La France et l’aide à l’éducation
Un nouveau rapport de la Campagne mondiale pour l’éducation fait l’état des lieux de l’aide française
12 octobre 2015 par Carole Coupez, Global Campaign for Education
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School children in Mauritania   Credit: AFD / Didier Grebert

Le Réseau français de la Campagne mondiale pour l’éducation a lancé le deuxième Observatoire de l’aide publique française à l’éducation dans les pays en développement.

L’Observatoire propose une analyse précise et actualisée de l’aide au développement de la France consacrée à l’éducation. Il dresse un état des lieux de l’orientation des crédits, qui se révèle de plus en plus éloignée des besoins des pays et des populations qui en ont le plus besoin.

« Le contexte de financement du développement est difficile et la mission Éducation en pâtit comme d’autres secteurs de la coopération internationale française. Au-delà de ces difficultés, il est pourtant nécessaire d’interroger les choix français quant à la politique d’aide au développement. En 2015, elle a fait de l’action pour la jeunesse une priorité en matière de solidarité internationale et un enjeu stratégique pour sa politique extérieure.

Pourtant les engagements concrets restent en dessous des objectifs fixés. En 2013, l’aide publique à l’éducation était de 1,45 milliard d’euros et, 1,7 % de l’aide publique au développement totale était consacrée à l’éducation de base. Les frais d’écolage - ces dépenses consenties pour l’accueil d’étudiants étrangers en France, des fonds qui ne quittent donc pas le pays - représentent quant à eux 58 % de l’aide à l’éducation affirme Hélène Ferrer, coordinatrice du Réseau français de la Campagne mondiale pour l’éducation.

Depuis le Forum Mondial sur l’éducation de Dakar en 2000, le nombre d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire privés de scolarisation est passé de 100 millions à 59 millions. L’analphabétisme des adultes a légèrement reculé : de 18 % à 14 % entre 2000 et 2015 (UNESCO). L’enseignement secondaire a progressé globalement. Mais les progrès restent fragiles ces dix dernières années : les inégalités demeurent importantes, notamment en termes d’équité et de qualité. 

Ces résultats peuvent être mis en parallèle avec le déficit chronique de financement de l’éducation : si depuis dix ans de nombreux pays du Sud ont augmenté leurs dépenses consacrées à l’éducation, les investissements des bailleurs internationaux dont la France restent relativement faibles. L’éducation est un des facteurs clefs du développement durable dʼun pays, de la société et du bien-être des individus.

2015 est une année décisive pour la coopération internationale et le développement, avec l’adoption des 17 Objectifs de développement durable lors du sommet des Nations Unies à New York fin septembre. Pour que les engagements soient cohérents avec les discours, le Réseau français de la CME alerte sur la nécessité de renforcer la politique française de coopération pour l’éducation. A l’heure où les parlementaires s’apprêtent à voter la loi de finances pour 2016, cela passe par la mobilisation de crédits supplémentaires dédiés à ce secteur, et la mise en œuvre de mesures pour une APD plus transparente, prévisible à moyen terme et réellement dédiée au renforcement des acteurs et des systèmes éducatifs sur le terrain, dans les pays du Sud.

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Commentaires

le 2eme observatoire est très instructif. IL (re)met en évidence les contradictions entre les discours officiels et la réalité des chiffres. La préparation du budget 2016 va être l'occasion de demander des évolutions significatives.