Le président Kenyatta appelle les pays partenaires du GPE à donner la priorité au financement de l'éducation

Si le financement national représente plus des deux tiers des fonds alloués à l'éducation dans les pays partenaires du GPE, des engagements forts de leur part, d'ici 2025, permettraient à tous les enfants d’apprendre et d’acquérir les compétences du 21e siècle, essentielles au développement durable des économies de demain.

19 mai 2021 par Victoria Egbetayo, GPE Secretariat, Margaret Irving, GPE Secretariat, et Jennifer Bowser Gerst, GPE Secretariat
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Un jeune garçon écrivant au tableau dans une école au Burundi. Crédit : UNICEF Burundi
Un jeune garçon écrivant au tableau dans une école au Burundi.
Credit: Crédit : UNICEF Burundi

Le financement national est au centre de la campagne de financement du GPE baptisée « Lève la main », coprésidée par Boris Johnson, Premier ministre du Royaume-Uni et Uhuru Kenyatta, Président de la République du Kenya. Il s'agit également d'un élément majeur du GPE 2025 et du nouveau modèle opérationnel qui, tous les deux, promeuvent une approche à la fois contextuelle et globale du financement national de l’éducation, en mettant l'accent sur son volume, son équité et son efficacité.

Le financement national constitue la plus grande part des ressources consacrées à l'éducation dans les pays partenaires du GPE : plus de deux tiers des ressources de l'éducation proviennent des dépenses publiques nationales.

La pandémie a mis à rude épreuve les économies et les budgets, menaçant des décennies de progrès en matière d'apprentissage et d'égalité des genres.

Cependant, des engagements solides en matière de financement intérieur dans tous les pays partenaires du GPE d'ici 2025 contribueraient à assurer à tous les enfants d’apprendre et d’acquérir les compétences du 21e siècle, essentielles pour permettre aux économies de demain de se développer de manière durable.

Un appel à protéger les dépenses publiques d'éducation

La semaine dernière, suite aux visites d'écoles organisées par Boris Johnson, Uhuru Kenyatta et Julia Gillard, en amont du Sommet mondial sur l'éducation qui aura lieu les 28 et 29 juillet, le président Kenyatta a lancé un appel aux chefs d'État des pays partenaires du GPE.

Il leur a demandé de se joindre à lui pour soutenir une déclaration politique visant à donner la priorité, à protéger et à augmenter le financement national pour atteindre le seuil mondial de 20 %, à définir des politiques garantissant que le financement atteint les plus vulnérables, sans laisser aucun enfant de côté, et à assurer l’efficacité de l’utilisation des ressources.

Il a rappelé que la campagne de financement du GPE ne vise pas seulement à obtenir au moins 5 milliards de dollars de promesses de contributions sur cinq ans, mais aussi à garantir un financement national durable qui permette aux pays partenaires de transformer leurs systèmes éducatifs.

En complément de la dynamique politique initiée par le président Kenyatta, le GPE invite les ministres de l'Éducation à s'engager au nom de leur gouvernement, en démontrant comment leur pays maintiendra ses dépenses d'éducation aux niveaux antérieurs à la pandémie, ou comment il s'efforcera d'augmenter ses dépenses d’éducation pour atteindre le seuil mondial de 20 % du budget national d'ici 2025.

Le GPE encourage également les ministères de l'Éducation à s’engager politiquement sur des dépenses plus équitables et plus efficaces, tout en les incitant à se mettre en relation avec les ministères des Finances et les autres ministères concernés pour fixer leurs engagements.

Les jeunes leaders du GPE et d'autres jeunes militants ont également attiré l'attention sur cette question. Sous leur leadership, grâce au The Futures Festival : Lève la Main, ils ont sensibilisé les pays du G7 sur l'autonomisation des femmes et des filles. Cependant, sans sources durables de financement national, ces engagements ne commenceront pas à combler le déficit de financement annuel estimé à 200 milliards de dollars pour atteindre l'ODD 4.

Le Sommet mondial sur l'éducation sera le premier test quant à la détermination des dirigeants du monde à rester sur la bonne voie en matière de financement.

L'éducation doit être au cœur de la relance après la pandémie

Les pays partenaires du GPE doivent faire preuve d’un leadership audacieux et ambitieux, car ils font face à une réduction probable des dépenses des ménages pour l'éducation (un contributeur majeur), à une dette croissante, à une diminution des revenus et à une baisse possible de l'aide extérieure à l'éducation de jusqu'à 2 milliards de dollars d'ici 2022.

Cela ne menace pas seulement le financement national, mais impose aux gouvernements des responsabilités encore plus grandes pour garantir l’adéquation du financement de l'éducation. Les risques étant évidents, la solidarité mondiale est nécessaire si l’on veut veiller à la protection, à l’augmentation et à l’amélioration du financement de l'éducation pour un impact à long terme.

Le modèle opérationnel 2025 du GPE adopte une approche globale du financement national, en mobilisant des ressources adéquates (volume) tout en mettant davantage l'accent sur le rôle porteur de transformation que des dépenses efficaces et équitables pourraient avoir sur l'accès
et l'apprentissage.

La Banque mondiale estime que jusqu'à un tiers des dépenses d'éducation sont perdues en raison de problèmes d'inefficacités telles que de faibles niveaux d'apprentissage, des taux de redoublement élevés, des mécanismes de passations des marchés inefficients et une mauvaise gestion du personnel de l’éducation.

Bien qu’il soit normalement plus coûteux d’offrir des services d’éducation aux enfants vivant dans des zones éloignées ou aux élèves défavorisés, les ménages les plus riches bénéficient en moyenne de deux fois plus de fonds publics pour l'éducation que les ménages les plus pauvres.

Indéniablement, l'équité et l'efficacité des dépenses sont étroitement liées. Un financement inadéquat de l’éducation des élèves issus de familles démunies peut entraîner une augmentation des taux d'abandon et de redoublement scolaire, dus au soutien insuffisant mis à leur disposition qui ne leur permet pas d’atteindre les résultats d'apprentissage voulus, à la mauvaise qualité de l'apprentissage et à la charge disproportionnée que les dépenses d’éducation représente pour les ménages.

À long terme, une main-d'œuvre moins qualifiée et moins bien rémunérée signifie plus de pression sur les systèmes de sécurité sociale, et cela pourrait entraîner des futures pertes de recettes intérieures pour les pays, notamment en raison des pertes de productivité individuelle.

Ce que vous pouvez faire : renforcer l'équité, l'efficacité et la responsabilité en matière de dépenses nationales

Les engagements des ministres de l'Éducation, soutenus par une solide volonté politique à travers le ralliement des autres chefs d'État à cet appel, ne sont qu'un point de départ.

La société civile, les groupes locaux des partenaires de l’éducation, les parlementaires et les partenaires de développement plaident depuis longtemps pour améliorer l'efficacité du financement national et en garantir l'impact.

Vous pouvez vous aussi soutenir ces efforts et agir en vous servant des messages (en anglais) de la boîte à outils du GPE et du pack pour les médias sociaux (en anglais) du GPE pour aider à mobiliser des engagements politiques solides en faveur du financement national ; ou voir où en sont les pays partenaires du GPE (en anglais) voir où en sont les pays partenaires du GPE par rapport au seuil de 20 % des dépenses nationales.

Vous pouvez également lancer une discussion sur les engagements politiques, par exemple sur où et comment les gouvernements pourraient renforcer l'équité et l'efficacité, notamment à travers les systèmes de données pour mieux orienter les décisions de financement.

Il s'agit notamment d'examiner les conditions nécessaires pour que les ressources soient utilisées de manière stratégique, afin de remédier aux inégalités, aux fuites et au gaspillage, ainsi que les moyens d'accroître la responsabilité et la transparence.

La lettre du GPE destinée aux ministres cite des exemples de bonne gestion du personnel enseignant, d’amélioration des mécanismes de production en temps opportun et d'accessibilité des données pour une responsabilité mutuelle, de gestion des dépenses de relance nationale allouées à l'éducation, ainsi que des impératifs intersectoriels, notamment le rétablissement et l’expansion des programmes de santé et de nutrition scolaires pour ne laisser aucun enfant de côté.

Le GPE encourage également les engagements visant à renforcer les relations de travail entre les ministères des Finances et de l'Éducation. Les exemples suivants, non exhaustifs, illustrent la formulation de politiques pour de tels engagements :

  • l’amélioration de la gestion et de la responsabilisation des enseignants en utilisant la technologie pour assurer un suivi davantage actualisé de l’immatriculation des enseignants ; en attribuant toute insuffisance dans les salaires à des activités de soutien professionnels ; en mettant en place des incitations axées sur les performances et la rétention (telles que le recrutement d’enseignantes dans les zones rurales) ;
  • l’allocation des fonds en fonction des besoins en utilisant une formule d'allocation qui distribue les ressources aux écoles, régions et élèves les plus défavorisés. S'engager à appliquer une formule de dépenses régionales par élève, qui tienne compte des niveaux de compétence et de pauvreté, en élargissant l'utilisation d'outils d'analyse des dépenses axés sur le genre pour orienter les allocations sectorielles ;
  • l’incitation à la scolarisation et à la rétention des enfants à l'école. Les programmes de transferts d'argent et les aides intersectorielles telles que les programmes de santé et d’alimentation scolaire se sont avérés efficaces pour favoriser et soutenir l'éducation des filles.

Les engagements financiers étayés par des engagements politiques pertinents seront un élément central du Sommet mondial sur l'éducation en juillet. Une occasion de démontrer collectivement que les pays partenaires du GPE continuent de donner la priorité aux investissements dans l'éducation aux plus hauts niveaux politiques.

Toutefois, le Sommet mondial sur l'éducation n'est pas le point final du plaidoyer pour le financement national. Nous continuerons à plaider et à travailler avec nos partenaires pour voir des améliorations en matière de volume, d’équité et d’efficacité des dépenses. Et nous renforcerons le contrôle des dépenses d'éducation ainsi que la responsabilité de la société civile et des parlementaires nationaux.

En savoir plus sur l'approche du GPE en matière de financement national.

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