Ceci est le septième billet de blog d’une série de collaborations entre le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) et l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA).
Depuis 1991, la Journée de l’Enfant Africain (JEA) est célébrée chaque année par l’Union africaine en mémoire au soulèvement des étudiants du 16 juin 1976, à Soweto, en Afrique du Sud au cours duquel des manifestants furent massacrés par le régime de l'apartheid.
Pour immortaliser ce douloureux évènement, des ONG et des associations africaines organisent des actions simultanées pour sensibiliser les dirigeants et les amener à agir en faveur de l’éradication de l’extrême pauvreté et de la maltraitance qui causent la mort d'un enfant toutes les 3 secondes.
C’est aussi une occasion pour attirer l’attention sur la vie des jeunes africains d’aujourd’hui. Pour 2017, la JEA est organisée sous le thème « L'Agenda 2030 pour un développement durable en faveur des enfants en Afrique : accélérons la protection, l'autonomisation et l'égalité des chances ». La version adaptée pour les enfants se résume simplement sous le titre de « Accélérons la protection, l'autonomisation et l'égalité des chances des enfants en Afrique d'ici 2030 ».
L’importance d’accorder une attention particulière aux droits de l’enfant
Le Programme 2030 des Nations Unies, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Charte africaine accordent tous une attention particulière aux conditions qui permettent à l’enfant de s’épanouir aux plans économique et social. Parmi celle-là il faut citer la réduction de la pauvreté, l’éradication de la faim, la promotion de la santé, une éducation de qualité garantie à tous, l’égalité des sexes, l’accès à l'eau potable et à l'assainissement, la paix, la justice et la participation.
À ces droits fondamentaux urgents à satisfaire, il faut ajouter le droit à la pleine jouissance des cultures et traditions des communautés de base dans lesquelles l’enfant nait et évolue. En effet, notre avenir à tous[1] ne pourrait être perçu sous l’angle d’un bloc culturellement monolithique. L’Afrique est nantie de savoirs endogènes locaux qu’il faut enseigner à ses enfants pour assoir et affermir leur identité et leur permettre, dans une seconde étape, une intégration plus responsable dans le « grand village » qu’est devenu le monde.
La question de l’intégration des savoirs et des savoir-faire endogènes africains dans le curriculum de l’école
L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) s’est particulièrement intéressée à cette question. Elle a conduit ou commandité plusieurs études sur le sujet. Ses Groupes de travail se sont penchés, chacune dans son domaine, sur ce délicat sujet de l’éducation à donner à l’enfant africain.
Son Groupe de travail sur l’Éducation non-formelle (GTENF) s’est intéressé, en particulier, à la question de la transmission de compétences critiques de deux ordres à l’enfant africain : les compétences identitaires pour qu’il/elle se sente d’abord africain et celles d’ouverture au monde qui lui permettrait de se sentir citoyen de ce monde en gestation.[2]
Les études qu’il a menées ont abouti à la conclusion que l’un des plus grands défis à relever se situe au niveau de l’intégration des savoirs et des savoir-faire endogènes africains dans le curriculum de l’école. Pour relever ce défi il faut, au moins :
- créer un encadrement juridique et institutionnel pour légitimer, aux yeux de l’enfant africain, les savoirs culturels et économiques locaux,
- mettre en place des bases de données fiables pour renseigner les jeunes en âge de travailler et leur permettre de mieux gérer leur insertion sociale et professionnelle,
- établir une cartographie des métiers en place,
- définir des politiques nationales de l’emploi qui tiendraient compte des spécificités locales,
- mettre en place des cadres régionaux de qualification faisant ressortir les spécialisations régionales,
- créer des structures de gestion de la question de l’insertion professionnelle des jeunes aux double plans locaux et nationaux,
- reconnaitre statutairement les formateurs intervenant dans le secteur informel,
- identifier les savoirs initiatiques nécessaires à l’enracinement de l’enfant dans le milieu communautaire,
- valoriser les savoirs qui entraient jusqu’à présent dans des domaines largement réservés à des familles et des groupes ethniques spécifiques et
- créer des réseaux dynamiques de communication et d’appui aux jeunes..
La plateforme « Zankey Faba » pour faciliter l’autonomisation et l’intégration sociale et économique des jeunes
S’agissant de cette dernière recommandation, le GTENF est passé à l’acte en créant, en collaboration avec l’ Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie (UNESCO UIL, en anglais) et d’autres partenaires, un réseau virtuel africain sur les jeunes vulnérables dénommé « Zankey Faba »[3] pour faire circuler les bonnes pratiques et s’entraider.
Ce réseau entretient une plateforme qui permet des échanges entre pays africains et leurs partenaires en vue de renforcer les politiques et les pratiques en faveur des enfants africains vulnérables.
Le but du réseau est de renforcer les capacités des gouvernements africains, de la société civile et des organisations des jeunes à faciliter l’autonomisation des adolescents/tes et des jeunes vulnérables ainsi que leur intégration sociale et économique.
Au bout du compte, « Zankey Faba » contribue, à sa manière, à accélérer la protection, l'autonomisation et l'égalité des chances des jeunes africains.
[1] Notre avenir à tous (Rapport Brundtland), (1987), la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, Edition du Fleuve, publications du Québec .
[2] GTENF et Daouda Ndiaye (2015). Savoirs et les savoir-faire endogènes pour un développement endogène en Afrique Savoirs et savoir-faire endogènes pour une meilleure adéquation école-communauté. GTENF/ADEA. Ouagadougou, Burkina Faso.
[3] Bah-Lalya (I.) and Al (2016). Accéder aux jeunes vulnérables en Afrique par le biais du réseautage éducatif en ligne ; le programme « Zankey Faba ». GTENF/ADEA. Ouagadougou. Burkina Faso.