Alimentation scolaire au Lesotho : les partenariats soutiennent les engagements du pays

L’insécurité alimentaire est un problème urgent au Lesotho qui affecte l’éducation des enfants. La Coalition pour l'alimentation scolaire, une initiative soutenue par le GPE et ses partenaires, encourage les partenariats et aligne les initiatives d'alimentation scolaire sur les objectifs éducatifs plus larges du pays.

14 novembre 2024 par Giorgia Maddalon, World Food Programme School Meals Coalition Secretariat, et Tsitsi Matope, World Food Programme School Meals Coalition Secretariat
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Distribution de nourriture à l'école primaire Sainte-Bernadette au Lesotho. Crédit : PAM/Giorgia Maddalon
Distribution de nourriture à l'école primaire Sainte-Bernadette au Lesotho.
Credit: PAM/Giorgia Maddalon

Suite aux impacts de la sécheresse causée par El Niño qui a touché la plupart des pays de la région d'Afrique australe au cours de la saison agricole d'été 2023-2024, le Lesotho fait face à une crise alimentaire pressante.

Le pays dépend des importations, principalement de l'Afrique du Sud voisine, pour au moins 70 % de sa nourriture. Les agriculteurs sont confrontés à des obstacles majeurs, notamment des coûts de production élevés et des pertes significatives, des investissements insuffisants dans des variétés de cultures résilientes au changement climatique et un accès restreint à des marchés durables.

Sous la direction du Premier ministre Sam Matekane, le gouvernement du Lesotho prend des mesures pour relever ces défis, et ses stratégies comprennent l'adhésion à la Coalition pour l'alimentation scolaire (School Meals Coalition).

En août dernier, le gouvernement a dévoilé une série d'engagements visant à améliorer l'alimentation scolaire afin de favoriser une transformation du système alimentaire qui renforcerait le soutien aux petits exploitants agricoles.

Le Lesotho envisage de s'approvisionner à 80 % en alimentation scolaire auprès d'agriculteurs locaux. De plus, le pays s'est également engagé à augmenter d’au moins 50 % le budget national consacré aux repas scolaires pour l'exercice 2024-2025, afin de soutenir ses efforts de partenariat avec les agriculteurs locaux et d'autres acteurs impliqués dans l'amélioration de l'alimentation scolaire.

Les efforts visant à faire passer le coût de chaque repas de 0,19 dollars à 0,43 dollars au cours des trois prochaines années permettront d'améliorer les menus et l'alimentation scolaires.

Renforcer l'éducation au Lesotho par le biais de l'alimentation : le rôle catalyseur de l'appui technique

Le gouvernement du Lesotho, le GPE et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont récemment organisé des consultations multipartites pour la mise en œuvre du Mécanisme d’appui technique en alimentation et santé scolaire, qui est piloté au Lesotho dans le cadre des initiatives d'appui technique du GPE.

Les enfants, les enseignants et les cuisiniers de l'école primaire St. Agnes, qui bénéficie du soutien du gouvernement et fournit des repas nutritifs à 300 élèves chaque jour d’école, ont joué un rôle essentiel dans ces consultations.

La visite a souligné l'importance des repas scolaires pour des enfants comme Thato, 10 ans, qui a déclaré : « Le repas que je mange à l'école est mon premier repas de la journée. C'est spécial parce que je peux manger avec mes amis. Après avoir mangé, je suis toujours actif en classe. »

Cette nouvelle initiative, soutenue par le GPE et le Programme alimentaire mondial, encouragera les partenariats et alignera les initiatives d'alimentation scolaire sur les objectifs éducatifs plus larges du pays.

Au sein de la Coalition pour l'alimentation scolaire, ce dispositif soutiendra les engagements nationaux du Lesotho en matière d'alimentation scolaire, soumis à la Coalition en 2023, et facilitera la mise en œuvre de la politique nationale d'alimentation scolaire de 2024, en mettant l'accent sur une série d'initiatives visant à améliorer le programme.

L'initiative a pour but de renforcer le programme national d'alimentation scolaire du Lesotho. Son l'histoire remonte à 1961 et elle fournit actuellement un repas chaud à 297 000 écoliers du primaire chaque jour d'école.

Ce programme reste une bouée de sauvetage pour de nombreux enfants, en particulier ceux issus de familles en situation d'insécurité alimentaire.

Pour de nombreux enfants, le repas fourni par le programme représente le principal apport nutritionnel de leur journée, influençant directement leur capacité de concentration en classe et leur réussite scolaire.

Dans le cadre de ce programme, des denrées de base tels que le maïs, les pois et l'huile sont livrés aux écoles où les cuisiniers locaux les préparent et les agrémentent de légumes issus du jardin potager de l'école. Lorsque disponibles, des haricots, des œufs et des légumes livrés par les petits exploitants agricoles locaux viennent également compléter les repas.

Mme Moru, institutrice à l'école primaire St Agnes, emmène ses élèves dans le jardin potager de l’école pour un cours de jardinage. Crédit : PAM/Lesotho
Mme Moru, institutrice à l'école primaire St Agnes, emmène ses élèves dans le jardin potager de l’école pour un cours de jardinage.
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PAM/Lesotho

« Ce modèle est efficace parce que nous sommes maintenant en mesure de recevoir les produits à temps et de payer les cuisiniers et les fournisseurs à temps », a déclaré Jubilee Ntloana, le coordinateur national de l’alimentation scolaire au ministère de l'Éducation et de la Formation.

Parmi les autres efforts déployés pour améliorer les repas scolaires au Lesotho, citons l'introduction de jardins potagers dans certaines écoles. Les enfants de l'école St. Agnes apprennent à cultiver du maïs et des légumes tels que des épinards, des tomates, des oignons et des carottes.

Edith Moru, enseignante à l'école, a souligné les efforts déployés pour promouvoir et inculquer des habitudes alimentaires saines : « Ce jardin potager sert à la fois à compléter les repas des élèves et à enseigner aux enfants des compétences agricoles utiles qu'ils pourront utiliser chez eux pour cultiver leur propre nourriture et lorsqu'ils seront adultes. Cela soutiendra les efforts visant à améliorer la production agricole et la sécurité alimentaire. »

Des élèves de 5e année à l'école primaire de St. Agnes écoutent attentivement leur professeur pendant une leçon après avoir déjeuné. Crédit : PAM/Lesotho
Des élèves de 5e année à l'école primaire de St. Agnes écoutent attentivement leur professeur pendant une leçon après avoir déjeuné.
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PAM/Lesotho

Élargir les consultations des parties prenantes pour accroître l'impact sur les enfants

Les consultations menées auprès de divers ministères, d'organisations non gouvernementales, y compris celles représentant les communautés locales, et de partenaires internationaux ont mis en évidence la nécessité d'une collaboration intersectorielle pour que le Lesotho puisse bénéficier de tous les avantages offerts par l'alimentation scolaire en tant que filet de sécurité pour le bien-être, le développement positif et la réussite scolaire des enfants.

La nécessité d'investir dans l'établissement de partenariats solides et de promouvoir une approche holistique intégrant l’ensemble de l'écosystème social et éducatif a été au cœur de toutes les discussions.

Consultation avec des organisations de la société civile à Maseru. Crédit : PAM/Lesotho
Consultation avec des organisations de la société civile à Maseru. Les participants ont discuté des possibilités de renforcer les partenariats pour lutter contre la malnutrition infantile par le biais du programme national d'alimentation scolaire.
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PAM/Lesotho

Certains intervenants ont insisté sur l'importance d'une coordination interministérielle efficace et de l'innovation pour garantir un financement durable face aux problèmes de mobilisation de ressources. Parmi les enseignements partagées figurent la recherche de financements pour optimiser les ressources actuelles et l'exploration de solutions de financement alternatives.

L'alignement des objectifs de la mission sur le programme national d'alimentation scolaire a réaffirmé la pertinence du programme dans la lutte du Lesotho contre l'insécurité alimentaire et les inégalités en matière d'éducation.

Lors d'un atelier dirigé par le ministère de l'Éducation et de la Formation, les parties prenantes, y compris les représentants du gouvernement, des organisations de la société civile et du secteur privé, ont axé leurs discussions sur l'identification des actions prioritaires pour le Mécanisme d'appui technique.

Lors de l’ouverture officielle de l’atelier, Thuto Ntsekhe, responsable en chef de l'éducation au ministère de l'Éducation et de la Formation, a expliqué à quel point les consultations et le Mécanisme d'appui technique sont essentiels dans le parcours du Lesotho pour renforcer et étendre le programme national d'alimentation scolaire : « Le Mécanisme d'appui technique ne se limite pas à un appui technique : il vise à renforcer les capacités de notre pays à faire avancer un programme d'alimentation scolaire durable, efficace et véritablement bénéfique pour nos enfants et nos communautés. »

Participants à l'atelier. Crédit : PAM/Lesotho
Participants à l'atelier.
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PAM/Lesotho

Les participants à cet atelier ont partagé leurs idées sur la façon dont l'alimentation scolaire peut être intégrée dans les plans de développement nationaux en établissant un consensus par le biais de discussions en petits groupes sur les priorités du programme.

Une liste exhaustive d'initiatives potentielles a été établie, permettant de dégager des domaines prioritaires pour une mise en œuvre à partir de janvier 2025. Parmi ces priorités figurent le soutien à la conception d'initiatives de financement durable, et le renforcement des capacités institutionnelles, ainsi que des améliorations programmatiques des menus et le renforcement des liens avec les petits exploitants agricoles.

Investir dans l'alimentation scolaire : Une solution intégrée pour relever les défis de l'éducation et de la santé

Malgré des années d’investissements soutenus dans l'éducation ayant permis une hausse du taux d'alphabétisation au Lesotho, ces derniers sont en baisse depuis quelque temps. Outre la qualité de l'enseignement, le Lesotho est principalement préoccupé par le triple fardeau de la malnutrition (le problème de l'insuffisance pondérale, du surpoids et de l'obésité) qui touche l'ensemble de la population, en particulier les enfants.

On estime que 33 % des enfants de moins de 2 ans souffrent d'un retard de croissance. Et si ce problème n'est pas traité à temps, leur développement cognitif et leurs résultats scolaires pourraient en être affectés.

Les consultations réussies organisées dans le cadre du dispositif d'appui technique en matière d'alimentation et de santé scolaires ont renforcé l'importance d'intégrer l'alimentation et la santé dans des stratégies éducatives plus larges.

Il est évident qu'investir dans l'alimentation scolaire ne consiste pas à seulement servir des repas, mais vise aussi à améliorer l'alimentation et à faire en sorte que tous les enfants puissent bénéficier pleinement de leur éducation.

L'implication des enfants, des écoles, des communautés locales, des ministères et des partenaires du développement a démontré une forte volonté de travailler collectivement, en utilisant des solutions locales pour construire un programme durable et piloté localement.

Alors que le Lesotho s'apprête à passer à la phase suivante de mise en œuvre de ces initiatives, les enseignements tirés de cette mission seront essentiels pour garantir le succès des programmes de santé et d'alimentation scolaires dans l'ensemble du pays.

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