L’éducation est le meilleur investissement qu'un gouvernement puisse faire

La crise de l’éducation aggravée par la pandémie de COVID-19 à laquelle font face les systèmes éducatifs, combinée aux chocs économiques et à la pression accrue sur les finances publiques affectent considérablement le financement de l'éducation. Toutefois, si l'éducation est clairement victime de la pandémie, elle peut également être la solution pour la remise sur pied des systèmes sur le long terme, à condition qu’elle soit financée correctement.

25 février 2021 par Senator Dr Getrude Musuruve Inimah, International Parliamentary Network for Education, et Hon Harriett Baldwin MP, International Parliamentary Network for Education
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Des élèves partageant un manuel à l'école de Nyamachaki dans le comté de Nyeri au Kenya. Crédit : GPE/Kelley Lynch
Des élèves partageant un manuel à l'école de Nyamachaki dans le comté de Nyeri au Kenya.
Credit: Crédit : GPE/Kelley Lynch

Nous vivons une époque inédite. À l’heure où nous écrivons ces lignes, près de 2,5 millions de personnes dans le monde ont déjà perdu la vie à cause de la COVID-19 et font face à la pire crise économique que le monde ait connu depuis la Grande Dépression.

L’urgence sanitaire et économique provoquée par la pandémie a également exacerbé la crise mondiale de l’apprentissage, affectant à la fois le financement et l’offre d’éducation dans le monde et touchant le plus durement les pays les plus pauvres du monde et les apprenants les plus vulnérables.

La pandémie de COVID-19 a mis à nu les disparités auxquelles font face les enfants et les jeunes pour accéder à une éducation de qualité. Elle a notamment exposé les 258 millions d'enfants qui n'étaient déjà pas scolarisés avant le début de la pandémie et les millions d'autres qui allaient à l'école, mais n’acquéraient pas les compétences de base, notamment en lecture.

Des dizaines de millions d'enfants de plus risquent désormais de les rejoindre.

Un mélange d’éléments qui affecte gravement le financement de l’éducation

La perturbation des systèmes éducatifs déjà confrontés à de nombreux défis, combinée aux chocs économiques et à la pression accrue sur les finances publiques, crée un cocktail particulièrement néfaste pour le financement de l'éducation.

Les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure étaient déjà confrontés à un déficit annuel croissant de financement de l'éducation de près de 150 milliards de dollars US. Comme pour aggraver les choses, les coûts supplémentaires dus aux fermetures d'écoles liées à la pandémie de COVID-19 risquent d'augmenter l'écart de jusqu'à un tiers.

Ces coûts, associés à une croissance lente ou négative, risquent d’entraîner une diminution des budgets alloués à l'éducation qui quant à eux sont susceptibles d'être réduits du fait de la baisse des dépenses publiques et de la pression que subissent les gouvernements, contraints d’allouer les fonds à d’autres secteurs. Ces mêmes pressions devraient avoir un effet similaire sur les budgets de l'aide au développement.

Ces évolutions au niveau national se reflèteront sur les budgets des ménages qui verront une diminution des revenus personnels et des transferts de fonds. Par conséquent, l’argent dépensé par les familles pour l’éducation de leurs enfants diminuera donc.

Il est estimé que cette génération d'apprenants risque de perdre l’équivalent d’environ 1 000 milliards de dollars de revenus au fil du temps, du fait des fermetures d'écoles liées à la COVID-19. Par conséquent, ils risquent de ne jamais réaliser leur plein potentiel en termes d'éducation, d'emploi et de revenus.

L'éducation doit être au cœur de la reprise à l’échelle mondiale

Cependant, si l'éducation est clairement une des nombreuses victimes de la pandémie, elle est également, à long terme, la solution pour la reprise.

L'éducation est au cœur de tout l'agenda du développement durable. Elle est essentielle à l’économie mondiale et à l’amélioration des revenus individuels. Elle est indispensable pour assurer la santé des populations et la paix. C'est la clé pour faire face aux crises économiques, sanitaires, environnementales et sociales auxquelles nous sommes confrontés. L’éducation est fondamentale pour notre capacité à mieux reconstruire.

Malgré cela, l'éducation a été la grande oubliée des budgets des ripostes à la pandémie. Jusqu'à présent, 1 200 milliards de dollars au total ont été alloués à des plans de relance dans 192 pays. Cependant, la part allouée à l'éducation et à la formation représente moins de 1 % de ce montant.

Afin d'éviter les pires résultats en matière d'éducation et d'atténuer la pression supplémentaire sur le déficit de financement de ce secteur, nous devons protéger le financement de l'éducation. Et ce, de toute urgence.

Un plan en trois points pour protéger le financement de l'éducation

Pour marquer la Journée internationale de l'éducation le mois dernier, le Réseau international des parlementaires pour l'éducation a lancé un plan simple en trois points pour y parvenir. Ledit plan consiste à :

  1. Renforcer la mobilisation des recettes intérieures et augmenter la part des dépenses d'éducation
  2. Protéger et accroître l'aide publique au développement allouée à l'éducation
  3. Renforcer la coordination internationale pour faire face à la crise de la dette.

La promesse d'un partenariat mondial pour l'éducation entièrement financé

La quatrième campagne de financement du Partenariat mondial pour l’éducation est une belle opportunité pour les gouvernements du monde entier, tant les pays donateurs que les pays en développement, d’agir sur les deux premiers points de ce plan.

Nous avons été ravis que les dirigeants de nos deux pays, le Président Uhuru Kenyatta du Kenya et le Premier Ministre Boris Johnson du Royaume-Uni, aient annoncé qu’ils co-organiseraient le Sommet mondial sur l’éducation organisé par le GPE en juillet prochain.

Leur leadership pose les bases d’un engagement politique grandissant en faveur de l’éducation et de la mobilisation des fonds nécessaires pour soutenir le GPE 2025, le nouveau plan stratégique du GPE.

Une vision partagée d'une éducation de qualité pour tous

Le Kenya et le Royaume-Uni sont liés par cette vision commune d'un monde dans lequel chaque enfant a la chance de bénéficier d'une éducation de qualité ; et nous apprécions le rôle que le GPE a et peut continuer de jouer pour faire avancer cette cause.

Le GPE a investi plus de 230 millions de dollars au Kenya pour nous aider à atteindre l'enseignement primaire universel et la parité entre les sexes en matière de scolarisation. Nous travaillons également en partenariat avec le GPE pour améliorer l'apprentissage. Nous avons atteint, en l'espace de deux ans, notre objectif (à long terme) d'un manuel scolaire pour chaque enfant. Depuis 2017, 60 millions de manuels ont été distribués aux écoles primaires et aux établissements d’enseignement secondaire, dont plus de 10 millions grâce au soutien direct du GPE.

Pour sa part, le Royaume-Uni est l’un des principaux donateurs du GPE. Nous considérons l'éducation en général et le GPE en particulier comme un élément important pour nos objectifs, plus larges, de transformer les vies de millions d'enfants et de leurs familles, et d’ouvrir ainsi la voie à des sociétés plus pacifiques, plus prospères et plus durables.

Couverture du plaidoyer pour l'investissement de la campagne Lève la main
Couverture du plaidoyer pour l'investissement de la campagne "Lève la main" lancée par le GPE.

Une opportunité unique de transformer l'éducation

En plus d’accueillir le sommet du GPE, le Premier ministre et le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni se sont engagés à inscrire l’éducation, notamment celle des filles, dans l’agenda du G7 que le Royaume-Uni préside cette année. C’est un moment décisif dont les plus grandes économies du monde peuvent se saisir pour transformer l’éducation en ce 21e siècle.

Il incombe désormais aux autres pays, aussi bien les pays en développement que les pays donateurs, de se joindre à nous et de veiller à ce que les investissements dans l'éducation soit au cœur des programmes de remise sur pied post-COVID-19, tant au niveau national qu’international. En fait, la campagne de financement du GPE servira de test pour évaluer à quel point la communauté internationale est prête à soutenir l’éducation des enfants vivant dans les pays les plus pauvres du monde.

Un engagement politique et financier croissant en faveur de l'éducation

En tant que coprésidentes du Réseau international des parlementaires pour l’éducation (IPNEd) - le premier et le seul organe parlementaire d’envergure mondiale dédié à l’éducation - nous nous engageons à renforcer l’engagement politique et l’action en faveur de l’éducation, en collaborant avec nos membres à travers le monde.

Cette année, assurer le succès de la campagne de financement du GPE sera une priorité pour le Réseau et nos membres. Nous travaillerons également à soutenir L’éducation sans délai, un fonds qui fournit un financement essentiel et complémentaire pour l'éducation dans les situations d'urgence ; et appellerons également à une augmentation des niveaux globaux d'aide à l'éducation..

L’aide au développement est un élément important mais limité de la solution aux problèmes que nous avons décrits. Nous aiderons également nos membres à augmenter leurs propres budgets nationaux de l'éducation, en veillant à ce que leurs dépenses dans le secteur mènent à de meilleurs résultats d'apprentissage et ne laissent aucun enfant de côté.

L'allègement, le report et la restructuration de la dette des pays à revenu faible et intermédiaire qui demandent des délais de grâce est une autre stratégie cruciale pour créer l'espace budgétaire dont ils ont besoin pour investir dans l'éducation et sur laquelle nous travaillerons.

Comme l’a souligné le Premier Ministre Boris Johnson lorsqu’il a annoncé le Royaume-Uni et le Kenya co-organiseraient le sommet mondial sur l'éducation : Financer le GPE 2021 - 2025, « rien de tout cela n’est nouveau ou sujet à controverse ». Cela relève juste du bon sens et c'est le meilleur investissement qu'un gouvernement puisse faire. L'avenir du monde en dépend.

La sénatrice Musuruve et la députée Harriett Baldwin animeront conjointement l’édition 2021 de la conférence annuelle de la Journée du Commonwealth, organisée par le Conseil de l'éducation du Commonwealth le 8 mars. Pour vous inscrire à l'événement, bien vouloir vous rendre sur : https://www.eventbrite.co.uk/e/2021-annual-commonwealth-day-lecture-tickets-137820212967

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