Madagascar : l'alimentation scolaire issue de la production locale change la vie des enfants
20 août 2024 par Tovoniaina Andriatsiory, World Food Programme, et Volana Rarivoson, World Food Programme |
Lecture : 4 minutes

Découvrez comment Madagascar lutte contre l'insécurité alimentaire dans la région du sud du pays touchée par la sécheresse grâce à l'alimentation scolaire avec l’aide du Programme alimentaire mondial (PAM) et du GPE.

À Tsongobory, une banlieue pauvre de la ville de Toliara dans le sud de Madagascar, des milliers de familles luttent pour nourrir quotidiennement leurs enfants car la sécheresse qui a sévi plusieurs années de suite depuis 2018 a détérioré les moyens de subsistance des populations et a affaibli la résilience des communautés.

L'agriculture, qui constitue une source d’emploi et de revenus, est pluviale. Cependant, dans ces zones urbaines, de nombreuses personnes ont tendance à dépendre d'emplois précaires, qui consistent notamment à laver le linge d’autres individus, à gérer de petits commerces de rue, à vendre des produits locaux comme du poisson ou du manioc, ou à travailler en tant qu’auxiliaire de vie pour des particuliers. Ces personnes ne disposent pas d’une source de revenus régulière et fiable leur permettant de nourrir leur famille.

Dans l'école primaire publique de Tsongobory, le Programme alimentaire mondial (PAM), en partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale, gère le programme d'alimentation scolaire depuis 2015 et distribue les rations journalières de céréales, de légumineuses et d'huile.

En 2022, le GPE a contribué à élargir la portée du programme d'alimentation scolaire du PAM dans les districts où les effets à long terme de la sécheresse ont entraîné une grave insécurité alimentaire.

En 2023, le PAM a lancé le modèle d'alimentation scolaire issue de la production locale (ASPL), qui aide les écoles à se procurer des produits locaux frais et nutritifs tels que des légumes, des fruits et même du poisson pour compléter les rations d’aliments secs fournies par le PAM et promouvoir un régime alimentaire plus diversifié et plus nutritif.

À l'école primaire de Tsongobory, à Madagascar, les mères des élèves préparent le repas du jour en utilisant des produits locaux. Crédit : Programme d’alimentation mondial
À l'école primaire de Tsongobory, à Madagascar, les mères des élèves préparent le repas du jour en utilisant des produits locaux.
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Programme d’alimentation mondial

L'engagement de la communauté est indispensable

Pour garantir la pérennité du programme d'alimentation scolaire, la communauté est impliquée par le biais de comités locaux de gestion de l'alimentation scolaire.

Grâce au soutien financier et technique du PAM, ces derniers aident à construire des cuisines et des cantines en fournissant des matériaux disponibles sur place.

Les mères des élèves cuisinent et servent les repas scolaires à tour de rôle, tandis que le magasinier gère les stocks de nourriture de l'école.

La participation des parents et des petits exploitants agricoles locaux à l'approvisionnement des cantines scolaires en produits frais permet de renforcer l'appropriation et la responsabilité, et de faciliter la suppression progressive de l'aide du PAM au fil du temps.

Des bols de nourriture sont préparés pour les élèves de l'école primaire de Tsongobory dans la ville de Toliara à Madagascar. Crédit : Programme alimentaire mondial
Des bols de nourriture sont préparés pour les élèves de l'école primaire de Tsongobory dans la ville de Toliara à Madagascar.
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Programme alimentaire mondial

Le PAM dépense 45 dollars par an pour distribuer deux repas chauds diversifiés et nutritifs par jour à un élève.

En intégrant les petits exploitants agricoles au programme et en leur offrant une formation et un soutien spécifiques, le modèle d’ASPL contribue à la relance de l'économie locale. Ce dernier permet aux agriculteurs formés d'améliorer leur production qu'ils vendent aux écoles et aux marchés locaux, et de générer des revenus supplémentaires qu'ils peuvent réinvestir.

Par ailleurs, le PAM a distribué des produits non alimentaires aux écoles et a formé les comités de gestion des écoles dans le domaine de la gestion de l'alimentation scolaire afin qu'ils puissent gérer eux-mêmes le programme à long terme.

Les effets positifs de l'alimentation scolaire

Tsitofany

« Les repas scolaires me donnent de l'énergie et m'aident à me concentrer sur les cours. Les légumineuses sont mon plat préféré. Ma matière préférée est les sciences de la vie et de la terre. Quand je serai grand, j'aimerais devenir enseignant pour pouvoir transmettre mes connaissances aux autres. »

Tsitofany
Élève de 12 ans à l’école primaire de Tsongobory

Tsitofany, 12 ans, est scolarisé à l'école primaire de Tsongobory. Il se sent inspiré par son professeur dévoué, M. Christopher. « Il est dynamique et sait tout ! », affirme Tsitofany.

Les repas nutritifs qui sont servis tous les jours à la cantine de l'école l’encouragent à suivre les cours avec assiduité.

Pendant son temps libre, Tsitofany aime lire. Il espère que tous les enfants, en particulier ceux dont les parents ont de la peine à joindre les deux bouts, pourront bénéficier d'un programme d’alimentation scolaire.

« Les élèves sont plus concentrés et sont plus dynamiques en classe. Cela est dû en grande partie aux repas nutritifs qu'ils reçoivent tous les jours à la cantine de l'école. »

Firose Soazanany, directrice de l’école primaire de Tsongobory

La directrice de l'école, Firose Soazanany, explique avec fierté les effets positifs qu’exerce le programme sur les indicateurs scolaires : « Depuis la création de la cantine scolaire, le nombre d’élèves est passé de 400 en 2016 à 600 en 2023. De plus, le taux de réussite à l'examen officiel du CEPE (certificat d'études primaires élémentaires) est passé de 13 % en 2016 à 92 % en 2023. »

Des élèves reçoivent un repas chaud à l'école primaire de Tsongobory dans la ville de Toliara à Madagascar. Crédit : Programme alimentaire mondial
Des élèves reçoivent un repas chaud à l'école primaire de Tsongobory dans la ville de Toliara à Madagascar.
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Programme alimentaire mondial

Les évaluations du PAM sur les avantages du programme d'alimentation scolaire viennent corroborer cette analyse. En 2023, la distribution de repas quotidiens aux élèves des districts touchés par l'insécurité alimentaire a permis d’augmenter le taux de fréquentation scolaire qui a atteint 82 %, par rapport à 76 % en 2022.

Ce résultat est essentiellement dû à la création de cantines scolaires qui ont attiré les élèves et encouragé les parents à scolariser leurs enfants. Le taux de rétention scolaire a atteint 98,5 % en 2023, ce qui démontre que les interventions ont permis de maintenir les enfants à l'école.

Volazara, une mère de famille, confirme que le programme joue un rôle déterminant pour sa famille. Elle a cinq enfants qui sont scolarisés à l'école primaire de Tsongobory et bénéficient du programme d'alimentation scolaire.

« Le programme d'alimentation scolaire nous permet de réduire nos dépenses alimentaires. Nous pouvons consacrer une plus grande partie de nos revenus modestes à d'autres besoins essentiels. »

Volazara, mère de cinq enfants à Tsongobory, Madagascar

Le ministère de l'Éducation nationale et le PAM mettent en œuvre le programme d'alimentation scolaire pour 320 000 enfants dans 986 écoles primaires publiques réparties dans 20 districts, situés principalement dans les régions du sud et du sud-est du pays.

Le GPE a octroyé un financement d'urgence de 2022 à 2023 pour aider le gouvernement et le PAM à atteindre plus de 20 700 enfants dans 83 écoles issues des districts où la sécheresse a entraîné une grave insécurité alimentaire.

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