Mali : les repas scolaires soutiennent la scolarité des enfants dans les zones vulnérables
30 juillet 2024 par Secrétariat du GPE |
Lecture : 6 minutes

Au Mali, un programme d'alimentation scolaire financé par le GPE soutient les efforts du gouvernement pour améliorer les résultats d’apprentissage, promouvoir l’accès des filles à l’enseignement secondaire dans les zones vulnérables et améliorer la gouvernance du système éducatif.


Il est 10h ce mardi matin à l’école de Médine 3, à la périphérie de Bamako, capitale du Mali. Un groupe de femmes s’active dans les cuisines de l’école pour préparer le repas qui sera servi ce midi aux 1 000 élèves fréquentant l’école.

Le rituel est le même dans toutes les écoles bénéficiant du programme d’alimentation scolaire mis en œuvre dans le cadre du projet d’amélioration de la qualité et des résultats de l’éducation pour tous au Mali - MIQRA (du sigle en anglais), financé par le GPE et ses partenaires à hauteur de 140,7 millions de dollars (dont 45,7 millions du GPE).

Depuis plusieurs années, le Mali fait face à une crise sécuritaire qui a gravement compromis l'accès à l'éducation et la scolarisation de milliers d'enfants dans certaines régions du pays, notamment dans le nord.

Le secteur de l’éducation y est particulièrement affecté par les interruptions de l’offre éducative dans les zones de conflits et la faiblesse des résultats d’apprentissage qui en découle.

« La crise multiforme (sécuritaire, institutionnelle) qui secoue le Mali depuis le début des années 2010 a eu des conséquences néfastes sur le secteur de l’éducation. », affirme Ismaila Berthe, point focal GPE au ministère de l’Éducation du Mali. « Face au risque de rupture scolaire des populations fragilisées, le système éducatif se doit d’apporter des réponses à travers : la continuité pédagogique, la distribution de repas et de kits scolaires, l’organisation de cours de rattrapage, la prise en charge d’enseignants volontaires, etc. », poursuit-il.

C’est ce qui a justifié la mise en œuvre du MIQRA, en collaboration avec la Banque mondiale (agent partenaire pour le financement du GPE), l’UNICEF (agence de coordinatinon), USAID et le ministère de l’éducation, dans le but d’améliorer les résultats d'apprentissage, promouvoir l'accès des filles à l'enseignement secondaire dans les zones mal desservies et améliorer la gouvernance du système éducatif.

Offrir des repas pour encourager la scolarisation des enfants

Le dévouement des femmes s’affairant à préparer le repas à l’école de Médine 3 met en évidence le rôle crucial de la nutrition dans la scolarisation et la rétention des élèves.

« L’alimentation scolaire est un facteur ayant un impact positif sur la scolarisation et le maintien des enfants à l’école. » affirme M. Berthe. Des propos que corrobore Mamoutou Coulibaly, Spécialiste en gestion de programmes éducatifs à USAID Mali : « Le programme d’alimentation scolaire à travers MIQRA permet de maintenir présents les enfants à l'école pour suivre les cours de lecture et de mathématiques. »

C’est pourquoi le MIQRA a prévu la création de cantines scolaires pour encourager la scolarisation, soutenir la continuité de l’apprentissage et améliorer la rétention des élèves.

Repas servi à la cantine de l'école Médine 3. Crédit : GPE/Rary Adria Rakotoarivony
Repas servi à la cantine de l'école Médine 3.
Credit:
GPE/Rary Adria Rakotoarivony

Le programme prévoyait la création de cantines scolaires pour offrir 84 000 repas à environ 10 000 élèves du primaire et du premier cycle du secondaire par an dont 150 écoles dans les zones d’insécurité soutenu par le financement du GPE et 70 dans des zones d’insécurité alimentaire (dont fait partie l’école de Médine 3) financées par l’IDA (Banque mondiale).

Le financement du GPE a notamment soutenu la fourniture de vivres aux cantines scolaires existantes dans les zones non sécurisées accueillant 45 000 élèves par an ; la fourniture d'équipements de cuisine à 150 cantines scolaires situées dans des zones non sécurisées ; la formation de 3 000 membres des comités de gestion scolaire et de directeurs d'écoles sur la santé et l'assainissement scolaires.

Dans le cadre du projet, près de 75 000 enfants ont ainsi pu bénéficier de repas dans les écoles (dont près de 57 000 grâce au seul financement du GPE). Un nombre bien au-delà de la cible initiale de 40 000.

Des élèves mangeant à la cantine de l'école Médine 3 au Mali. Crédit : GPE/Rary Adria Rakotoarivony
Des élèves mangeant à la cantine de l'école Médine 3 au Mali.
Credit:
GPE/Rary Adria Rakotoarivony

Le choix des écoles participant au programme s’est fait sur la base de critères spécifiques tels que leur localisation dans des zones de grande vulnérabilité, avec la présence de réfugiés ou de besoins humanitaires importants.

Impliquer les communautés dans la mise en œuvre du programme

L’implication des communautés des collectivités territoriales abritant les écoles - à travers les comités de gestion scolaire à qui le Centre national des cantines scolaires (CNCS) a confié la gestion du programme au niveau des écoles - a été décisive pour la mise en œuvre du programme.

Les écoles participantes ont reçu des fonds du ministère de l’Éducation - par l’intermédiaire du CNCS - correspondant aux allocations convenues par enfant. Les fonds étaient par la suite transférés aux comités de gestion scolaire (CGS) qui étaient responsables de l'achat des produits alimentaires de base et de la gestion des cantines (approvisionnement en denrées alimentaires, préparation et service des repas aux élèves). Le ministère de l’éducation, à travers le CNCS, a également fourni du matériel de cuisine.

Plus de 1 000 cuisiniers ont également été formés dans le cadre du projet pour garantir sa bonne mise en œuvre.

Des femmes préparant le repas scolaire à l'école de Médine 3 au Mali. Crédit : GPE/Rary Adria Rakotoarivony
Des femmes préparant le repas scolaire à l'école de Médine 3 au Mali.
Credit:
GPE/Rary Adria Rakotoarivony

Au niveau de l’enseignement primaire, 230 CGS ont été mobilisés dans les 102 communes du projet de déploiement des ressources de l’État pour l’amélioration des services en tenant compte de l’existence de cantines scolaires.

L’implication des communautés locales a permis de renforcer le sentiment d’appropriation communautaire, les membres des comités de gestion étant généralement les parents des enfants qui en bénéficient.

Une augmentation des inscriptions dans les écoles

Tout en répondant à un besoin critique, le programme a favorisé une augmentation significative des inscriptions dans les écoles.

Au cours de l’année scolaire précédente par exemple, la seule école de Médine 3 a accueilli 300 nouveaux élèves, en grande partie grâce à la mise en œuvre du programme d’alimentation scolaire.

Cette croissance démontre le rôle essentiel que jouent de tels programmes pour attirer et retenir les élèves dans les écoles ; et améliorer l’accès à l’éducation dans les communautés vulnérables.

« La présence d’une cantine scolaire favorise le maintien des enfants à l’école, l’augmentation du temps d’apprentissage des élèves et créé ainsi les conditions favorables à l’amélioration des apprentissages. »

Habibatou Gologo, spécialiste en communications, Banque mondiale au Mali

Une approche de partenariat efficace

Ce succès est dû à la bonne collaboration entre les partenaires de mise en œuvre. Ceci d’autant plus que le programme s’inscrit dans la complémentarité des interventions menées par les partenaires, à l’instar de USAID, comme le souligne Mamoutou Coulibaly, Spécialiste en gestion de programmes éducatifs à USAID Mali : « Le programme d'alimentation scolaire complète les interventions de l’USAID en permettant la fréquentation régulière des écoles par les apprenants. »

Pierre Ngom, Représentant de l’UNICEF au Mali, soutient quant à lui que :« Les partenaires techniques et financiers mettent aussi en œuvre les programmes de nutrition à travers les cantines scolaires, lesquelles jouent un rôle primordial pour le maintien des enfants à l’école et dans l’amélioration de leur rendement scolaire. ».

De plus, des missions de supervision comprenant entre autres des personnels du ministère et des collectivités territoriales ont été régulièrement menées dans les régions sécurisées du pays pour évaluer l'efficacité des transferts vers les comités de gestion scolaire et le fonctionnement des cantines au niveau des écoles.

Dans les régions où les déplacements étaient restreints ou suspendus, le suivi du programme a été possible grâce à la collaboration avec les communautés locales et les ONG du cluster Éducation d'urgence.

Surmonter les défis à la mise en œuvre du programme

Qu’ils soient d’ordre sécuritaire, logistique ou humain, la mise en œuvre du programme a fait face à des défis.

À l’école de Médine 3, par exemple, les membres du comité de gestion scolaire ont exprimé leurs inquiétudes concernant le budget alloué. Le nombre d’inscriptions n’ayant cessé d’augmenter depuis le début du programme, il est parfois difficile de servir convenablement tous les élèves.

À cela s’ajoutent les difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires dans certaines régions (rupture de stock chez les fournisseurs locaux, par exemple) et les risques sécuritaires qui limitent les mouvements et affectent les livraisons de vivres dans certaines régions.

Leçons et perspectives pour le futur

Lors de notre visite à l’école de Médine 3, nous avons entendu le témoignage particulièrement émouvant d’une mère, qui parcourt chaque jour plus de 4 kilomètres pour assurer que ses enfants scolarisés puissent manger, tandis que ses autres enfants (non-scolarisés) restent livrés à eux-mêmes.

Ce récit montre bien la résilience et la détermination des membres de la communauté d’une part, et l'impact du programme sur leur quotidien.

Ce programme d’alimentation scolaire rappelle l’importance d’assurer la continuité de l’éducation en période de crise. Car en temps de crise, l’école assure aux enfants de continuer à s’instruire certes, mais y aller leur procure également un sentiment de normalité qui favorise la résilience, l'inclusion et la tolérance, tout en soutenant les processus à long terme de rétablissement et de consolidation de la paix.

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