L’éducation tenant compte du climat : la vision de la jeunesse

Réflexions des jeunes leaders du GPE sur le rôle essentiel de l’éducation dans un monde confronté au changement climatique et sur ce à quoi devrait ressembler une éducation sensible au climat.

03 décembre 2024 par Ayesha Khan, GPE Secretariat, et Anjalie Sookra, GPE Secretariat
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Lecture : 4 minutes
Des élèves versent des feuilles mortes dans la fosse à compost après les avoir récupérées sur le campus de l'école, dans le cadre de l'activité « École Swachh » dans le village Pacci Tibbi, dans le district de Shri Muktsar Sahib, dans la province du Pendjab en Inde. Crédit : UNICEF/UN0754230/Jain
Des élèves versent des feuilles mortes dans la fosse à compost après les avoir récupérées sur le campus de l'école, dans le cadre de l'activité « École Swachh » dans le village Pacci Tibbi, dans le district de Shri Muktsar Sahib, dans la province du Pendjab en Inde.
Credit: UNICEF/UN0754230/Jain

Alors que le changement climatique transforme notre monde, il devient impératif de repenser nos systèmes éducatifs pour répondre aux nouveaux défis. Il est urgent de doter les futures générations de compétences à cette nouvelle réalité.

Les impacts du changement climatique sont étroitement liés à des problématiques telles que la santé publique, l’égalité des genres, les droits des personnes en situation de handicap et les déplacements de population. Il est donc évident que l’éducation doit évoluer pour devenir plus inclusive, résiliente et capable de s'adapter à ces enjeux interconnectés.

Véritable force motrice de cette transformation, de jeunes leaders à travers le monde ont entrepris de défendre le rôle fondamental que joue l’éducation dans un monde en plein bouleversement climatique.

Dans ce blog, nous mettons en avant les réflexions de deux jeunes leaders du GPE qui sont passionnantes et repoussent les limites de ce à quoi peut ressembler une éducation tenant compte du changement climatique.

Ayesha, originaire du Canada fait ainsi ressortir les liens cruciaux entre la nutrition, l'éducation et le climat, soulignant la nécessité de mettre en œuvre une approche intégrant la question du changement climatique dans la gestion des programmes d’alimentation scolaire. Anjalie, originaire du Guyana avance, quant à elle, une perspective essentielle sur le handicap et l'inclusivité, en préconisant des systèmes éducatifs qui ne laissent personne de côté, à l’heure de l’adaptation aux nouvelles réalités climatiques.

Ensemble, elles nous montrent comment des approches adaptées et inclusives peuvent assurer un avenir où chaque élève dispose des outils et des connaissances nécessaires pour réussir dans un monde en pleine mutation et résoudre les obstacles qui se présentent.

Ayesha Khan
Ayesha Khan, jeune leader du GPE originaire du Canada.

Ayesha, Canada

Les programmes d’alimentation scolaire représentent une véritable bouée de sauvetage pour plus de 450 millions d’enfants dans le monde, offrant une source de nutrition à la fois stable et fiable. Ces programmes permettent de maintenir les enfants vulnérables sur les bancs de l’école et génèrent des bénéfices à long terme tant sur le plan de la santé que de l’éducation.

Cependant, avec l'aggravation de la crise climatique mondiale, cette aide essentielle pourrait être compromise. Les phénomènes climatiques extrêmes, des sécheresses aux inondations, perturbent les systèmes alimentaires et éducatifs, en particulier dans les pays à faible revenu, compliquant la mise en œuvre de programmes véritablement efficaces en matière d’alimentation.

Il ne peut pas y avoir de repas à l’école si les agriculteurs ne peuvent pas cultiver d’aliments à cause de la sécheresse. Il ne peut pas y avoir de repas à l’école si les infrastructures des cuisines sont emportées par les crues. Il ne peut pas y avoir de repas à l’école sans ventilation adéquate dans les établissements pendant les vagues de chaleur.

Face à cette crise climatique, j’appelle les dirigeants à reconsidérer le rôle que jouent les programmes d’alimentation scolaire et à reconnaître l’opportunité exceptionnelle qu’ils offrent pour faire progresser la lutte contre le changement climatique et de renforcer la résilience face la fragilité provoquée par le changement climatique.

Si les programmes d’alimentation scolaire peuvent contribuer à la crise climatique en raison des déchets et des émissions de gaz à effet de serre, il est possible à la fois d’atténuer ces répercussions et de susciter une action positive en mettant en œuvre une approche prenant en compte le changement climatique.

Une telle approche permet de tenir compte de la question du développement durable dans l’approvisionnement en aliment, tout en sensibilisant les enfants à l’importance de privilégier des choix alimentaires durables tout au long de leur vie. Par exemple, les politiques relatives aux programmes d’alimentation scolaire peuvent encourager des pratiques agricoles durables qui favorisent la protection et la promotion de la biodiversité.

Face aux nombreux exemples de pays africains qui mettent en œuvre des programmes d’alimentation scolaire intégrant le changement climatique (comme au Kenya par exemple), la communauté internationale doit tirer un enseignement des approches prometteuses déployées en matière d’alimentation scolaire qui sont à la fois bonnes pour la planète et pour les enfants, et davantage soutenir ces approches.

Anjalie Sookra
Anjalie Sookra, jeune leader du GPE originaire du Guyana.

Anjalie, Guyana

En tant que jeune leader malvoyante et conseillère scolaire au Guyana, je suis honorée de vous présenter mon point de vue sur le lien qui existe entre le changement climatique, l’éducation et le bien-être de notre communauté.

Des études récentes menées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont démontré que les impacts des phénomènes météorologiques extrêmes, des inondations et des perturbations de services touchent les plus vulnérables, notamment les femmes, les filles, les personnes en situation de handicap et les personnes âgées.

Toutefois, il n’y a pas que les difficultés physiques. Les répercussions émotionnelles qu’engendrent les catastrophes naturelles liées au changement climatique sont tout aussi profondes.

Ces événements, associés à la menace permanente de l’élévation du niveau de la mer, ont accru le sentiment d’anxiété et de stress au sein de la population guyanaise, en particulier sachant que la région la plus peuplée, la plaine littorale, se situe au-dessous du niveau de la mer.

Beaucoup de gens souffrent d’anxiété accrue et de dépression à cause de la hausse des températures, laquelle contribue à des problèmes de santé physique comme des crises cardiaques et des attaques cérébrales chez les adultes âgés, ainsi que des déséquilibres hormonaux chez les jeunes filles.

Un grand nombre de jeunes, plus particulièrement, ressentent un degré plus aigu d’anxiété, de dépression et de traumatisme à cause du changement climatique, ce qui vient s’ajouter à leurs difficultés quotidiennes.

C’est la raison pour laquelle j’ai étroitement collaboré avec le Conseil guyanais des organisations pour les personnes handicapées afin de tenter de créer des politiques et des programmes permettant de mieux protéger et soutenir les personnes handicapées lors de situations d’urgence liées au changement climatique.

L’une de ces initiatives consiste à élaborer des plans d’évacuation accessibles pour les personnes handicapées en cas de catastrophe naturelle. Le processus avance lentement, mais je suis convaincue que nous pouvons faire de réels progrès.

En même temps, je suis persuadée que l’éducation a un rôle fondamental à jouer.

En éduquant les élèves à la résilience climatique et à la prise en charge de la santé mentale, nous pouvons leur donner les compétences et les connaissances dont ils ont besoin pour non seulement appréhender les impacts du changement climatique dans leur vie quotidienne, mais également nourrir leurs espoirs en demain.

Veiller à ce que l’école soit accessible et accueillante pour tous est essentiel pour bâtir un monde plus juste et durable.

Comme l’a dit le poète guyanais Martin Carter, « nous, le peuple, devons être le changement que nous souhaitons voir dans le monde ». Par la compassion, la collaboration et un engagement à l’égard de la justice sociale et environnementale, je sais que nous pouvons créer un Guyana et un monde solidaires.

L’éducation permet à la jeunesse de nous conduire vers un avenir durable

Comme le démontrent Ayesha et Anjalie, les intersections entre le climat et l’éducation exigent plus qu’une simple adaptation. Elles nécessitent de repenser la manière dont l’éducation peut être une véritable force motrice de résilience, d’inclusivité et d’espoir.

En bâtissant des systèmes éducatifs qui tiennent compte de la diversité des besoins des élèves qui sont touchés par le changement climatique et en intégrant des compétences vitales pour les marchés de l’emploi de demain, nous pouvons donner les moyens aux jeunes de mettre en œuvre des solutions favorables à un avenir durable.

Leur analyse nous rappelle que l’éducation ne consiste pas seulement à transmettre des connaissances, mais également à outiller la prochaine génération pour créer un monde où chacun a une place et une voix.

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