En République démocratique du Congo, considérons le verre à moitié plein
La République démocratique du Congo a un long chemin devant elle pour atteindre un niveau satisfaisant de développement. Dans le secteur de l'éducation, elle a deux défis majeurs: les coûts et la qualité.
04 mai 2015 par Alice Albright, GPE Secretariat
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Lecture : 9 minutes
Les enfants devant leur nouvelle école à Gemena. Credit: GPE/Federico Scoppa

Le 10 février 2014, je me trouvais dans un village des alentours de Gemena, dans la province de l’Équateur en République démocratique du Congo (RDC), en compagnie du Ministre de l’Éducation, M. Maker Mwangu Famba pour poser la première pierre de l’école primaire de Kanzi. Un peu plus d'un an plus tard, sur invitation du Ministre, je suis retournée à Gemena pour inaugurer la nouvelle école à ses côtés. La communauté, très accueillante, avait préparé une merveilleuse fête pour l’occasion.

Ce genre de fête ne figure malheureusement pas dans la rubrique internationale des informations.  Lorsqu’on évoque la RDC, les sujets sont souvent négatifs : conflit, catastrophe, viol, crise, déplacement, pauvreté… La liste est longue. Sans aucun doute, la RDC a encore un long chemin à parcourir avant d'atteindre un niveau de développement satisfaisant, d'offrir à ses 70 millions d'habitants un accès fiable  aux premières nécessités telles qu'un logement solide, de l'eau potable courante, l'électricité et un centre de santé sûr. Mais ce qui est tout aussi clair, c'est la ferme intention de la part du gouvernement comme de la population d'améliorer le sort des gens.

Au cours de mes trois jours de visite, j'ai passé beaucoup de temps avec le Ministre de l’Éducation et son équipe. J’ai rencontré le Premier Ministre et le Ministre des Finances. J’ai entendu ce que les représentants des syndicats d’enseignants et des associations de parents avaient à dire. J’ai rencontré le groupe des bailleurs et des partenaires de développement qui soutiennent l’éducation dans le pays. Je me suis entretenue avec le gouverneur du Nord-Kivu et les autorités scolaires de la province. Enfin, j’ai pu visiter deux établissements, l’école primaire de Kanzi à Gemena et celle de Mboga à Goma. Tout ceci m’a offert une perspective assez complète sur l'état de l'éducation dans le pays.

Il reste de nombreux défis à relever, mais les deux plus importants sont, à mon sens, le coût et la qualité.

L’enseignement gratuit doit devenir une réalité

Le principe d’un accès gratuit à une éducation de qualité pour tous les enfants congolais a été introduit en 2010, mais dans de nombreux villes et villages, les parents continuent de contribuer aux frais de scolarité. Ils aident à prendre en charge les frais d'entretien de l'infrastructure scolaire, d’administration des bureaux de province, les fournitures telles que la craie, ainsi que le salaire des enseignants. Le gouvernement est conscient de la situation et augmente rapidement la part de son budget affecté à l’éducation, celui-ci étant passé de 9 % en 2010 à 16 % en 2013. Lors de notre Conférence de reconstitution des ressources en juin dernier, le pays s’est engagé à augmenter cette part jusqu’à 18 % d’ici 2018. Pour la RDC, la prochaine étape est d'assurer que cette part est bien reflétée par les décaissements réels au bénéfice des autorités éducatives des provinces, qui devront à leur tour s’assurer que l’argent va véritablement aux établissements.

Au Partenariat mondial pour l’éducation, nous soutenons l’éducation de base gratuite pour tous les enfants. Aucun enfant ne devrait voir bafoué son droit à l'éducation par manque d'argent. C’est un des principes fondateurs du Cadre d’action de Dakar de l’Éducation pour tous adopté en 2000 : « Aucun pays qui a pris un engagement sérieux en faveur de l'éducation de base ne verra ses efforts contrariés par le manque de ressources. »

Nous soutenons la RDC grâce à un de nos financements les plus conséquents

Notre Conseil d’administration a approuvé un premier financement de 100 millions $US en 2012 pour un accord signé avec le Gouvernement de la RDC en 2013. Celui-ci s’étend jusqu’en août 2016 et a déjà décaissé la moitié des fonds (55 millions $US). En décembre dernier, notre Conseil a approuvé une seconde allocation de 100 millions $US pour la période 2016 – 2018, auquel le pays se prépare à accéder. Le Ministère de l’Éducation a mené le travail préparatoire d’un nouveau plan sectoriel de l’éducation sur 10 ans, et, avec le soutien des partenaires, cette stratégie se transforme actuellement en un plan d'action à moyen terme.

Le second financement du GPE suivra notre nouveau modèle de financement, ce qui signifie que le pays pourra avoir accès à un premier montant de 70 millions $US après l’approbation par le Conseil de sa requête de financement au printemps prochain, mais les 30 millions $US restants seront approuvés sur la base des résultats de performance identifiés par le Gouvernement dans trois dimensions : l’équité, l’efficacité et l’apprentissage.

Il peut sembler évident qu’un grand pays ait besoin de ressources conséquentes de la part de ses partenaires, mais tous les bailleurs de fonds ne sont pas prêts à prendre ce risque dans un vaste pays, encore considéré comme fragile, où manquent cruellement des infrastructures et un système bancaire adéquat. Le Partenariat mondial prend ce risque et espère qu’à leur tour, d’autres partenaires suivront et apporteront une aide si nécessaire.

L’amélioration de la qualité de l’apprentissage

Le deuxième défi clé de l’éducation à relever en RDC est celui de la qualité. Au cours de notre visite dans les deux écoles, il nous a semblé évident que d’importants progrès devaient être faits pour atteindre un niveau d’apprentissage acceptable. Trop d’enfants décrochent de l’école avant d’avoir achevé le cycle primaire, et parmi ceux qui y parviennent, trop peu poursuivent leur scolarité dans le secondaire. Notre premier financement soutient l’achat et la distribution de 20 millions de manuels scolaires dans 4 matières : français, mathématiques, sciences et éducation civique. Il contribuera aussi aux activités de formation des enseignants parce que les manuels ne combleront pas seuls les lacunes en termes d’apprentissage.

Les chiffres sont en progression : le taux de redoublement a diminué, passant de 14 % en 2010 à 11,4 % en 2013. Il y a également 2 enfants de moins par classe aujourd'hui (37 contre 39), ce qui améliore l’environnement de l’apprentissage. C’est un bon début, qui nécessitera une attention sans faille de la part des pouvoirs publics dans les mois qui viennent afin de garantir l'élaboration et la mise en œuvre de bonnes politiques et réformes.

Le Ministre de l’Éducation a demandé au Partenariat mondial de l’aider au moyen d’exemples de solutions en termes d’apprentissage ayant fonctionné ailleurs. Nous répondrons à cette demande, raison d'être de notre partenariat : rassembler les expériences et les enseignements, garantir que toutes les parties prenantes soient autour d'une même table et convenir du meilleur moyen d'aider un pays.

D’énormes défis pour un potentiel énorme

Le Premier Ministre, le Ministre des Finances et le Ministre de l'Éducation de la RDC se sont fermement engagés à conserver l’éducation comme une priorité. Le Partenariat mondial s’est aussi fortement engagé à poursuivre son soutien et à rallier d'autres partenaires autour pour une aide encore plus conséquente. Les défis sont énormes, et notre soutien doit donc être à la hauteur. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas aider la RDC. J’ai promis au Ministre de revenir en automne pour faire le bilan des avancées et m'assurer de l’utilité de notre soutien.

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