Djibouti : la crise de la COVID-19 offre une occasion de transformer le secteur de l’éducation par le dialogue

Depuis mars 2020, le ministère de l'Éducation nationale et de la Formation de Djibouti, en collaboration avec le GPE et d'autres partenaires, met en œuvre des solutions pour remédier aux fermetures d'écoles dues à la crise de la COVID-19. Voici un aperçu des résultats obtenus jusqu'ici.

12 janvier 2021 par Souad Hamlaoui, GPE Secretariat
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Lecture : 5 minutes
Les mamans d’élèves ont sillonné tous les quartiers pour s’assurer que tous les élèves retrouvent le chemin de l'école. Crédit : Abdi Dirir / Ministère de l'éducation de Djibouti
Les mamans d’élèves ont sillonné tous les quartiers pour s’assurer que tous les élèves retrouvent le chemin de l'école.
Credit: Abdi Dirir / Ministère de l'éducation de Djibouti

Depuis mars 2020, le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFOP) de Djibouti collabore avec le GPE et d’autres partenaires (Banque mondiale, USAID, PAM et HCR) pour trouver des solutions au problème des fermetures d’écoles dues à la pandémie de COVID-19.

Face au risque élevé de transmission du coronavirus, avec 5 866 cas confirmés au 11 janvier, le gouvernement a mis sur pied un plan de réponse sectorielle de l’éducation à la crise COVID-19 et créé un comité de crise chargé de coordonner la réponse multisectorielle à la pandémie, qui prévoit notamment des mesures visant à freiner la propagation du virus.

Grâce au dialogue continu entre les autorités nationales et leurs partenaires dans le cadre des réunions du groupe local des partenaires de l’éducation, des mesures ont été prises pour assurer la continuité de l’apprentissage, notamment la mise en place de différents canaux d’apprentissage destinés à apporter un soutien pédagogique aux élèves : des cours dispensés quotidiennement à la télévision et à la radio, des classes virtuelles mise en ligne à travers les plateformes Google Classroom et Classera, ainsi que la distribution de manuels et fournitures scolaires.

La priorité va aux enfants vulnérables, notamment ceux qui vivent dans des zones reculées, les réfugiés et les filles. Des études montrent en effet que plus ces enfants passent de temps sans aller à l’école, plus ils risquent d’abandonner leurs études.

Impliquer parents et communautés pour soutenir les élèves

Alors que le MENFOP mettait en œuvre ses activités de préparation, il est devenu clair que les membres de la société civile — populations locales, parents et associations de parents d’élèves — auraient un rôle essentiel à jouer et seraient des « partenaires privilégiés » non seulement pour garantir la continuité de l’apprentissage pendant les fermetures d’écoles, mais aussi le retour des enfants en classe dans de bonnes conditions de sécurité après la réouverture des écoles.

« Djibouti ne peut transformer son système éducatif sans prendre en compte la vision des parents. Accorder la priorité aux parents et aux associations de parents d’élèves est l’un des défis lancés par le ministre de l’Éducation et de la Formation Professionnelle, Moustapha Mohamed Mahamoud »,

a déclaré Abdi Dirir Guirreh, directeur de l’enseignement général au MENFOP qui a été interviewé et contribué à la rédaction de ce blog.

Une participation des parents lors d'une séance de rencontre entre le Ministre de l'Education et les acteurs de l'école. Crédit : Abdi Dirir/MoE
Une participation des parents lors d'une séance de rencontre entre le Ministre de l'Education et les acteurs de l'école.
Credit:
Abdi Dirir/MoE

Après la fermeture des établissements scolaires le 23 mars 2020, lorsqu’il a fallu passer rapidement à l’enseignement à distance, le MENFOP a fait appel à l’Association des parents d’élèves (APE), qui est représentée au sein du Comité de gestion des écoles. Pendant la crise sanitaire, les membres des comités scolaires ont joué un rôle clé de défenseur des droits des élèves.

Pour garantir que les élèves puissent suivre les cours dispensés quotidiennement à la radio et à la télévision, le MENFOP a créé un réseau WhatsApp indiquant le programme des cours aux parents, qui ont donc pu suivre l’apprentissage de leurs enfants.

Le MENFOP a utilisé ce dispositif pour communiquer avec les parents dans différentes régions, notamment la ville de Djibouti et dans les cinq régions de l’intérieur du pays, Tadjourah, Ali-Sabieh, Obock, Dikhil et Arta.

Avec l’appui du projet USAID, le MENFOP a fourni des données internet supplémentaires aux parents qui ne disposaient pas du volume nécessaire. Le ministère en a fait de même pour les enfants vulnérables qui n’avaient pas accès à la radio ou à la télévision, afin de leur permettre de suivre les cours sur un téléphone mobile.

Le Ministre de l'Education Moustapha Mohamed Mahamoud exposant aux acteurs de l'école le nouveau cadre partenarial. Crédit : Abdi Dirir/MoE
Le Ministre de l'Education Moustapha Mohamed Mahamoud exposant aux acteurs de l'école le nouveau cadre partenarial.
Credit:
Abdi Dirir/MoE

Financements accélérés du GPE pour faire face à la crise

Le financement du GPE en faveur de Djibouti, d’un montant de 3,5 millions de dollars, a été approuvé le 26 juin 2020. Intitulé « Intervention d’urgence contre la pandémie de COVID-19 dans le secteur de l’éducation », il est mis en œuvre par la Banque mondiale, qui est l’agent partenaire.

Le financement aide le MENFOP et ses partenaires à appliquer le plan national de lutte contre la pandémie dans le secteur de l’éducation.

En plus de permettre aux enfants de suivre un enseignement à distance de qualité, le financement aide à renforcer les capacités des enseignants, des conseillers pédagogiques et des inspecteurs. Le MENFOP a ouvert les écoles en août 2020 pour dispenser une formation professionnelle aux enseignants et aux directeurs d’école et les aider à adapter le contenu des cours aux différents besoins des enfants, d’autant que l’enseignement à distance a été introduit assez rapidement.

Évaluer les pertes d’apprentissage pour calibrer le soutien aux élèves

Dans le cadre du plan national d’intervention, le MENFOP a déployé un outil de diagnostic pour évaluer le niveau d’apprentissage à distance de tous les élèves et atténuer les retards scolaires, en particulier chez les enfants vulnérables, notamment les réfugiés et les filles.

Les enfants vulnérables ont également reçu des repas dans les cantines scolaires durant la période de fermeture des écoles pour maintenir le lien entre les élèves et l'école et s'assurer qu'ils y retourneront. Ces mesures de soutien scolaire ont été mises en œuvre dans les localités où ni la radio ni la télévision n’était accessible et ce, dans le respect des mesures sanitaires.

Des kits pédagogiques ont été remis aux élèves d’écoles publiques et celles accueillant des enfants réfugiés. En outre, le ministère a offert aux enfants en retard des cours de rattrapage en août, lorsque les écoles ont rouvert leurs portes.

Le financement du GPE a permis au MENFOP d’équiper les écoles du primaire et du premier cycle du secondaire d’installations sanitaires et de remettre les latrines en état avant le retour des enfants en classe.

Un financement du GPE de 70 000 dollars avait été fourni au début de la pandémie pour soutenir une réponse immédiate à la suite de la fermeture des écoles. Géré par l’UNICEF, qui y a associé d’autres fonds, ceci a permis d’assurer la formation à distance d’enseignants par le Centre de Formation des Enseignants de l’Enseignement Fondamental et l’achat de matériel informatique pour les formateurs.

De plus, l’UNICEF a aussi appuyé le ministère lors du lancement des campagnes de communication pour informer les élèves, les parents et autres membres de la communauté (Banque mondiale, l’USAID, le Programme alimentaire mondial et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) sur les risques liés au coronavirus et les familiariser avec les méthodes de prévention, ainsi que pour sensibiliser les populations locales et leur montrer comment participer davantage à l’éducation de leurs enfants et assurer leur retour à l’école en toute sécurité.

Sachant que les enfants vulnérables, notamment ceux qui vivent dans des zones reculées, les réfugiés et les filles, risquent de ne pas retourner à l’école, le MENFOP a mené une campagne en faveur du retour à l’école auprès des parents, des conseils des quartiers et des collectivités locales et a utilisé son outil en ligne « ODK Collecte » (Open Data Kit) dans les écoles pour suivre les absences et les abandons scolaires.

Des résultats grâce à l’appui des partenaires

Selon un rapport récent de la Banque mondiale et du MENFOP sur la mise en œuvre du financement, le programme soutenu par le GPE a produit trois résultats importants :

  1. L’appui en faveur de l’enseignement à distance, principalement à travers les chaînes éducatives, a été satisfaisant : 86 % des élèves ont suivi des cours à distance, dont 45 % de filles, 18 % d’enfants vivant dans des zones reculées et 5 % de réfugiés.
  2. Le retour à l’école s’est déroulé dans de bonnes conditions grâce à la campagne menée avec l’appui de l’UNICEF : il a bénéficié de la conjonction de plusieurs facteurs qui tiennent principalement au soutien manifesté aux enfants par leurs parents et leur communauté.
  3. Les mesures d’atténuation des retards d’apprentissage se sont avérées efficaces et le système a été accueilli favorablement par les parents et les enseignants : 100 % des élèves du primaire et du premier cycle du secondaire ont été évalués pour déterminer l’impact des fermetures d’écoles afin de permettre au MENFOP d’offrir des cours de remédiation aux élèves ayant des lacunes et de concevoir des stratégies pour des méthodes d’enseignement alternatifs.

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Merci pour tout ce que vous faites pour améliorer le système éducatif surtout durant cette douloureuse période de Covid-19.

Provision of the safety and sanitizing materials are quiet helpful but not enough. It will be important if the system come up with a body that will enforce using of those materials on both teachers and the students. Proper supervision of the safety measures is needed to avoid wasting of materials supply to the schools..

Distance learning is the system most people find it queit strange. Most people especially from sub saharan African countries used TV, Radio and internet for social purposes. Incorporating the school studies with poems, cartoon and other social activities can help draw the attention of many to the system. Remote areas without access to TV, Radio and internet can be reach our through an organised episode of lessons install on either phone or computer certain interval of time.

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