Partout dans le monde, les dirigeants et décideurs politiques sont confrontés à un défi commun : une demande incessante de ressources. Ils doivent ainsi prendre des décisions difficiles en matière d'allocation de ces ressources, en particulier dans les pays les plus touchés par la fragilité ou les conflits, là où les besoins sont grands et les ressources disponibles limitées par de nombreuses autres priorités. Il n’est donc pas surprenant que l’évaluation des apprentissages ne soit pas véritablement en première place sur leur liste de priorités.
C’est donc notre travail, dans la communauté internationale de l’éducation, de fournir de solides arguments pour ce type d’évaluation, compte tenu de son importance critique pour la réalisation de l’Objectif de Développement durable 4 (ODD 4) et, par conséquent, de l’ensemble du programme de développement mondial. Comme le souligne le Rapport sur les données de l’ODD 4, publié par l’Institut de la Statistique de l’UNESCO (ISU) en décembre, tout dépend de l’apprentissage, qu’il s’agisse de l'élimination de la pauvreté ou de la construction de sociétés pacifiques et inclusives.
La contribution du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) au Rapport consistait en un état des lieux de l’évaluation des apprentissages dans les 67 pays partenaires du GPE. Près de la moitié de ces pays partenaires sont touchés par la fragilité ou les conflits, mais tous partagent une seule et même vision : garantir à tous une éducation de qualité inclusive et équitable et promouvoir des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie. Le GPE s’est engagé à les soutenir dans la poursuite de cette vision, en s’appuyant sur deux piliers clés : le Cadre de Résultats du GPE, qui effectue le suivi, entre autres choses, des systèmes d’évaluation des acquis scolaires, et le soutien au renforcement des systèmes d’évaluation des pays partenaires.
En matière d’évaluation des apprentissages, les nouvelles sont bonnes et mauvaises
Bonnes, parce que dans l’ensemble, les résultats des apprentissages s’améliorent dans les pays partenaires du GPE. L’étude de 20 pays partenaires disposant de références de base suggère une progression raisonnable entre 2000 et 2015. Au total, 13 pays – 65 % de ceux disposant de données – montrent ainsi une amélioration dans des évaluations des acquis scolaires comparables au cours de la période, et c’est le cas de 50 % des pays de cet échantillon touchés par la fragilité ou les conflits.
La mauvaise nouvelle, c’est que tous les pays partenaires du GPE ne mènent pas un suivi des acquis scolaires, et lorsque celui-ci existe, sa qualité nécessite souvent des améliorations. Seuls deux-tiers des pays partenaires du GPE sont censés avoir mené au moins une évaluation entre 2016 et 2019. Et si cela représente une forte hausse, comparé à il y a dix ans, le chemin est encore long avant que tous les pays partenaires n'aient mis en place des évaluations solides et durables des acquis scolaires, et les utilisent en vue d’améliorer l’apprentissage.
Parmi les 48 pays partenaires censés avoir mené une évaluation à grande échelle entre 2011 et 2019, seuls quelques-uns devraient avoir mené des évaluations comparables dans le temps, susceptibles ainsi de servir à des calculs de tendances de l’apprentissage. Par ailleurs, près d’un tiers des pays partenaires n'a pas prévu de mener d'évaluation à grande échelle d’ici 2019.
Il s’agit là d’un véritable problème, surtout compte tenu de la cible 4.1 de l’ODD sur des niveaux de compétence minimums en lecture, écriture et mathématiques. Si les pays n’ont pas d’évaluation en place pour suivre les niveaux d’apprentissage, ils ne peuvent pas savoir si les enfants acquièrent les niveaux de compétence minimums, ni s'ils acquièrent un quelconque niveau.