Le Bénin donne à davantage d’enfants l'accès à l'éducation
22 février 2019 par Ludovic Signarbieux, GPE Secretariat, et Chantal Rigaud, GPE Secretariat |
Lecture : 5 minutes
Avec le soutien du Partenariat mondial pour l’éducation, le Bénin a développé depuis 2007 l’accès à l’éducation dans les zones isolées grâce à différentes interventions, pour faire en sorte que davantage d'enfants aillent à l’école et y restent.

L’économie du Bénin repose largement sur l’agriculture, et l’une de ses principales cultures, le coton, représente 25 à 40 % du total des exportations. Le pays est ainsi classé 12ème producteur de coton dans le monde, deuxième en Afrique après le Mali et le Burkina Faso.

Dans la région d’Alibori, au nord du Bénin, que nous avons visitée en décembre dernier, la récolte du coton battait son plein, et la route entre Kandi et Cotonou était engorgée de camions chargés de balles de coton atteignant deux fois leur hauteur.

Pourquoi parlons-nous de coton dans un blog sur l’éducation ?

Parce que, comme dans de nombreux pays en développement, les familles du Bénin qui vivent dans des zones luttant contre la pauvreté gardent souvent leurs enfants à la maison pour les aider aux champs. Parfois, les parents amènent à l’école un très jeune enfant (plus jeune qu'un élève de maternelle) pour prendre la place d’un grand frère ou d’une grande sœur à qui l’on demande de surveiller le bétail, de ramasser le coton ou de participer à une autre récolte.

La province d’Alibori est l’une des plus pauvres du Bénin, et c’est donc une des régions prioritaires dans lesquelles le gouvernement du Bénin a concentré les ressources du GPE reçues depuis 2008, aux côtés de 24 autres districts défavorisés (le pays en compte 77).

Une aide ciblée sur les enfants qui en ont le plus besoin

L’amélioration de l’accès et de la rétention dans les écoles étaient les principaux objectifs du gouvernement du Bénin dans sa stratégie sectorielle 2006-2015.

Le nouveau Plan sectoriel de l’éducation 2018-2030 souligne que le taux brut de scolarisation dans les écoles primaires a augmenté pour passer de 107 % en 2011 à 116 % en 2015 (le taux est supérieur à 100 % parce qu’il comprend les enfants en âge de fréquenter le primaire et plus jeunes), mais que le taux d’achèvement n’était lui que de 67 % en 2015. Dans la province d’Alibori, le taux de scolarisation dans le primaire était l’un des plus faibles du pays, à 35 %.

Force est de constater que les filles ne s’en sortent pas aussi bien que les garçons. Les taux de scolarisation dans les premières années se sont améliorés au fil des ans, mais pour ce qui est du taux d’achèvement, les filles restent à la traîne derrière les garçons.

Pour traiter cette inégalité, le tout dernier financement du GPE a soutenu un programme de distribution de kits scolaires aux filles afin qu’elles aient tout le nécessaire pour aller à l’école. Ce kit était composé d’un sac, d’un uniforme scolaire, de cahiers, de stylos, de crayons et de gommes, d’une règle, de craie et d’une ardoise.

Au total, plus de 320 000 filles élèves de 1ère et 2ème année dans les régions ciblées par le programme ont reçu un kit scolaire de ce type. Celui-ci contribue à ce que les filles des familles les plus pauvres ne se détournent pas de l'école par manque de fournitures.

Des élèves lisant ensemble pendant un cours de français dans une classe de niveau 5 à l'école primaire Saka de Kandi.
Des élèves lisant ensemble pendant un cours de français dans une classe de niveau 5 à l'école primaire Saka de Kandi

Un repas chaud pour le déjeuner

L’offre d’un repas gratuit pour le déjeuner est une autre intervention importante ayant un impact sur la fréquentation scolaire des enfants.

Pour les familles pauvres qui ont des difficultés à fournir à manger chaque jour, la garantie qu’au minimum le déjeuner est pris en charge par l'école change bien des choses.

Au cours du premier programme du GPE entre 2008 et 2012, soutenu par un financement de 75,1 millions de dollars, 501 cantines scolaires gérées par des mères de la communauté ont fonctionné pendant deux ans, bénéficiant à plus de 127 000 enfants. Pendant la durée du programme, les taux de scolarisation ont augmenté, surpassant les cibles, en particulier pour les filles, contribuant ainsi à réduire l’écart entre les sexes.

Au cours du deuxième programme du GPE, de 2014 à 2018, financé par un financement du GPE de 42 millions de dollars et un financement additionnel de la part de la France par l’AFD, le programme de cantines scolaires a atteint un total de 318 000 élèves de primaire ayant bénéficié d’au moins un repas par jour dans les districts défavorisés.

Adissatou Bio Idrissou, chargée de la supervision du programme de cantines scolaires à la Direction Départementale du ministère des enseignements maternel et primaire dans le district d’Alibori, nous a expliqué : « Après le début du programme, nous avons constaté une augmentation du nombre d'élèves. Lorsque les cantines scolaires fonctionnent, on remarque que les enfants viennent plus régulièrement à l’école. Lorsque l’école ne fournit pas de repas, les enfants ne vont parfois pas à l’école, car ils doivent aider leurs parents à la ferme. »

Il est midi tout juste passé ce lundi à l’école primaire Akoitchaou, et les élèves sortent de leur classe à la file pour aller se laver les mains dehors. Ils ont faim et sont prêts à manger !
L’école primaire Akoitchaou accueille près de 50 élèves du cours d'initiation (CI) au CM2. Elle est située près de Kandi dans la province d’Alibori, au nord du Bénin, où vivent des populations parmi les plus défavorisées du pays.
Le directeur de l’école et unique enseignant Léandre Benon, à droite, regarde ce qu’ont préparé les femmes du village chargées du repas scolaire pour le déjeuner.
Après s’être lavé les mains, les enfants traversent la cour de l’école en ordre et attendent patiemment à l’ombre, là où a été préparé le repas.
L’un après l’autre, chaque enfant reçoit une grande assiette de couscous et lentilles, avec une cuillérée de sauce au poivron et à l’oignon. C’est un repas typique des communautés de la région, que tous les enfants apprécient.
Une fois qu’ils ont leur assiette, les enfants retournent s’asseoir dans une salle de classe vide, loin du soleil et de la chaleur. La plupart des élèves sont silencieux et mangent vite.
Même les tout petits mangent tout seuls !
À l’école primaire Saka, il y a également des lentilles au menu. L’école est beaucoup plus grande qu’Akoitchaou et accueille des élèves du CI au CM2.
Six équipes de 4 femmes préparent le déjeuner du jour. Elles commencent dès 7 h pour avoir le temps de préparer le repas de plus de 2 000 élèves.
Chabi Azarath est l’une des femmes qui préparent les repas scolaires. Ici, les communautés apprécient énormément la façon dont le programme de restauration scolaire financé par le GPE a été structuré : ce sont des mères de la communauté scolaire qui sont recrutées. Elles font les courses dans les marchés locaux, veillant ainsi à ce que les enfants connaissent et aiment ce qui est préparé, et sont remboursées tous les quinze jours sur présentation des reçus. Cette façon de faire est également un bon moyen de soutenir l’économie locale.
Une des femmes de la cantine scolaire apporte les grandes marmites de couscous, lentilles et sauce à une classe de CE2 de l’autre côté de la cour. Les marmites sont lourdes, et la voir équilibrer tout ce poids sur sa tête est impressionnant.
Le programme de repas scolaires soutenu par le GPE est associé à un système de suivi rigoureux pour garantir une quantité et qualité de nourriture adéquates, ainsi qu’une hygiène correcte (cuisines propres, aliments toujours couverts et eau potable). Bachirou Tairou, de Bach Consulting for Development, dirige l’une des ONG recrutées au moyen du financement du GPE pour la supervision et la réussite du programme de cantines scolaires.
Chaque jour, les enfants laissent leur gamelle couverte devant leur classe.
Une fois le repas apporté, il est ainsi plus rapide de servir chacun d’eux. Les enfants mangent à l’ombre juste devant leur classe ou bien à l’intérieur.
Adissatou Bio Idrissou est chargée de la supervision des cantines scolaires à la Direction Départementale du ministère dans le district d’Alibori. Elle explique : « Après le démarrage du programme, nous avons vu une augmentation du nombre d’élèves. Lorsque les cantines scolaires fonctionnent, nous avons remarqué que les enfants venaient plus régulièrement à l’école. Lorsque l’école ne fournit pas de repas, parfois, les enfants ne vont pas à l’école, car ils doivent aider leurs parents à la ferme. »
Syetongeanne (à droite), 8 ans, et une de ses amies mangent leur repas devant leur classe à l’école primaire Saka. Le programme de cantines scolaires lancé par le GPE en 2012 s’est achevé l’an dernier. Le gouvernement du Bénin travaille actuellement aux côtés d’autres partenaires, notamment le Programme alimentaire mondial et des ONG locales, afin de continuer à fournir des repas scolaires et veiller à ce que les enfants restent à l’école.

L’amélioration des bâtiments et des équipements scolaires

Une autre intervention visant l’amélioration de l’accès pour les enfants du Bénin concerne l’infrastructure. En effet, trop d’écoles des districts défavorisés étaient des petites structures, fabriquées avec des matériaux locaux peu résistants aux éléments.

Nous avons vu quelques écoles de ce type près de Kandi dans la province d’Alibori, dont il ne restait que quelques murs debout, et dont le toit de paille s’était envolé depuis longtemps. Par contraste, les nouvelles écoles bâties par le programme soutenu par le GPE sont solides, bien éclairées et aérées, et possèdent de grandes salles de classe.

Au total, 318 salles de classe de primaire et 212 salles de classe de collège ont été bâties dans les districts défavorisés grâce au programme, et équipées de bureaux et de tableaux. Par ailleurs, 101 blocs sanitaires et latrines ont été également bâtis.
Le nouveau bâtiment du lycée So-Ava, près de Cotonou au Bénin, dispose de 8 salles de classe. Il est construit sur pilotis pour permettre aux cours de se poursuivre même en cas d'inondations.
Le nouveau bâtiment du lycée So-Ava, près de Cotonou au Bénin, dispose de 8 salles de classe. Il est construit sur pilotis pour permettre aux cours de se poursuivre même en cas d'inondations.

Sur l’île située au milieu de la rivière Sô, près de Cotonou, nous avons également vu des salles de classe et des latrines bâties sur pilotis, pour que la classe puisse se faire même pendant la saison des inondations qui a lieu chaque année entre septembre et novembre.

Florent Kouhouenou et Pierre Houessou, représentants des parents respectivement pour l’école primaire Sô-Ava et le collège Sô-Ava, ont déclaré apprécier les nouvelles salles de classe dont bénéficient leurs enfants. M. Houessou a même qualifié les nouvelles classes de « véritables bijoux qui font la fierté de la communauté »

D’autres efforts sont nécessaires pour poursuivre les réussites passées

Les efforts accomplis pour faire venir davantage d’enfants à l’école grâce aux kits, aux repas et à l’amélioration des salles de classe ont été complétés par d’autres interventions telles que la formation des enseignants (plus de 57 000 enseignants ont bénéficié d’une formation pendant la période 2008-2012, et plus de 10 600 entre 2014 et 2018) et la distribution de matériels pédagogiques d’enseignement (les enseignants ont reçu une valise pleine de fournitures pour leur salle de classe).

Financements accordés par le GPE au Bénin

  • 2018: 200 000 $ (Financement pour la préparation d’un programme)
  • 2016: 428 794 $ (Développement du plan sectoriel)
  • 2014-2018: 42,3 millions $ (Financement pour la mise en œuvre du programme)
  • 2012: 56 200 $ (Développement du plan sectoriel)
  • 2008-2012: 75,1 millions $ (Financement pour la mise en œuvre du programme)
  • Total: 118,1 millions $

Nous savons toutefois qu'améliorer l'accès ne suffit pas, et, dans la lignée de la vision de l’ODD 4 (l’apprentissage pour tous), le gouvernement du Bénin cible désormais ses interventions pour améliorer la qualité de l’éducation.

Le ministère des Enseignements maternel et primaire a ainsi préparé un nouveau programme, qui sera présenté pour un financement du GPE sous peu, comprenant des activités telles que l’amélioration des programmes scolaires, la formation des enseignants à de meilleures pratiques pédagogiques et l’amélioration des instituts de formation des enseignants.

Le plan sectoriel de l’éducation 2018–2030 identifie clairement la qualité comme la priorité des prochaines années. Le GPE se tient prêt à poursuivre son soutien, aux côtés des partenaires de développement, afin d’offrir à de plus en plus enfants du Bénin la possibilité de bénéficier d’une éducation de qualité.

Lire aussi

Je tiens à féliciter mon pays le Bénin pour ces efforts de rétention des enfants défavorisés à l'école. Toutefois, il faut noter que le tout ne suffit pas de retenir les enfants à l'école s'ils ne sont pas bien formés. Alors je suggère que l'État fasse plus d'effort dans le sens de formation des enseignants car un enfant mal éduqué, mal formé est plus dangereux qu'un enfant qui n'est pas du tout formé.

Je remercie GPE pour toutes les actions menées en faveur du secteur de l'éducation dans les pays africains. Je suis burkinabé poursuivant mes etudes en Planification et management de l'éducation et je voudrais savoir si GPEa enregistré des interventions au Burkina Faso.

education

In Benin, a flexible, accelerated course of learning is giving children a second chance at obtaining the formal education that they need to fulfil their dreams. Long-time UNICEF Goodwill Ambassador Ang lique Kidjo recently paid a visit to a participating centre and spoke with students about what they hope to achieve, with their education.

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