J'écris cet article à titre personnel, bien que ma manière de pensée ait été influencée par mes diverses expériences en tant que ministre de l'Éducation, Première ministre, Présidente du Conseil d'administration du Partenariat mondial pour l'éducation (GPE), en tant que l'une des trois premières ambassadrices du fonds baptisé L'Éducation sans délai et membre de son Comité directeur de haut niveau, membre de la Commission de l'éducation, membre distinguée de la Brookings Institution et en tant que participante régulière aux réunions de la Global Business Education Coalition.
Si l’on additionne mon engagement politique au niveau national en faveur de l'éducation et mon travail y afférant à l'échelle mondiale, cela fait plus de dix ans que je suis activement engagée dans ce domaine.
Quand je regarde en arrière, je peux identifier de nombreux points forts et réalisations de la communauté internationale de l’éducation. Personnellement, je suis particulièrement fière de la manière dont le GPE s’est renforcé et a grandi alors que j’ai eu le privilège d’être sa Présidente.
Cependant, nous devons faire beaucoup plus. Bill Gates nous a récemment mis au défi avec un Tweet disant : « L’éducation en est aujourd’hui là où la santé était en 1990 ». Alors que ma première réaction aurait été de lui répondre : « Bill, nous travaillons dur et faisons mieux », intérieurement, je me dis : « bon sang, ces mots sont tellement vrais ».
Et lorsque les pays en développement, les bailleurs de fonds, la société civile, les philanthropes, les universitaires, les agences multilatérales et d'autres parties prenantes me répètent sans cesse leur confusion et leur frustration face à l'architecture de l'éducation dans le monde et leur inquiétude, malgré tout ce qui est mis en œuvre, par rapport au retard vers la réalisation de l’Objectif de développement durable 4, je réponds également : « Bon sang, je suis d’accord ».
Malgré les stéréotypes sur les Australiens, je ne conçois pas mon rôle qui me permet de voyager à travers le monde en jurant. Mais, je vous assure que je peux utiliser bien plus de mots que « bon sang ».
À travers cet article, je tente de passer de la frustration à la réalisation de certains progrès nécessaires. Il ne s’agit pas d’un Plan mondial pour l’éducation, dont beaucoup ont débattu après l’adoption d’un plan mondial pour la santé.
Il s’agit plutôt de premières étapes organisationnelles qui, à mon avis, sont essentielles pour nous positionner en tant que communauté internationale de l’éducation, capable de conjuguer réflexion stratégique, innovation, planification, mise en œuvre et responsabilité.
Inévitablement, certaines choses conviendront, d’autres non. J'ai délibérément opté pour être franche et force de proposition pour encourager les autres à faire de même dans leurs réponses.
Comme nous le savons tous, il existe désormais un grand nombre d’agences multilatérales impliquées dans le secteur de l’éducation. Voici la liste par ordre alphabétique : la Banque mondiale et les banques de développement régionales, L’Éducation sans délai, l’Education Outcomes Fund, le HCR, le Mécanisme international de financement de l’éducation, le Partenariat mondial pour l’éducation, l'UNESCO et l'UNICEF.
Bien entendu, derrière cette simple liste se cache une histoire bien plus complexe. Ces organisations en sont à différents stades de leur développement et un certain nombre d'entre elles ont un mandat beaucoup plus large que celui de l'éducation. Mais, le simple fait d’écrire cette liste nous mène inévitablement à la conclusion que cette multiplicité d’acteurs peut constituer une grande force ou bien une sérieuse faiblesse.
Les risques de fragmentation, de duplication et d’incohérence stratégique sont évidents. Il en va de même pour les risques concernant le plaidoyer : cette multiplicité d’acteurs pourrait facilement faire émerger des querelles au sujet de la répartition des ressources actuelles, affecter le déblocage de nouveaux fonds et les efforts visant à une plus grande innovation.
Cela signifie qu'il est essentiel de déterminer comment tirer le meilleur parti de cette architecture, mesurée par l'impact sur l'apprentissage au niveau des pays. Mais ce n’est pas la seule chose que nous devons faire. Même si l'architecture actuelle de l'éducation fonctionnait parfaitement, de nombreux autres défis existent, en termes de ressources, de connaissances et de responsabilité dans notre quête de voir chaque enfant apprendre. Pour y parvenir, nous avons besoin d'une approche collective pour résoudre tous ces défis.
Étant donné qu'il y a tant à faire, nous devons parfaitement savoir qui fera quoi et à quel moment. Pour nous organiser, nous devons admettre que certains des problèmes à résoudre sont d’ordres techniques et que d'autres sont d’ordres politiques. Je suis dans la politique depuis trop longtemps pour ne pas savoir que ces deux choses sont liées et influent l’une sur l’autre. Mais je sais aussi, par expérience, que vous vous retrouvez dans une situation confuse si vous ne savez pas exactement qui se concentre sur quel élément et qui est responsable de quoi.
Je propose donc trois étapes, que nous devons adopter urgemment et ensemble, afin de veiller à la clarté de l’objectif et des rôles, alors que nous nous employons à œuvrer de manière cohérente et à devenir plus visionnaires, stratégiques et efficaces pour faire face à la crise de l’apprentissage.