Ceci est le dernier blog d’une série de trois sur les revues sectorielles conjointes.
La plupart des pays partenaires du GPE organisent couramment des revues sectorielles conjointes, afin de rassembler différentes parties prenantes pour suivre et évaluer les progrès du secteur. Lorsque les revues sectorielles conjointes sont préparées et organisées de manière efficace, elles peuvent stimuler un dialogue politique inclusif, promouvoir la redevabilité mutuelle, et appuyer le suivi et à la mise en œuvre de plans sectoriels de l’éducation de qualité.
Trois pays francophones - la République Démocratique du Congo, le Tchad et Madagascar – sont engagés depuis plusieurs mois dans une série d’activités d’échanges de connaissances et de bonnes pratiques autour des revues sectorielles conjointes.
Durant la réunion des pays en développement partenaires représentés au Conseil du GPE qui s’est tenue à Accra en mai 2017, le Secrétariat a rencontré Valère Munsya, Point Focal GPE de la République Démocratique du Congo et responsable du Secrétariat Permanent d'Appui et de Coordination du Secteur de l'Education (SPACE). M. Munsya nous a accordé un entretien dans lequel il est revenu sur son expérience dans cette initiative d’échange autour des revues sectorielles, et sur l’organisation des revues conjointes en RDC.
Dans le cadre des réunions des groupes constitutifs du Conseil du GPE, vous participez régulièrement à des activités d’échanges de bonnes pratiques avec les représentants du groupe Afrique 2. En quoi l’initiative d’échange autour des revues sectorielles conjointes est-elle différente ? Pourquoi avoir décidé d’inviter les représentants du Tchad et de Madagascar à venir participer à la revue conjointe à Kinshasa ?
Valère Munsya: Les rencontres dans le cadre des réunions des groupes constitutifs réunissent un nombre important de participants représentants de pays en développement partenaires du GPE. Durant ces rencontres, nous abordons un grand nombre de sujets à la fois dans un temps assez court. Cette initiative d’échange est beaucoup plus ciblée, et nous a permis d’échanger en profondeur avec nos pairs autour de la préparation et la conduite de revues sectorielles conjointes.
Au moment de la préparation de notre revue conjointe, nous avons songé à inviter les représentants de notre circonscription à venir assister et participer à notre revue. Nous savions que Madagascar était en train de préparer sa stratégie sectorielle, et que le Tchad allait préparer sa revue conjointe. De plus, il s’agit de deux pays francophones, avec lesquels nous avions déjà des liens forts. Donc, on peut dire qu’à la base, c’était notre initiative !.
Le Secrétariat du GPE a joué un rôle essentiel dans la réussite de ces rencontres en nous aidant à définir l’objectif et la portée de ces échanges et en les structurant autour des cinq dimensions qui caractérisent une revue sectorielle conjointe de qualité.
Au-delà de l’assistance technique que le Secrétariat a fourni, le soutien logistique a été primordial dans la réussite de ce projet à un moment où nous étions très occupés par l’organisation de la revue et l’accueil des participants.
Qu’avez-vous pu retirer de cette expérience dans votre travail ?
Valère Munsya: Je suis en charge de la gestion du Secrétariat Permanent d'Appui et de Coordination du Secteur de l'Education – le SPACE qui est une structure rattachée au Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel. Mon équipe coordonne l’activité des différents ministères en charge de l’éducation en RDC. Nous travaillons avec l’administration nationale pour de l’appui technique et pour la mise en œuvre de la Stratégie Sectorielle de l’Éducation et de la Formation (SSEF) pour la période 2016-2025 qui a été endossée récemment. Notre mission est essentielle car le besoin de coordination entre les différents ministères est important. A ce titre, le SPACE pilote la préparation et la tenue des revues conjointes et fait le relai avec les différents services de l’administration nationale.
Les revues sectorielles conjointes sont pour nous un moment important pour le dialogue politique et le suivi du secteur de l’éducation. Cette revue a pris une importance tout particulière puisqu’elle a officialisé la transition entre le plan sous-sectoriel pour l’éducation de base (le PIE) et la stratégie sectorielle à long terme impliquant tous les sous-secteurs.
Les échanges avec nos partenaires malgaches et tchadiens ont été très utiles pour nous, car cela nous a permis de réfléchir sur les forces et les faiblesses de notre revue et aussi d’approfondir la réflexion sur la portée de ces rencontres.
Vous avez dirigé une équipe de 8 personnes pour organiser la revue conjointe du PIE qui a réuni près de 200 participants à Kinshasa. Quels est le bilan que vous tirez de cette rencontre, et quelles ont été les difficultés majeures dans la préparation, la tenue, et le suivi de cette revue ?
Valère Munsya: L’organisation logistique et matérielle de cette revue a été un réel point fort qui a été apprécié par de nombreux participants.
Inclusive, la revue a rassemblé la plupart des parties prenantes du secteur de l’éducation : partenaires au développement, organisation de la société civile, et de nombreux représentants de l’administration nationale au niveau central et au niveau des provinces.
Avoir pu rassembler les représentants des ministères en charge de l’éducation ainsi que du ministère des finances et budget constitue un succès indéniable. Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel, ainsi que les ministres provinciaux ont même pris part aux débats et ont participé en tant que modérateur ou président de séance. A noter également que même devant les plus hautes instances politique du pays, les participants se sont exprimés librement et, nous l’avons vu, certains participants ont été incisifs sur certains points.
Bien que la qualité du rapport ait été appréciée par de nombreux participants, sa préparation fut un défi technique majeur pour nous. En effet, les données statistiques de l’éducation nous sont parvenues avec du retard, et certaines n’étaient pas à jour. Pour remédier à cela, nous avons dû mettre en perspective les données statistiques nationales avec celles produites par les partenaires au développement. Bien que surmontées, ces difficultés ont occasionné un retard dans la livraison du rapport, qui n’a pu être partagé avec les participants que deux jours avant le début des ateliers. Il va falloir travailler sur cette question l’année prochaine pour que la collecte des données statistiques ne devienne pas un problème récurrent.
Enfin, il est dommage que la participation dans les ateliers n’ait pas toujours été efficace, qui peut s’expliquer dans une certaine mesure par la non-appropriation de documents de référence de base par certains participants. Il nous a fallu beaucoup d’efforts pour pouvoir canaliser les débats, et cela s’est finalement senti dans les recommandations, qui ressemblaient davantage à un chapelet de besoins, qu’à des recommandations réalisables et opérationnelles. À notre niveau, nous avons fait un travail de nettoyage, et nous sommes parvenu à les inclure dans le projet d’Aide-Mémoire, mais les prochaines revues devront se concentrer sur un nombre plus limité de thématiques afin d’aboutir à des recommandations essentielle pour améliorer la mise en œuvre de notre stratégie sectorielle.