De ce fait, il est essentiel de transcender la notion traditionnelle de l'éducation comme étant une préoccupation secondaire et, au contraire, de placer l'éducation universelle au cœur même de la manière dont nous concevons nos économies.
Quatre étapes pour susciter une véritable transformation économique
Premièrement, nous devons changer le discours fallacieux sur la dichotomie entre l'État novateur et l'État-providence, entre l'activité économique dynamique, entrepreneuriale et ambitieuse d’un côté et les services sociaux, les soins et la politique de l'éducation de l’autre. Par exemple, en garantissant l'accès de chaque individu aux informations et aux données, non seulement nous défendons le droit humain fondamental à l'éducation continue, mais nous encourageons également la curiosité et conférons aux citoyens les moyens d'innover.
Conscient de la corrélation qui existe entre l'innovation et le bien-être, le gouvernement américain a subordonné le financement public au CHIPS and Science Act, à la condition que les entreprises bénéficiaires mettent à la disposition de leurs employés des services de garde d'enfants - associant ainsi les problèmes de sécurité nationale liés à la fabrication de semiconducteurs avec la responsabilité de garantir le bon développement de la prochaine génération de citoyens.
Deuxièmement, nous avons besoin d'une approche intersectorielle et pangouvernementale pour placer l'éducation au centre de la manière dont nous gouvernons notre économie.
La pandémie a montré que l'éducation nécessite l'implication et la bonne collaboration d'acteurs issus de différents secteurs. Le passage à l'enseignement en ligne, par exemple, n'a pas seulement été un défi sur le plan éducatif. Il a également dévoilé le réseau complexe d'interdépendances entre les différents secteurs : du numérique à la santé publique, en passant par l'énergie et le logement.
Comme je le fais valoir dans mon ouvrage intitulé Mission Économie, définir une mission, telle que donner à chaque jeune scolarisé l'accès à un ordinateur et à internet, peut permettre d’élaborer des politiques à la fois intersectorielles et interministérielles.
Troisièmement, nous devons reconnaître que le financement en faveur de l'éducation n’est pas un compromis avec les autres priorités politiques, mais un facteur essentiel pour stimuler une économie dynamique, vu l'importance de l'effet multiplicateur des dépenses consacrées à l’éducation.
La plupart des estimations montrent qu'entre 2 et 5 dollars sont générés en dépenses supplémentaires pour chaque dollar de dépenses publiques initiales allouées à l’éducation.
Il existe néanmoins un déficit de financement considérable, qui s’élève actuellement à 97 milliards de dollars par an, pour que les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure puissent atteindre leurs objectifs en matière d'éducation.