Le point de vue des jeunes sur l’éducation des refugiés

Les jeunes leaders du GPE donnent leur point de vue sur les éléments à prendre en compte pour l'éducation des enfants réfugiés ; les obstacles à leur inclusion dans les systèmes éducatifs des pays d'accueil et les actions clés pour garantir qu'ils puissent continuer à apprendre.

12 décembre 2023 par Secrétariat du GPE
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Lecture : 5 minutes
Des élèves dans la cour de l'école St. Bakhita, le matin avant le début des cours. Province de Yambio, Soudan du Sud. Crédit : GPE/Jok Solomon
Des élèves dans la cour de l'école St. Bakhita, le matin avant le début des cours. Province de Yambio, Soudan du Sud.
Credit: GPE/Jok Solomon
Heela Yoon

Heela Yoon, Royaume-Uni

Fondatrice d'Afghan Youth Ambassadors for Peace, elle a obtenu une bourse Cora Weiss pour la promotion de la paix. Elle est membre du United Network of Young Peacebuilders (UNOY) et du Network for Religious and Traditional Peacemakers.

Omar Alkadamani

Omar Alkadamani, Allemagne

Actif au sein du Parlement des jeunes de sa ville, il travaille comme conseiller pour la jeunesse auprès du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Il est aussi bénévole pour YoupaN, BrandNewBundestag et pour d'autres programmes.

Seme Luate Cons Lomoro

Seme Luate Cons Lomoro, Soudan du Sud

Basé dans le camp de réfugiés de Bidibidi en Ouganda, il est membre de I CAN South Sudan, une organisation dirigée par des jeunes et des réfugiés. Il y coordonne un projet visant à scolariser et fournir des dispositifs d'aide à l'apprentissage aux enfants réfugiés en situation de handicap.

D'après votre propre expérience, quels sont, selon vous, les éléments les plus importants à prendre en compte dans le cadre de la réflexion sur l'éducation des enfants réfugiés ?

Heela Yoon
“D'après mon expérience de réfugiée, je pense que nous devons envisager des approches et des programmes scolaires qui tiennent compte des traumatismes, afin que les environnements d'apprentissage reconnaissent que les enfants réfugiés ont subi des traumatismes et se préparent de manière adéquate à répondre aux répercussions de ces traumatismes, par exemple, en mettant à disposition des conseillers formés à cette fin. Un partenariat solide avec le gouvernement d'accueil et les organisations de la société civile locales pourrait éclairer les politiques et les financements qui préparent les écoles à accueillir les réfugiés. En outre, il est important de comprendre la dynamique des genres et le contexte financier des réfugiés. Ceci est nécessaire pour déterminer les lacunes en matière d'enseignement et d'infrastructure, ce qui peut permettre de déterminer la meilleure façon d'apporter un soutien adapté aux besoins d'apprentissage. L'analyse de la culture et des barrières politiques qui existent (telles que le droit des réfugiés à travailler, étudier et se déplacer) dans le pays d'accueil peut alimenter les priorités de plaidoyer et la conception des programmes scolaires pour les enfants.”
Heela Yoon
Omar Alkadamani
“Je pense qu'il est important de réfléchir à tous les aspects de l'éducation, y compris en dehors du temps scolaire. L'éducation a besoin d'un environnement sain où les enfants n'ont pas à se soucier de la nourriture, de la situation financière de leurs parents ou du transport de la maison à l'école. Je ne pourrais jamais me concentrer sur mes études si je devais travailler pour payer mes repas quotidiens et mon matériel scolaire. Mes parents ne pourraient pas soutenir mon éducation autant qu'ils le font s'ils ne bénéficiaient pas d'un soutien suffisant de la part de la communauté locale pour comprendre les systèmes scolaires.”
Omar Alkadamani
Seme Luate Cons Lomoro
“Pour garantir que chaque enfant réfugié ait le droit d'apprendre, nous devons tenir compte de la dynamique de genre des réfugiés, car la plupart des communautés considèrent qu'il n'est pas important d'éduquer les filles. Le défi est double lorsque le pays d'origine des réfugiés et les communautés d'accueil ne considèrent pas l'éducation des filles comme une priorité en raison des normes sociales. Cela signifie que les communautés d'accueil et les organisations de la société civile doivent donner la priorité à l'éducation des filles dans la conception des programmes. Fournir des repas scolaires est également important, car les enfants sont plus performants lorsqu’ils ont de quoi manger chaque jour à l'école.”
Seme Luate

D'après votre expérience, quels sont les obstacles à l'intégration des réfugiés dans les systèmes éducatifs des pays d'accueil ?

Omar Alkadamani
“En repensant à ma propre expérience, j'invite les pays d'accueil à donner des opportunités aux enfants réfugiés d’expliquer leurs besoins et leurs points de vue, et avoir autant de contacts sains/positifs que possible avec les communautés d'accueil. Le plus grand obstacle est le préjugé des autres élèves, qui est dû à une intégration limitée avec les réfugiés et au manque de sensibilisation aux droits des réfugiés.”
Omar Alkadamani
Seme Luate Cons Lomoro
“En Ouganda, les réfugiés sont confrontés à des obstacles liés à la langue, aux revenus, à des politiques restrictives et à des normes néfastes. Les filles ne peuvent pas aller à l'école parce que les normes sociales veulent qu'elles restent à la maison pour donner naissance à des enfants. La situation financière des parents dans le camp de réfugiés peut déterminer si les enfants bénéficient ou non d’une éducation. En outre, la politique éducative consistant à faire correspondre les résultats des élèves de leur pays d'origine aux normes du système éducatif du pays d'accueil conduit de nombreux enfants réfugiés au décrochage scolaire, augmentant ainsi leur inactivité. Cette oisiveté peut inciter les garçons à adopter des comportements risqués et dangereux, tels que la toxicomanie, et augmenter le risque de mariage précoce pour les filles.”
Seme Luate
Heela Yoon
“D'après mon expérience, les obstacles sont d'ordre linguistique, politique et économique. La plupart des pays d'accueil n'ont pas la volonté politique de réduire les obstacles et d'inclure les réfugiés dans le système éducatif national. En l'absence de politiques claires sur la manière dont les réfugiés peuvent aller à l'école, travailler, s'intégrer et se déplacer librement, les incertitudes peuvent décourager les parents de scolariser leurs enfants.”
Heela Yoon

Quelles sont les trois actions clés à mener aujourd'hui pour que les enfants et les jeunes réfugiés puissent continuer à apprendre ?

Seme Luate Cons Lomoro
“Je souhaite que les dirigeants du monde entier investissent davantage dans les repas scolaires afin de favoriser la rétention et de réduire le coût de l'éducation pour les familles de réfugiés. Les gouvernements et les bailleurs de fonds du secteur privé doivent financer des initiatives menées par des jeunes, parce que les jeunes comprennent le vrai problème et créent des solutions basées sur nos expériences vécues. Les pays d'accueil et autres bailleurs de fonds doivent garantir des possibilités de bourses d'études pour aider les filles à rester à l'école et s'attaquer aux normes sociales pour mettre fin aux mariages précoces et forcés des filles.”
Seme Luate
Heela Yoon
“Les gouvernements d'accueil doivent garantir un partenariat et un financement durables pour les organisations de la société civile qui soutiennent les droits des réfugiés au niveau politique et qui répondent aux besoins immédiats par le biais de formations, d'activités d'intégration et de bourses d'études. Les organisations de la société civile et les jeunes doivent plaider en faveur d'un partenariat solide et d'une responsabilisation dans le système éducatif. Il est important que les gouvernements d'accueil et les organisations de la société civile sensibilisent les écoles et les communautés aux droits des réfugiés et à l'importance de l'intégration, ce qui pourrait rendre les écoles plus inclusives et plus sûres pour les réfugiés dans leur pays d'accueil.”
Heela Yoon
Omar Alkadamani
“Les jeunes veulent vivre une existence paisible dans les pays d'accueil, en particulier avec les autres élèves. Cette action a un effet positif sur notre santé mentale et favorise l'apprentissage. Il est également important de financer des initiatives menées par des jeunes et travaillant directement avec ces derniers afin de leur fournir des services complets tels que des bourses d'études, un mentorat et une intégration dans les communautés d'accueil. Et surtout, il est important que les dirigeants du monde entier investissent dans des environnements d'apprentissage positifs dans lesquels il n'y a pas de discrimination à l'encontre des élèves réfugiés.”
Omar Alkadamani

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Lire les autres blogs de cette série sur l'importance d'inclure les réfugiés dans les systèmes éducatifs

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