Développer l’éducation inclusive : donner de la visibilité aux enfants vivant avec un handicap au Togo, au Lesotho et au Vietnam

Malgré l’attention croissante accordée à l’éducation inclusive dans le monde, les enfants vivant avec un handicap sont encore souvent laissés de côté. Découvrez comment les coalitions nationales pour l’éducation au Togo, au Lesotho et au Vietnam travaillent pour qu'ils soient inclus dans les politiques et les actions en faveur de l’éducation.

03 juin 2021 par Clara Lindhard Neltoft, Education Out Loud
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Lecture : 7 minutes
Des élèves dans une salle de classe inclusive au Vietnam. Crédit : The Vietnam Association for Education for All (VAEFA)
Des élèves dans une salle de classe inclusive au Vietnam
Credit: Crédit : The Vietnam Association for Education for All (VAEFA)

Ce blog a été précédemment publié sur le site de l'Éducation à voix haute.

Près de 15 % de la population mondiale vit avec un handicap. En matière d’éducation, les enfants vivant avec un handicap sont particulièrement défavorisés. Ils sont à la fois moins susceptibles d’aller à l’école et plus exposés aux risques d’abandon scolaire que les autres enfants.

Malgré l’attention accordée dans le monde aux droits des enfants à accéder à une éducation de qualité, les enfants vivant avec un handicap sont souvent laissés de côté dans les actions mises en œuvre à l'échelle mondiale pour améliorer les opportunités d'accès à l’éducation.

Les coalitions nationales pour l’éducation au Togo, au Lesotho et au Vietnam, soutenues par l'Éducation à voix haute, utilisent des approches intéressantes dans leur travail pour garantir les droits des enfants vivant avec un handicap à accéder à une éducation de qualité.

« En ce qui concerne les enfants vivant avec un handicap, nous en sommes encore au point de chercher à leur assurer l’accès à l’éducation, tandis que pour d’autres groupes, on parle désormais de la qualité de l’éducation – et pas seulement de l’accès », déclare Nkhasi Sefuthi, Directeur général de la Fédération nationale des organisations des personnes vivant avec un handicap au Lesotho (LNFOD), membre de la Coalition nationale pour l’éducation du Lesotho.

Donner de la visibilité aux enfants vivant avec un handicap

« Les personnes vivant avec un handicap ne sont souvent pas prises en compte dans les données et statistiques des ministères chargés de l’éducation et de la formation. Ceci, en plus de leur exclusion de la vie sociale, les rend très vulnérables. Pour résoudre ces problèmes, il est essentiel de sensibiliser les parents aux droits des enfants vivant avec un handicap d’accéder à l’éducation et à un emploi. Mais, il est tout aussi important de sensibiliser les pouvoirs publics sur la nécessité de réfléchir sur la prise en compte de l'éducation inclusive dans leurs budgets, leurs projets éducatifs et leur planification », déclare Marcel Toï, coordinateur national la Coalition nationale togolaise pour l’Éducation pour tous (CNT/EPT).

Un enfant atteint d'un handicap dans une école au Togo. Crédit : Coalition nationale togolaise pour l’Éducation pour tous (CNT/EPT)
Un enfant atteint d'un handicap dans une école au Togo
Credit:
Coalition nationale togolaise pour l’Éducation pour tous (CNT/EPT)

Au Togo, la CNT/EPT organise des ateliers à l’intention des parents d’enfants vivant avec un handicap et déploie des outils de suivi à l'échelle nationale que les enseignants et les formateurs des écoles normales peuvent utiliser pour évaluer le niveau d’inclusion des enfants vivant avec un handicap dans les écoles.

Le handicap et l’éducation sont des priorités absolues de l’Association vietnamienne pour l’éducation pour tous (VAEFA). La coalition travaille en étroite collaboration avec la communauté sourde et les décideurs politiques, et a réussi à combler les lacunes et à améliorer la coopération entre les deux groupes :

« La communauté des sourds au Vietnam était souvent exclue, n'avait aucune influence politique et avait renoncé à coopérer avec les décideurs politiques. Nous devions créer un lien entre eux, organiser des ateliers et établir des relations pour nous assurer que la communauté sourde dispose de l’espace nécessaire pour s’engager et articuler ses recommandations dans les processus d’élaboration des politiques », déclare Nguyen Thi Kim Anh, coordinatrice nationale de la VAEFA.

Au Vietnam, les personnes sourdes font partie des groupes les plus marginalisés et de nombreux enfants sourds ne sont jamais allés à l’école.

« Beaucoup de parents ne pensent pas que leurs enfants sourds peuvent apprendre », affirme Kim Anh Nguyen.

Pour y remédier, la VAEFA, avec le soutien de l'Éducation à voix haute, a tenu des évènements et des initiatives stratégiques organisés entièrement par la communauté sourde. Ces actions de plaidoyer ont permis de sensibiliser, de faire en sorte que l’éducation inclusive soit prise en compte au niveau politique et d’aider les parents à mieux comprendre les besoins et les droits de leurs enfants.

Des capacités en manque

Certains des principaux problèmes rencontrés par les coalitions sont l'incapacité des écoles et des enseignants à répondre aux besoins des enfants vivant avec un handicap :

« S'agissant d’éducation, les écoles ne leur sont pas physiquement accessibles. Au Lesotho, seules 5 écoles peuvent assurer le soutien nécessaire pour une bonne prise en charge des enfants malentendants ou malvoyants », explique Nkhasi Sefuthi de la LNFOD au Lesotho.

Au Togo, au Lesotho et au Vietnam, les enseignants ne sont généralement pas suffisamment formés pour comprendre les différents types de handicaps. Pour pallier cette lacune dans leur formation, les coalitions nationales de l’éducation forment directement des enseignants, afin qu'ils soient outillés pour répondre aux besoins des enfants vivant avec un handicap.

Un jeune vivant avec un handicap au Togo. Crédit : CNT-EPT
Un jeune vivant avec un handicap au Togo
Credit:
CNT-EPT

L'absence d’éducation assombrit l'avenir des enfants vivant avec un handicap

Ne pas avoir accès à une éducation de qualité, limite les possibilités pour les enfants vivant avec un handicap d’accéder à un emploi plus tard dans leur vie. Pour y remédier, la CNT/EPT, au Togo, a réussi à s’engager avec le secteur de l’éducation informelle :

« Tous ces enfants qui ne pouvaient pas être intégrés dans le système éducatif normal ont été laissés de côté – parfois pendant plusieurs années. C’est pourquoi nous coopérons avec le secteur de l’éducation informelle pour créer des opportunités pour les enfants vivant avec un handicap et nous assurer qu’ils sont pris en compte dans les budgets et les programmes d’éducation », déclare Marcel Toï, coordinateur national de la CNT/EPT.

Attirer l’attention des décideurs politiques

Les gouvernements du Lesotho et du Vietnam ont récemment adopté une nouvelle législation garantissant les droits des enfants vivant avec un handicap.

La loi sur l’éducation inclusive au Lesotho est le résultat des efforts et de la détermination d’organisations de la société civile travaillant ensemble pour faire pression sur le gouvernement. Dans le contexte du Lesotho, cette loi est la première de toutes à garantir les droits à l’éducation inclusive spécifiquement pour les enfants vivant avec un handicap :

« La loi a garanti des droits aux enfants vivant avec un handicap en vertu de loi exécutoire. Les individus, tout comme les organisations de la société civile peuvent désormais revendiquer ces droits. Il renforce le pouvoir du peuple à protéger le droit à l’éducation des enfants vivant avec un handicap et à demander des comptes aux décideurs politiques », explique Nkhasi Sefuthi, coordinateur national de la LNFOD au Lesotho.

Pour la VAEFA au Vietnam, ce fut une victoire lorsqu’une loi révisée sur l’éducation a été adoptée en 2019 :

« La loi de l’éducation révisée prévoyait une clause stipulant que les personnes appartenant à des minorités ethniques peuvent apprendre dans leur propre langue. Mais, nous avons fait adopter une clause stipulant que les personnes aveugles et les personnes sourdes ont également le droit d’apprendre dans leurs langues. La langue des signes et le braille sont les langues dans lesquelles ils se sentent à l’aise d’apprendre », explique Kim Anh Nguyen.

Les trois coalitions nationales pour l’éducation notent des changements positifs dans les mentalités des décideurs politiques.

KA et Khien vivent au Vietnam. Elles sont toutes les deux élèves et atteintes d'un handicap. Crédit : Association vietnamienne pour l’éducation pour tous (VAEFA)
KA et Khien vivent au Vietnam. Elles sont toutes les deux élèves et atteintes d'un handicap.
Credit:
Association vietnamienne pour l’éducation pour tous (VAEFA)

Les droits des personnes vivant avec un handicap étant de plus en plus au cœur des débats, la société civile joue aujourd’hui un rôle plus crucial que jamais pour sensibiliser l’opinion et veiller à ce que la mise en œuvre de nouvelles politiques se réflètent effectivement dans les pratiques :

« Parfois, le gouvernement oublie que le rôle de la société civile est d’être la voix des sans-voix. Nous voulons des infrastructures accessibles à tous. Nous devons donc leur demander des comptes. En tant que société civile, nous continuerons de frapper aux portes et d’insister sur ce qui doit être changé et mis en œuvre », déclare Sebabatso Ntlamelle, coordinatrice de la Commission de la santé et du développement social du Conseil des ONG du Lesotho.

À propos des coalitions nationales pour l'éducation

  1. Togo : la Coalition nationale togolaise pour l’éducation pour tous (CNT-EPT) est un réseau d’organisations et de particuliers qui travaillent pour assurer les conditions nécessaires à l’accès de tous les enfants du Togo à une éducation de qualité.
    Vous pouvez regarder cette vidéo publiée par la CNT/EPT à l'occasion de la Journée internationale de l’Éducation à Kara.
  2. Lesotho : le Conseil des organisations non gouvernementales du Lesotho (LCN) est une fédération de 140 ONG au Lesotho, dont la Fédération nationale des organisations des personnes vivant avec un handicap qui travaille sur des questions d'handicap et d’éducation.
  3. Vietnam : l'Association vietnamienne pour l’éducation pour tous (VAEFA) est une coalition d’organisations non gouvernementales, de la société civile et des particuliers qui défendent le droit de tous les vietnamiens à l’éducation, en accordant une attention particulière aux groupes marginalisés tels que les personnes handicapées, les femmes, les minorités ethniques, les enfants, les jeunes et les adultes appartenant à des groupes vulnérables.
La CNT/EPT au Togo organise des ateliers pour sensibiliser les familles d'enfants en situation de handicap et changer les mentalités. Crédit : Coalition nationale togolaise pour l’éducation pour tous (CNT-EPT)
La CNT/EPT au Togo organise des ateliers pour sensibiliser les familles d'enfants en situation de handicap et changer les mentalités.
Credit:
Coalition nationale togolaise pour l’éducation pour tous (CNT-EPT)

À propos des ateliers de sensibilisation des parents au Togo

« Nous organisons continuellement des formations et des ateliers pour les parents d’enfants vivant avec un handicap. Nous observons que les mentalités des parents changent. En ce qui concerne le handicap, changer les mentalités est la chose la plus difficile. Nous créons un dialogue avec les parents et leur parlons de l’importance de la scolarisation des enfants vivant avec un handicap. Nous les formons aussi sur les manières de soutenir leurs enfants. » Marcel Toï , CNT/EPT Togo.

Production d'un film au Vietnam

Avec le soutien financier de l’Éducation à voix haute, la VAEFA a récemment produit le court métrage intitulé Where I belong qui traite du lien entre le handicap et le genre. Le film a été produit en collaboration avec la communauté sourde et toute l’équipe était constituée de personnes sourdes à l’exception du caméraman et du réalisateur, ce dernier étant un interprète en langue des signes.

Les actrices et acteurs principaux sont des élèves sourds qui ont été soutenus par la VAEFA dans leurs études pour devenir enseignants. La VAEFA a récemment célébré la remise des diplômes de 8 nouveaux enseignants sourds.

Avant cela, seules 32 personnes sourdes sur 1 à 2 millions que compte le Vietnam avaient obtenu leur diplôme universitaire. La VAEFA présentera prochainement le film en avant-première dans un grand festival. Elle espère que le film sensibilisera le public et les décideurs politiques et suscitera l'adoption et la mise en œuvre de politiques, de programmes et d'un financement de l’éducation inclusive pour les personnes handicapées au Vietnam.

Découvrez la bande-annonce du film ici.

Handicap et Éducation

  • Selon une étude menée dans 19 pays en développement par la Banque Mondiale et le Partenariat Mondial pour l’Education (GPE), 30 % des enfants vivant avec un handicap n’ont jamais été scolarisés (Banque mondiale, 2017).
  • Les écarts entre les enfants vivant avec un handicap et les enfants non handicapés se sont considérablement creusés au cours des dernières décennies et les enfants vivant avec un handicap ont été largement exclus des actions visant à améliorer les résultats scolaires dans les pays en développement (Banque mondiale, 2017).
  • L’accès des enfants vivant avec un handicap aux écoles est souvent limité par un manque de compréhension de leurs besoins et un manque d’enseignants formés, de soutien en salle de classe, de ressources d’apprentissage et d’infrastructures adaptées (GPE 2021).

Lire aussi

Even though there are still many challenges ahead, it was great to learn about the successes that have been accomplished in these 3 nations. As a school psychologist, I worked in schools where there was a lack of knowledge among teachers about children with disabilities. The gap can have a negative impact on the progress that is made by children with disabilities.

Thank you again for sharing. How can I or others reach help support the work that is needed in any of these 3 nations?

Regards,
--Dr. P

I write with enthusism on the article from Togo, Lesotho and Vietnam. My enthusism is four pronged because:
1. the findings correlate with Kenyan studies and field experiences.
2. what is being done on the ground in the three states can be replicated in my country for the benefit of chidren who are excluded from classrooms.
3. I am an opportimistic education for children with disabilities and that such an article places hope in our school and communities.
4. that such a study can be conducted in the future to include Kenya and to include parents as key partners in the education of their children.
I acknowledge all the sub-sections: making CWDs visible, missing capabilities; effect of lack of education; and getting policy makers' attention as they resonate with issues on the ground in Kenya.
Thank you for sharing!

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