Quand les filles s’emparent du combat contre la violence basée sur le genre en milieu scolaire
Une ambassadrice de la jeunesse au GPE utilise sa voix pour sensibiliser le public sur les violences basées sur le genre en milieu scolaire et la manière de donner aux filles le pouvoir de riposter.
20 octobre 2018 par Megha Kashyap
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Lecture : 4 minutes
Des élèves de l'école du Centre à Conakry en Guinée. Crédit GPE/Tabassy Baro
Des élèves de l'école du Centre à Conakry en Guinée

La violence basée sur le genre, surtout celle commise en milieu scolaire, se vit dans presque tous les pays. Selon ONU Femmes et l’UNESCO, plus de 246 millions d’enfants font l’objet de violence basée sur le genre en milieu scolaire.

Les filles sont particulièrement vulnérables à cette violence du fait des normes et stéréotypes liés au sexe. Près de la moitié de la totalité des agressions sexuelles sont commises contre des filles de moins de 16 ans. Cette violence compromet leur développement physique et socio-affectif.

Les filles décrochent de l’école ou sont incapables d’apprendre ; à long terme, leur santé est exposée à des risques, et elles peuvent se retrouver piégées dans un cycle de violence et d’abus. Pour les enfants, la violence liée au genre a des effets dévastateurs à long terme.

Je m’associe à cette cause

Afin de jouer mon rôle et de prendre part au changement que je souhaite voir, j’ai commencé à travailler en faveur de l’égalité des sexes et de la protection des enfants en Inde. Pendant mon enfance dans ce pays, j’ai pu voir comment les normes sociales perpétuent la violence liée au genre dans les milieux scolaires.

Les manuels scolaires, par exemple, offraient une description stéréotypée des métiers et rôles sociaux selon le sexe : les soldats et les médecins étaient des hommes, tandis que les femmes apprenaient à cuisiner et faire le ménage.

Souvent, lors des cours d'éducation physique, on encourageait les garçons à pratiquer des sports en extérieur et les filles à faire des activités sportives moins exigeantes sur le plan physique. Or les données montrent qu’une grande partie de la violence liée au genre s’exerce à l’école. L’école est donc le lieu où celle-ci doit être le plus largement combattue.

Dans un pays aussi vaste et hétérogène que l’Inde, confronté à des difficultés pressantes telles que la pauvreté et les inégalités, une perspective éducative sensible à l'égalité des sexes constitue rarement une priorité. Une telle perspective est pourtant essentielle, puisqu’elle nous permet de remettre en question les normes sociales sexistes nuisibles qui légitiment la violence liée au genre et l'absence de sanction et de responsabilisation des auteurs.

Dans le cadre de mon travail à Oxfam Inde, je codirige la campagne Bano Nayi Soch en faveur de l’égalité des sexes et de la lutte contre la violence contre les femmes et les filles. Nos recherches dans tout le pays mettent en évidence la sinistre réalité du milieu violent dans lesquels les filles vivent et luttent pour achever leur éducation.

On nous a rapporté des exemples de discrimination quotidienne, notamment des cas où les filles n'ont pas le droit de se retrouver dans les mêmes lieux que les garçons.

De nombreuse filles rapportent que dans leur communauté et dans leur classe, ce sont les garçons qui sont implicitement des leaders, même lorsque les filles sont plus nombreuses. Nombre d’entre elles se demandent si leurs mères sont conscientes des abus dont elles font souvent l’objet chez elles.

Mobiliser de jeunes ambassadeurs pour lutter contre la violence liée au genre

Dans le cadre de cette campagne, je travaille avec des jeunes à la remise en cause des stéréotypes liés au sexe, afin de bâtir une société plus égalitaire. J'anime des ateliers et des formations destinés aux jeunes en utilisant des films et d’autres formes de média pour contribuer à une redéfinition de la sociabilisation favorable à l'égalité des sexes.

Cela signifie également qu’il faut collaborer avec les garçons et les hommes pour renverser la hiérarchie sociale basée sur le sexe. Dans cette ère d'évolution technologique continuelle, avec 42 % de la population mondiale âgée de moins de 25 ans, je crois sincèrement que le pouvoir de changer appartient aux jeunes.

Grâce à nos programmes, j’ai vu des jeunes, en particulier des jeunes filles, remettre en question la discrimination et le harcèlement liés au genre. Nos championnes Gurbaru Sirdar de Chattisgarh, qui a défié les normes sociales, en refusant de se marier très jeune pour poursuivre son rêve et Dolly, de Muzzafarnagar, qui s’est lancée dans une carrière professionnelle de kick-boxing, sont des exemples sur le terrain.

Elles ont initié des débats sur le harcèlement sexuel dans les lieux publics, remettant en question l’idée selon laquelle la victime est à blâmer, une fille harcelée étant généralement perçue comme ayant fait quelque chose pour provoquer l'auteur et donc, l’ayant bien cherché. J’ai eu l’occasion de rencontrer ces jeunes championnes du changement qui bousculent le statu quo, et elles me donnent un immense espoir.

J’espère qu’elles contribueront à modifier nos comportements à la maison, à l’école et au sein de nos communautés. Nous savons que le changement nécessite à la fois des forces ascendantes et descendantes.

Il nous faut veiller à ce qu'existent la volonté politique et les financements adéquats pour l’éducation des filles, et qu’une planification favorable à l’égalité des sexes soit mise en place dans le secteur éducatif partout dans le monde, afin que les droits des filles soient protégés.

L’éducation est la bataille de front de l’égalité entre les sexes et l’émancipation des filles.

Elle permettra aux filles de mener une vie émancipée socialement et économiquement. Nous savons qu’émanciper les filles est vital pour des sociétés plus saines, progressistes et prospères.

Les jeunes du monde entier ont récemment diffusé un appel à l’action pour mettre fin à la violence basée sur le genre en milieu scolaire. Il est désormais temps que les dirigeants du monde et la communauté internationale agissent : il faut en effet investir dans l’éducation des filles, veiller à ce que les écoles proposent un soutien psychosocial aux enfants confrontés à la violence liée au genre, et surtout, tenter de faire évoluer les normes et les mentalités qui défavorisent les filles à l'école et tout au long de leur vie.

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