Mon expérience de la violence

J’ai été victime d’abus sexuels dans mon enfance. À sept ans, j’ai été abusé sexuellement par un ami de mon père, puis par mon professeur, pendant plusieurs années. Je me disais que c’était normal puisque dans le village, mes amis subissaient la même chose.

Adulte, j’ai récemment rencontré une personne qui avait grandi dans un village voisin et avait été abusée sexuellement par le même enseignant.

Le Népal, terre de Bouddha, est un pays magnifique où la nature est une bénédiction. Mais, son histoire particulière et les problèmes systémiques qui en découlent favorisent des environnements dans lesquels les violences à l’encontre des enfants restent souvent impunies, y compris au sein du système éducatif.

J’ai été enseignant pendant 8 ans et je sais par expérience que le système éducatif au Népal se concentre davantage sur l’enseignant que sur l’élève.

Je veux m’assurer que ce qui m’est arrivé ne se reproduise plus, pour mes enfants et pour tous les autres à travers le monde. C’est pourquoi je suis fier de faire partie de Brave movement, une initiative qui travaille à mettre fin aux violences sexuelles dont sont victimes les enfants et les adolescents. Nous avons besoin de mouvements de ce type et nos enfants le méritent.

Ma guérison et mon statut de survivant

Pendant tout le temps où j’ai été victime d’abus, et même après, j’ai souffert de la pauvreté, de la malnutrition et de la maladie. Je craignais tout le monde, je me sentais mal et isolé, j’avais l’impression d’être une victime.

Aussi, lorsque j’ai quitté mon village pour aller étudier, je me suis senti soulagé. J’ai commencé à apprendre les arts martiaux, la danse et le théâtre. Ces activités m’ont aidé à me sentir mieux et à gagner en estime personnelle.

Avec le temps, j’ai commencé à guérir et j’ai bénéficié d’un accompagnement psychologique, ce qui m’a permis, plus de 20 ans après cette première expérience de violence, de commencer à en parler et à faire preuve de bienveillance à mon égard.

Depuis, je suis devenu porte-parole des personnes en quête de guérison au sein de Healing Together, au Népal. J’y forme des enseignants et des leaders communautaires aux manières de soutenir les victimes d’abus et brise le cycle de traumatismes et de violence.

C'est grâce à ce travail que j'ai réalisé à quel point les communautés éducatives ont le pouvoir de mettre fin à la violence contre les enfants.

Le caractère universel de la violence à l’école

La question des violences sexuelles à l’école est universelle. Elle touche aussi bien les garçons que les filles, où qu’ils vivent à travers le monde. On estime que 246 millions de filles et de garçons subissent des violences en milieu scolaire chaque année.

Selon l'UNICEF, « Une fille de moins de 20 ans sur 10 a été contrainte d’avoir des rapports sexuels ou de pratiquer d’autres actes sexuels ».

Le rôle du système éducatif dans la prévention de la violence

Les violences sexuelles sur les enfants et les adolescents peuvent être évitées dès lors que les écoles offrent un environnement sûr et que les enseignants et les enfants sont sensibilisés à ces questions. L’éducation scolaire est essentielle pour faire évoluer la société et mettre fin aux violences sexuelles dont sont victimes les enfants et les adolescents.

Je pense que si les écoles proposent un environnement sûr, si les enfants y sont informés de leurs droits et traités avec respect, je pense que cela changera le visage des violences sexuelles. Il est impératif de travailler non seulement avec les enseignants et les responsables d’établissements scolaires, mais également avec les parents et les populations sensibilisés aux récits de violence infantile et à leurs conséquences.

Au-delà de ma propre expérience de travail dans les milieux scolaires, je suis convaincu que l’éducation peut être la solution. C’est pour cette raison que j’enseigne et que je rejoins l’initiative mondiale visant à mettre fin à la violence à l’intérieur et autour des écoles, et que je suis conseiller de l’initiative Safe to Learn.

Cette initiative vise à mettre fin aux violences en milieu scolaire et permettre aux enfants d’apprendre, de s’épanouir et de réaliser leurs rêves.

Participez au mouvement et au Sommet des survivants

Il est temps d’agir pour mettre fin aux violences sexuelles sur les enfants et les adolescents. C’est pourquoi nous unissons nos forces dans le cadre du Brave Movement, avec nos partenaires et ceux qui nous soutiennent, afin de prendre des mesures audacieuses et courageuses.

Quinze survivants et survivantes de différents pays du monde sont à la tête de ce mouvement qui organise son premier Sommet international le 27 avril 2022. Il y sera question de la manière dont nous pouvons nous unir et agir pour mettre fin aux violences sexuelles envers les enfants.

Il est temps de vous inscrire et de faire entendre votre voix contre les violences sexuelles sur les enfants et les adolescents.

Unissons-nous pour mettre fin à la pandémie la plus inhumaine et la plus silencieuse de tous les temps. Faisons preuve de courage aujourd’hui, pour permettre à nos enfants d’être en sécurité. #BraveMovement