Vous avez plus de chances d’être éduqué sur cette planète si vous êtes un homme. À l'échelle mondiale, des millions de garçons de plus que de filles vont à l'école. En Afrique subsaharienne, les garçons ont beaucoup plus de chances que les filles de fréquenter le primaire et le secondaire. Et même si l'écart se réduit, les garçons obtiennent généralement de meilleurs résultats dans les évaluations internationales en sciences et en mathématiques (RMSE, 2015).
Il n’est donc pas surprenant que, compte tenu de ces inégalités, la communauté internationale s’intéresse de plus en plus à l’éducation des filles qui s’est avéré être un investissement très rentable. Les femmes éduquées sont en meilleure santé ; font moins d'enfants et ont des revenus plus élevés ; prennent mieux soin d'elles et de leurs enfants ; et s’assurent que leurs enfants sont éduqués. Ces avantages profitent à des générations entières, à leur communauté et à la société dans son ensemble.
De plus, une fois à l'école, les filles ont plus de chances d'atteindre les classes supérieures de l'enseignement primaire (la Gambie, le Malawi et le Népal en sont trois exemples). Lorsque les systèmes d’enseignement secondaire sont bien développés - et que les filles n’en sont pas sorties pour se marier par exemple - elles ont plus de chances que les garçons de terminer leurs études secondaires (RMSE, 2018). En effet, dans la plupart des pays d’Europe, d’Amérique latine, des Caraïbes et des États-Unis, les filles achèvent leurs études secondaires à un taux plus élevé que les garçons (RMSE, 2018).
C’est généralement vrai, quel que soit le degré de richesse ou de pauvreté d’un pays. En termes d'enseignement supérieur, dans le monde entier - à l'exception de la Turquie, de la Corée, de la Grèce et de l'Égypte -, les femmes s'inscrivent et terminent leurs études universitaires à des taux de plus en plus élevés par rapport à leurs homologues masculins.
Un monde d’hommes peut-être, mais qu’en est-il de l’éducation ?
Le travail est loin d’être achevé en termes d’accès équitable à l’éducation pour les filles, mais il semble que la tendance soit à une progression des taux de scolarisation des filles. Cependant, on ne peut pas en dire autant des garçons.
Dans l'Union européenne, en Australie, dans les Amériques et dans une grande partie de l'Asie, les garçons sont plus susceptibles d'abandonner leurs études, de redoubler, d’haïr l'école, d’avoir des problèmes de discipline et de moins bons résultats en termes d'évaluation de l'aptitude à la lecture (RMSE, 2015 & 2018 ; OCDE, 2015).
À l'exception de l'Afrique subsaharienne, cela est vrai presque partout. Dans une grande partie de l'Europe, en Amérique latine, dans les Caraïbes, en Asie du Sud-Est et aux États-Unis, les garçons sont beaucoup plus susceptibles de quitter l'école que les filles ; et plus de garçons que de filles ne sont pas scolarisés.
Les personnes les moins performantes dans le cadre de programmes tels que le PISA - celles qui ne maîtrisent aucune matière - sont en majorité des hommes (OCDE, 2015). Ces problèmes n'affectent pas les garçons issus de ménages riches, mais uniquement ceux issus des ménages plus pauvres – et ce, presque partout (Kuper et Jacobs, 2019).
Cet écart croissant entre les sexes ne suscitera peut-être pas trop de sympathie - après tout, les systèmes éducatifs ont toujours privilégié les garçons aux dépens des filles. En outre, le fossé en matière d'éducation disparaît une fois que les hommes sont sur le marché du travail, où, presque partout, ils gagnent plus d'argent et assument des postes plus importants que les femmes.
Cependant, les jeunes hommes pauvres qui quittent l'école avant l'âge de 16 ans risquent davantage d'être au chômage et inemployables ; pauvres ; d’être recrutés par des gangs et des groupes extrémistes ; d’être incarcérés ; de se livrer à de la violence domestique (et à la violence en général) ; avoir des opinions discriminatoires, racistes et sexistes ; faire des enfants hors mariage, etc. La liste des potentiels comportements antisociaux est longue et déprimante.