Définir, enseigner et cultiver des mentalités inclusives

Au sein des écoles, de nombreux élèves handicapés sont encore confrontés à l’isolement social, au rejet, voire à la victimisation sous forme de harcèlement. Pour favoriser une meilleure inclusion, Special Olympics et EASEL Lab ont développé un cadre avec les piliers fondamentaux d'un état d'esprit inclusif comme guide pour les programmes et la pédagogie.

30 novembre 2023 par Jacqueline Jodl, Special Olympics International
|
Lecture : 5 minutes
Les trois piliers de l’inclusion.
Les trois piliers de l’inclusion.
Credit: Special Olympics International

Pour qu’un avenir inclusif, dans lequel les personnes marginalisées ne vivent plus d’ostracisme et d’isolement, soit possible, il faut cultiver des mentalités inclusives et compréhensives, qui incitent à accepter et à inclure ceux qui sont différents.

Au sein même des écoles, un grand nombre d’élèves en situation de handicap continuent de vivre de l’exclusion sociale et du rejet, voire de l’intimidation. Dans certaines cultures, les jeunes en situation de handicap sont séparés de leurs camarades d’école, ou ne sont tout simplement pas scolarisés.

Les politiques et la pratique ont tendance à se concentrer sur l’inclusion physique sans reconnaître le besoin d’apprendre aux élèves l’importance d’étudier et de vivre ensemble. La nécessité d’impliquer les jeunes dans l’avènement d’écoles, de communautés et de sociétés inclusives est reconnue dans le monde entier, comme en témoigne l’appel des Nations Unies à « Ne laisser personne de côté. »

À Special Olympics, nous savons que l’inclusion physique ne suffit pas. Une véritable inclusion dans l’éducation passe par un engagement en faveur de l'inclusion sociale, où des jeunes de croyances, origines, religions et capacités différentes se rassemblent pour devenir des camarades, des partenaires, des alliés et des amis.

La mission de Special Olympics est simple : en apprenant aux enfants à jouer ensemble, nous leur permettons d’étudier, de grandir et finalement, de s’épanouir ensemble.

De nouvelles données probantes suggèrent que les expériences d’apprentissage communes , car elles favorisent une « mentalité inclusive1 ».

D’après Stephanie Jones, chercheuse principale au EASEL Lab à l’Université d’Harvard, une mentalité inclusive permet de renforcer notre capacité à faire preuve d’empathie et à voir les choses du point de vue de l’autre. Une mentalité inclusive nous donne le courage de défendre les autres et renforce notre croyance en la dignité universelle.

Jacqueline Jodl posant avec des enfants lors d'une activité soutenue par Special Olympics International. Crédit : Special Olympics International.
Jacqueline Jodl posant avec des enfants lors d'une activité soutenue par Special Olympics International.
Credit:
Special Olympics International.

Une mentalité est un ensemble de croyances qui façonnent le sens que nous donnons au monde et à nous-mêmes. Notre mentalité influence notre façon d’appréhender le monde, ainsi que nos réflexions, nos sentiments et nos comportements, dans n’importe quelle situation.

Plus important encore, les données probantes suggèrent qu’une mentalité inclusive est malléable2. Autrement dit, elle peut être développée ou enseignée aux jeunes, déficients intellectuels ou non, et elle peut être mesurée.

Développer des mentalités inclusives est donc un moyen important de faire avancer les objectifs des éducateurs : atténuer les tensions entre les groupes, le harcèlement et l’exclusion, tout en instaurant un sentiment de sécurité dans les écoles.

Contrairement à beaucoup d'approches en matière de diversité, d’équité et d’inclusion les processus d’enseignement et de mentalités inclusives contribuent à réduire la peur et la honte chez les jeunes qui ne sont pas en situation de handicap, ce qui les incite à défendre leurs camarades qui sont, eux, en situation de handicap.

Par un effet de ricochet, ces élèves « agents d’inclusion » génèrent une culture et une ambiance plus positives pour tout le monde, ce qui rend les communautés d’apprentissage plus fortes et plus soudées.

Pourquoi certains jeunes cherchent-ils à inclure les autres quand tant d’entre eux ne le font pas, et quand le harcèlement et l’exclusion sont si souvent la norme ?

Un cadre de travail pour développer l’inclusion

Special Olympics et EASEL Lab ont créé, en partenariat, un cadre de travail qui définit les principaux piliers d’une mentalité dont le but est d’orienter les programmes scolaires et la pédagogie3 pour favoriser l’inclusion sociale des enfants handicapés.

Nous avons commencé par effectuer une vaste analyse bibliographique sur des thèmes comme les mentalités, les valeurs, l’empathie, l’influence, l’auto-efficacité, la mise en perspective, l’activité physique, le sport et l’inclusion, la cohésion sociale et la mise en relation, ainsi que le leadership chez les jeunes.

Les études traitent généralement l’inclusion comme une dimension unique, comme l’empathie ou la tolérance. Notre cadre de travail, lui par contre, présente les mentalités inclusives comme un concept aux dimensions multiples, se tenant à la croisée de valeurs, de croyances et de compétences précises.

Notre cadre propose également des solutions concrètes pour atteindre l’objectif de développement durable (ODD) 4 en définissant clairement et concrètement l’enseignement et la mise à l’échelle de l’inclusion dans les écoles, le sport et d’autres milieux d’apprentissage. Il est conçu de manière à pouvoir être facilement adapté et contextualisé par n’importe quel organisme ou programme qui cherche à promouvoir une plus grande inclusion sociale.

Jacqueline Jodl posant avec des enfants lors d'une activité soutenue par Special Olympics International. Crédit : Special Olympics International.
Jacqueline Jodl posant avec des enfants lors d'une activité soutenue par Special Olympics International.
Credit:
Special Olympics International.

Les trois piliers de l’inclusion

Notre cadre repose sur trois grands concepts qui sont les piliers mis en évidence par les études d’EASEL4.

  • Le pilier 1, la dignité universelle, consiste à reconnaître que tout le monde mérite le respect et que chaque personne est importante, quelles que soient ses croyances, son identité ou sa situation. C’est croire en la valeur intrinsèque de l’autre et à l’importance de protéger les droits de tous, faire preuve d’ouverture à l’égard des personnes en situation de handicap et valoriser les différences individuelles.
  • Le pilier 2, l’empathie et la mise en perspective, est la capacité de reconnaître et de comprendre les sentiments des autres (empathie) et leur point de vue (mise en perspective). L’empathie et la mise en perspective sont importantes, car elles nous aident à faire attention aux autres, à les comprendre et, en fin de compte, à nous occuper d’eux, en particulier ceux qui sont différents. C’est donc un socle indispensable pour favoriser des actes et des comportements inclusifs.
  • Le pilier 3, l’action courageuse, est la disposition à s’exprimer ou à intervenir face à une situation qui est injuste ou préjudiciable, et ce, quel qu’en soit le prix. Une action courageuse, c’est, par exemple, sortir de sa zone de confort, veiller sur les autres, agir avec éthique, quel qu’en soit le prix, tendre vers ce qui est juste ou soupeser plusieurs facteurs avant de prendre une décision. Ce pilier donne les moyens aux gens de transformer des normes et des situations injustes et profondément ancrées, pour faire émerger des communautés plus inclusives et plus équitables.

Faire d’une éducation de qualité une réalité pour tous

L’ODD 4 représente une vision mondiale qui prône une éducation de qualité pour tous. Cependant, cet ambitieux objectif ne restera qu’une vision, tant que nous n’aurons pas réussi à clairement définir, enseigner et cultiver des mentalités inclusives dans nos écoles et dans nos terrains de jeux.

Même si le monde entier cherche encore le véritable sens du terme inclusion, il s’avère que la plupart des jeunes, indépendamment de leurs identités et de leurs expériences, qu’ils aient un handicap ou non, emploient des mots très similaires pour expliquer ce que l’on ressent quand on est inclus : être traité avec dignité, être respecté pour ses différences et être reconnu pour ses contributions au sein de l’école ou de la communauté.5

Ayant condensé tous ces éléments sous la forme d’un cadre de travail, nous avons dressé une feuille de route qui permet d’enseigner et d’apprendre l’inclusion pour, à terme, faire évoluer les expériences communes à travers lesquelles les jeunes apprennent à se montrer inclusifs.

#####

Lire les autres blogs de cette série sur l'éducation inclusive

  1. EASEL Lab at Harvard University (2022). The Evidence Base for Inclusive Mindsets & Behaviors, Harvard Graduate School of Education, Cambridge MA.
  2. EASEL Lab at Harvard University (2022). The Evidence Base for Inclusive Mindsets & Behaviors, Harvard Graduate School of Education, Cambridge MA; Jones, S.M (2022); Localizing Research Phase 1 Report (power point slides). EASEL Lab at Harvard University
  3. ibid
  4. ibid
  5. ibid

Lire aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Comments

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.