Financer l'avenir : tenir la promesse de l'éducation en priorisant, protégeant et augmentant les budgets nationaux

Le financement national de l’éducation est essentiel à la mise en place de systèmes éducatifs robustes et résilients. Preuve de la priorité donnée à l’éducation, le Kenya a mis en œuvre d’importants programmes pour assurer une éducation de qualité à tous. Le Président Kenyatta appelle les autres dirigeants du monde à faire de même.

22 juin 2021 par Ruth Kagia
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Une classe de CP à l'école de Nyamachaki dans le comté de Nyeri au Kenya. Crédit : GPE/Kelley Lynch

Une classe de CP à l'école de Nyamachaki dans le comté de Nyeri au Kenya.

Credit: GPE/Kelley Lynch

« Si vous planifiez pour un an, plantez une graine. Pour dix ans, plantez un arbre. Pour cent ans, éduquez le peuple. Quand vous plantez une graine une fois, vous obtenez une seule et unique récolte. Quand vous instruisez les gens, vous en obtenez cent. » Guan Zhong, philosophe chinois, 7e s. av. J.-C.

Les budgets nationaux, qui restent la principale source de financement de l’éducation, couvrent la majeure partie des besoins financiers du secteur. Les ressources nécessaires pour former des enseignants et leur verser un salaire, construire des infrastructures scolaires et les entretenir, fournir du matériel pédagogique et couvrir les frais administratifs du système éducatif sont principalement financées par les budgets nationaux.

La force transformatrice de l’éducation est bien mise en évidence par les études sur le développement. L’éducation est à la base d’un large éventail de bénéfices économiques et sociaux (augmentation des revenus, amélioration de la santé infantile, meilleure planification familiale, promotion de l’entrepreneuriat et de l’innovation).

Pour les filles, l’éducation est un sésame qui donne accès à l’emploi, ce qui repousse l’âge du mariage, accroît la prospérité des familles et améliore la situation sanitaire de la prochaine génération d’enfants.

En paraphrasant l’économiste Amartya Sen, lauréat du prix Nobel, on peut dire que l’éducation élargit l’espace au sein duquel les individus peuvent acquérir des « libertés » — libertés politiques et sociales, liberté de bénéficier de possibilités plus étendues et liberté économique, laquelle inclut la protection contre la pauvreté.

L’éducation, un tremplin vers un avenir meilleur

Dans la plupart des pays du monde, l’éducation et le développement du capital humain qui lui est associé constituent les principaux facteurs d’une croissance socio-économique rapide et soutenue. C’est ce que démontre parfaitement la croissance phénoménale des « tigres d’Asie de l’Est » entre les années 1960 et 1990 ou, plus récemment, la réussite de pays nordiques comme la Finlande qui ont mis l’accent sur la qualité et l’équité de l’éducation.

Les succès naissants observés dans quelques pays africains s’expliquent également par une alliance entre de saines politiques économiques et d’importants investissements dans l’éducation
et la formation.

Si des interrogations subsistent quant à l’importance relative à accorder aux différents niveaux (primaire, secondaire et tertiaire), à l’efficacité respective des modes de financement et des politiques de gouvernance (privé/public, internat/externat), le consensus est quasiment mondial en ce qui concerne les éléments requis pour que l’éducation tienne toutes ses promesses.

Il convient d'assurer à tous les enfants au moins douze années de scolarisation et une année d’instruction préscolaire, qui serviront de base à la poursuite des apprentissages, à la formation et à l’emploi. L’éducation doit être équitable et de bonne qualité.

Il convient également de garantir à tous les enfants la possibilité d’aller à l’école, d’achever leur scolarité et de maîtriser les compétences cognitives fondamentales, les comportements et les valeurs qui sont indispensables au 21e siècle et leur ouvriront la voie de la réussite sociale et économique.

Pour assurer ce type d’éducation, équitable et de haute qualité, les gouvernements doivent consacrer à l’éducation des ressources suffisantes, prioriser l’éducation dans leur stratégie de développement et prévoir en parallèle les moyens nécessaires à la bonne gestion de ces précieuses ressources. De fait, comme on le dit, « si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance ! ».

Les investissements dans l’éducation sont un des facteurs de différenciation entre les pays qui réussissent et ceux qui stagnent.

Les pays qui ont tiré d’importants bénéfices de leurs investissements dans l’éducation et la formation sont ceux qui y ont consacré une part substantielle de leur budget national et qui ont veillé à l’utilisation efficace et équitable de ces ressources.

Au vu des statistiques mondiales, il semble que tout pays devrait s’efforcer de consacrer 20 % de ses ressources publiques à l’éducation.

Les investissements du Kenya dans l’éducation ont porté leurs fruits

Dès son accession à l’indépendance, le Kenya a accordé une grande priorité à l’éducation. Éradiquer la pauvreté, l’ignorance et les maladies était un des mots d’ordre politiques au moment où le pays accédait à l'indépendance. Les familles, les collectivités et les pouvoirs publics ont pris des mesures exceptionnelles pour assurer l’éducation des enfants.

Cette démarche a débouché sur des progrès majeurs dans le domaine de l’éducation. Une récente évaluation de la Banque mondiale confirme d’ailleurs que le Kenya est un des pays d’Afrique ayant enregistré la plus forte progression dans ce domaine.

Comme principales réalisations, nous pouvons citer : la mise en œuvre de réformes publiques pour améliorer la qualité de l'enseignement et des infrastructures de l’ensemble du système éducatif ; la gratuité de l’enseignement primaire dès 2003 ; la gratuité de l’enseignement secondaire en externat dès 2008 (suppression des frais de scolarité pour les élèves externes et subventions accordées aux élèves en internat) ; la mise en place d’une politique de transition de tous les élèves de l’enseignement primaire vers le secondaire (un exploit qui a nécessité une augmentation substantielle des ressources).

Pour continuer à améliorer la qualité de l’éducation, les pouvoirs publics ont décidé la mise en place d’un programme d’enseignement numérique qui vise à donner à tous les enfants les compétences pratiques nécessaires au 21 e siècle. Une révision générale des programmes d’enseignement a été lancée, qui débouchera sur un nouveau programme basé sur les compétences mettant l’accent sur ce que les enfants peuvent faire plutôt que de se concentrer uniquement sur ce qu’ils devraient savoir.

Aucun de ces résultats n’aurait été atteint sans un fort engagement politique en faveur de l’éducation, soutenu par des allocations budgétaires conséquente au secteur de l'éducation.

Un sommet pour rappeler l’importance de l’éducation sur la scène mondiale

C’est dans ce contexte que le Président kenyan Uhuru Kenyatta et le Premier ministre britannique Boris Johnson, co-présidents du Sommet mondial sur l’éducation qui se tiendra en juillet, sont tous deux autant mobilisés pour la campagne de financement du GPE.

Ce dernier appelle les gouvernements à s’engager à prioriser, protéger et augmenter les financements nationaux en faveur de l’éducation, tout en invitant les partenaires de développement à intensifier leur soutien, avec en ligne de mire des engagements à hauteur d'au moins 5 milliards de dollars pour financer les actions du GPE sur la période 2021-2025.

Le soutien apporté par le GPE au Kenya prouve tout l’intérêt des partenariats dans le domaine de l’éducation. Il vient compléter les efforts des pouvoirs publics et contribue à accroître la valeur globale et l’impact des investissements publics.

Grâce au précieux appui du GPE, le Kenya a pu mettre en œuvre différentes réformes, notamment budgétaires, pour améliorer les services éducatifs et promouvoir leur efficacité, obtenant ainsi des résultats durables dans l’ensemble du système éducatif. Les réformes ont aussi permis d’améliorer l’accès à l’éducation, en particulier pour les filles et les enfants des groupes défavorisés.

La fourniture de matériels pédagogiques et des efforts de formation des enseignants ont accentué l’orientation sur la qualité. Enfin, l’aide du GPE a contribué à la conception de mesures efficaces face à la pandémie de COVID-19.

Compte tenu des formidables perspectives qu’ouvre l’éducation et des inquiétudes suscitées par les effets destructeurs de la COVID-19 sur l’éducation, le Président Kenyatta appelle les dirigeants des pays partenaires du GPE à prioriser, protéger et augmenter leurs dépenses d’éducation dans les budgets nationaux.

Il les appelle à veiller à ce que ces fonds bénéficient aux populations les plus vulnérables, à ce qu’aucun enfant ne soit laissé de côté et à ce que ces ressources soient efficacement utilisées.

Nous appelons, en outre, les dirigeants des pays donateurs du GPE à accroître leur appui en faveur de l’éducation pour faire en sorte que chaque enfant bénéficie d’une éducation qui lui donne une véritable chance de réaliser pleinement son potentiel. C’est en effet la clé d’un avenir plus sûr et d’une prospérité partagée pour tous.

Levons la main pour marquer notre soutien au GPE !

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