propageait à travers le continent, les gouvernements ont fait fermer les écoles et renvoyé les enfants chez eux. Le Kenya, l'Ouganda, l'Éthiopie, la Somalie et le Rwanda ont rapidement élaboré des stratégies de riposte rapide à la COVID-19 afin d’assurer la continuité de l'apprentissage de leurs élèves.
Les enseignants ont dû s'adapter à l'enseignement via les SMS et les médias sociaux, notamment via YouTube et WhatsApp. En Éthiopie, par exemple, le gouvernement s'est associé à une chaîne de télévision locale, AfriHealth, pour diffuser des programmes éducatifs destinés aux enfants de tout le pays. Les gouvernements du Rwanda et du Kenya ont adopté l'utilisation de programmes radiophoniques traitant de sujets abordés dans les programmes scolaires à l’intention des enfants.
Défendre le droit à l'éducation pendant la crise de la COVID-19
Cependant, la gestion de la continuité de l'apprentissage a été difficile : à l'exception de la Tanzanie, les écoles de la région restent fermées et la transition vers les plates-formes numériques a été semée d'embûches. Les écoles publiques font face à un manque d'infrastructure et une compréhension limitée de la pédagogie en ligne.
De même, les ménages ont un accès limité à l'électricité, à Internet ou même à des outils telles que des postes de télévision et de radios, comme cela a été constaté en Éthiopie, où la majorité de la population vit dans des zones rurales. Selon une étude menée dans 10 pays africains, moins de 15 % des chefs d'établissement restaient en contact avec au moins 80 % de leurs élèves.
Dans de telles conditions, les enfants n'apprennent pas de manière optimale ou cohérente. Ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont des compétences en informatique et ont la chance d’avoir accès à des outils numériques (comme on a pu le voir en Éthiopie) ; les élèves d’âge avancé et ceux des écoles privées (au Kenya, 24,6 % des ménages abritaient des enfants qui ne pouvaient pas continuer à apprendre).
Les fermetures d'écoles ont été accompagnées d'une augmentation des cas de grossesses chez les adolescentes, des cas de mutilations génitales féminines, de mariages précoces, de maltraitance et de travail des enfants à travers le continent. De même, la Coalition pour l’union des forces (Joining Forces Coalition) a noté la hausse de la vulnérabilité des enfants en Ouganda et de nouvelles observations ont été faites sur les populations vulnérables, telles que les 30 000 enfants de la rue que compte le pays, de plus en plus marginalisées pendant cette période.
A côté de cela, les acteurs non-étatiques dont les établissements scolaires accueillent la majorité des enfants dans les localités où l’essentiel des ménages a un revenu faible, s’est également contracté avec la fermeture définitive de nombreuses écoles.
Les réponses des États à ces défis émergents ont été variées. Au Kenya par exemple, le gouvernement a réagi en lançant un programme d'apprentissage communautaire (en anglais). Mais, même cela s’est heurté à des obstacles, son déploiement ayant été bloqué par une décision de justice qui en a interrompu la mise en œuvre.