Lorsque la pandémie de COVID-19 a été déclarée en mars 2020, les écoles du monde entier ont fermé pratiquement du jour au lendemain. Tous les enfants ont vu leur éducation interrompue et plus de 370 millions d’entre eux ont aussi été privés de leur repas scolaire quotidien, qui pour beaucoup représentait le seul repas garanti de la journée.

En plus de la crise de l’éducation liée à la pandémie, une autre crise est apparue : en effet, privés de repas et d’une nutrition saine à l’école, le bien-être de millions d’enfants ainsi que leur aptitude à réaliser leur potentiel d’apprentissage, se sont considérablement détériorés.

Aux yeux des gouvernements du monde entier, il est alors devenu évident que « reconstruire en mieux » après la crise de la COVID-19 signifiait qu’il fallait s’occuper autant des élèves que de leur apprentissage.

Création du Consortium de recherche sur la santé et la nutrition en milieu scolaire

En octobre 2021, des gouvernements du monde entier ont formé la Coalition pour l’alimentation scolaire (anglais) amorçant ainsi une action immédiate pour reconstruire, améliorer ou élargir leurs programmes nationaux de repas scolaires.

Pour appuyer ces actions, le groupe de 76 pays, dont plusieurs sont membres du GPE, a souhaité créer un Consortium de recherche sur la santé et la nutrition en milieu scolaire (anglais) pour fournir des données indépendantes et crédibles ainsi que des orientations programmatiques pour rebâtir des programmes nationaux de repas scolaires.

En faisant appel à des experts du monde entier, le Consortium de recherche, dont le secrétariat est basé à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, vise à créer et rassembler des données probantes couvrant tous les aspects de la réussite d'un programme de santé et de nutrition en milieu scolaire, en se concentrant sur l'analyse des coûts, les avantages, la conception et l'impact des programmes dans des pays de tous niveaux de revenus.

À Helsinki, en octobre 2022, lors de la première réunion ministérielle de la Coalition pour l’alimentation scolaire, le Consortium a présenté un compte-rendu résumant les données factuelles rassemblées au cours de sa première année.

Voici cinq éléments que révèlent jusqu’ici les données factuelles...

1. Un élève qui se porte bien est un élève qui a de meilleurs résultats d’apprentissage

Fournir des repas scolaires contribue à une scolarisation plus élevée, notamment dans les pays où la participation des filles dans l’éducation est traditionnellement faible.

Un nouvel indicateur, le nombre d’années de scolarité ajusté en fonction de la qualité de l’apprentissage, combine la quantité et la qualité de l’éducation reçue, et permet de démontrer qu’améliorer le bien-être et la santé des élèves bénéficie à la qualité de l’apprentissage, dans des proportions similaires à d’autres interventions qui se sont montrées efficaces, telles que le développement de la petite enfance, des enseignants plus qualifiés, et de meilleures pratiques de classe.

2. Investir dans les repas scolaires c’est investir dans l’avenir de toute la société

Construire le capital humain, c’est-à-dire les compétences, les connaissances et l'expérience d’une population qui contribuent à la compétitivité d’un pays, est essentiel au développement de tous les pays et s’appuie sur une population saine et instruite.

Quel que soit le niveau de revenu, la reprise après la pandémie, la restauration des avantages offerts par le système éducatif et des services de santé fournis par le biais de cette plateforme, dont les repas scolaires, sont essentiels au développement national.

3. Les repas scolaires sont un filet de protection sociale

La réponse à la crise du carburant, et la crise alimentaire et financière de 2008, a consisté, entre autres, à augmenter de manière significative la fourniture de repas scolaires et le soutien aux programmes de santé en milieu scolaire dans les pays à revenu faible et élevé. Ces mesures ont été un moyen immédiat et efficace de toucher les jeunes directement, constituant ainsi le plus vaste filet de sécurité au monde.

La fermeture des écoles due à la crise sanitaire, a tout simplement empêché beaucoup de ces programmes de remplir ce rôle de soutien en 2020, et a largement affaibli les filets de sécurité malgré les efforts faits par de nombreux pays pour remplacer les repas scolaires par des rations alimentaires à emporter.

Les tentatives visant à remplacer les repas scolaires par des transferts de fonds n’ont eu qu’un succès mitigé, mais ont le mérite d’avoir mis en exergue les avantages principaux des repas et des programmes de santé scolaires : ils bénéficient directement aux enfants ciblés, fournissent des services complémentaires à l’éducation, à la nutrition et au bien-être des élèves, et stimulent les économies de service et l’agriculture locales.

4. Face à la crise climatique actuelle, les repas scolaires peuvent renforcer la résilience

L’efficacité des programmes de repas scolaires repose sur des systèmes alimentaires efficaces qui à leur tour reposent sur une agriculture efficace. Trop souvent, l’accent est mis sur la quantité et non la qualité de l’alimentation. Pourtant, le Forum mondial sur l’éducation de 2022 estime à plus de 3 millions le nombre de personnes qui ont un régime alimentaire de mauvaise qualité.

Les repas scolaires peuvent remédier à ce problème. Ces programmes offrent à la fois un marché stable et prévisible pour les fermiers et les agriculteurs locaux, qui peuvent alors se concentrer sur une production locale avec des cultures riches en micronutriments spécifiquement destinées aux enfants en pleine croissance, et soutenir les préférences culturelles locales tout en s’adaptant aux réalités climatiques.

C’est un cycle vertueux qui peut aider les économies locales à prospérer et à renforcer la souveraineté alimentaire, tout en encourageant la biodiversité agricole qui contribue à renforcer la résilience face aux changements climatiques.

5. Les programmes d'alimentation scolaire offrent un excellent rapport qualité-prix

Si l’on considère les avantages durables, de grande portée et multi-sectoriels des repas scolaires pour la société, et pour les élèves en particulier, les retombées des investissements dans les programmes de repas scolaires sont très élevées.

Une étude (en anglais) menée par le Consortium de recherche en 2020 a constaté que dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, chaque dollar investi dans les programmes de repas scolaires rapportait en moyenne 9 dollars. Cela représente des avantages multi-sectoriels qui expliquent pourquoi ces programmes sont un si bon investissement dans l’éducation.

Ce que nous réserve l’avenir

Les écoliers d’aujourd’hui ont un avenir incertain. Les conséquences à long-terme de la crise sanitaire ne sont pas claires et sont exacerbées par la crise alimentaire mondiale et l’urgence climatique grandissante.

Une population instruite est essentielle au développement mondial, et garantir aujourd’hui le bien-être des jeunes est primordial au développement d’une population résiliente et capable de réaliser son plein potentiel demain.

Le Consortium de recherche s’engage à aider les décideurs politiques et les parlementaires à créer des programmes nationaux qui garantissent le bien-être et la santé des élèves en créant une population préparée et apte à apprendre.