Une contribution historique du secteur de la philanthropie au Sommet sur la transformation de l’éducation

Vu l'importance de leur rôle dans le plaidoyer et de leurs contributions dans le secteur de l'éducation, les acteurs philanthropiques ont saisi le Sommet sur la transformation de l’éducation pour renforcer leurs engagements. La Déclaration conjointe signée par près de 60 organisations souligne la manière dont leurs actions peuvent faire une différence.

27 octobre 2022 par Bathylle Missika, OECD Development Center, et Laura Savage, International Education Funders Group
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Un panel lors d'un événement organisé par l’IEFG et l’OCDE au Sommet sur la transformation de l’éducation à New York.
Un panel lors d'un événement organisé par l’IEFG et l’OCDE au Sommet sur la transformation de l’éducation à New York.
Credit: IEFG

« Brouhaha ». Tel est le terme qui résonnait dans nos oreilles en juin dernier, à l’issue de l’atelier que nous venions de conduire en Tanzanie en collaboration avec d'autres d’organisations philanthropiques œuvrant dans l’éducation. Et nous n’aurions pas pu être plus ravis !

L’atelier, mené dans le cadre du Forum mondial Schools2030 (en anglais), avait pour but d’amener les participantes et les participants à s’ouvrir au point de vue des autres. Nous leur avons proposé un jeu de rôle en leur demandant de « se mettre à la place de quelqu’un d’autre » pendant une heure, pour discuter des priorités d’un plan sectoriel de l’éducation dans un scénario hypothétique de processus budgétaire.

Comme nous nous y attendions, cette démarche a provoqué une dissonance de voix, d’intérêts concurrentiels et de motivations cachées ou manifestes, ne débouchant sur aucun consensus.

C’est bien ce que l’on observe quand on travaille au sein d’un système complexe : chacun — parent, élève, enseignant, responsable gouvernemental, activiste de la société civile, financeur ou éditeur de manuels scolaires — a une vision différente de l’objectif à atteindre, sa propre théorie du changement et une idée bien arrêtée de la façon d’aborder les problèmes, les petits comme les grands.

Dans le domaine de l’éducation, il n’est pas possible de s’accorder sur une visée unique. Nous sommes néanmoins convaincus qu’il est possible de surmonter cette cacophonie pour tirer parti de cette diversité, définir une voie et réussir.

Une grande première aux Nations Unies pour la philanthropie dans le secteur de l’éducation

C’est exactement ce qu’ont fait, en septembre, les organisations philanthropiques œuvrant dans le secteur de l’éducation en publiant une déclaration conjointe (en anglais) lors du Sommet sur la transformation de l’éducation, ce qui constitue — à notre connaissance — la première contribution commune de ce type à un sommet de l’ONU.

Nous avons toutes deux le privilège de travailler pour des réseaux qui créent des liens et favorisent la collaboration entre les acteurs philanthropiques du secteur privé. Le Réseau mondial des fondations œuvrant pour le développement de l’OCDE (netFWD) comprend trois groupes de travail, portant respectivement sur l’éducation, le genre et la santé. L’International Education Funders Group est un réseau qui fédère une centaine d’organisations philanthropiques du secteur éducatif actives dans des pays à revenu faible et intermédiaire.

S’agissant des membres de ces réseaux, on relève une très grande variété dans ce qui est financé (depuis l’éducation de la petite enfance jusqu’à l’entrepreneuriat des jeunes), les bénéficiaires des financements (élèves scolarisés ou non, filles, garçons, enfants en situation de handicap, réfugiés, etc.), le mode de financement (subventions concurrentielles ou sans restrictions, concours, obligations à impact social, partenariats multilatéraux...) et les profils de partenaires (partenaires multilatéraux aussi bien que militants associatifs dans les zones rurales de Mongolie ou du Kenya).

Tous ont en commun de n’appartenir ni à la société civile ni au secteur privé et, d’une manière ou d’une autre, de ne pas avoir été très bien intégrés dans le programme de développement mondial de ces dernières décennies.

Le rôle croissant de la philanthropie dans l’éducation

De fait, la philanthropie prend une part croissante dans les efforts en faveur de l’éducation dans le monde, tant en termes de plaidoyer que de contribution et d’impact.

Selon le Centre de l’OCDE sur la philanthropie, entre 2016 et 2019, les fondations philanthropiques ont participé à hauteur de 4,5 milliards de dollars au financement de l’éducation.

Globalement, sur cette période, les dons philanthropiques transfrontaliers ont représenté la huitième source de financement de l’éducation dans les pays à faible revenu, faisant jeu égal avec certains des plus gros bailleurs de l’aide publique au développement.

Les acteurs philanthropiques travaillent depuis des décennies à la consolidation et à la transformation des systèmes éducatifs. Ils encouragent l’innovation, cherchent des solutions à des problèmes omniprésents dans l'éducation.

Ils produisent et transmettent des connaissances, favorisent la promotion d’une culture d’élaboration des politiques éducatives basées sur des preuves. Ils militent en faveur du changement, en soutenant d’importants programmes éducatifs à un moment où l’aide s’essouffle au niveau mondial.

Près de 60 organisations avaient déjà signé la déclaration conjointe des acteurs philanthropiques avant le Sommet sur la transformation de l’éducation (et le décompte se poursuit !).

En collaboration avec nos partenaires, le GPE, l’UNESCO et le réseau NORRAG, nous avons organisé, en marge du sommet, un évènement pour discuter de la déclaration et des thèmes et engagements qu’elle contient.

Ces engagements sont pris par le milieu de la philanthropie, mais ils constituent aussi un appel à d’autres de la part de nos organisations. Nous retenons deux grands messages de cette action.

Charles North, Directeur général par intérim du GPE, prenant la parole à un événement organisé par l'IEFG et OCDE au Sommet sur la transformation de l'éducation.
Charles North, Directeur général par intérim du GPE, prenant la parole à un événement organisé par l'IEFG et OCDE au Sommet sur la transformation de l'éducation.
Credit:
IEFG

Deux points à retenir sur le potentiel de la philanthropie

D’une part, la diversité est synonyme de potentiel et de force. La variété des domaines d’action et des approches de la philanthropie constitue quasiment un microcosme de l’éventail des possibilités, options et pratiques observables dans n’importe quel établissement scolaire ou ministère de l’Éducation à travers le monde. Cela peut sembler un peu chaotique et susciter des craintes que certaines activités soient redondantes ou contradictoires, ou manquent d’efficacité. Il y a, pourtant, de la force à puiser dans la diversité. Comme l’a déclaré Michelle Holmes, présidente de l’IEFG, lors de cet événement : « il n’est pas nécessaire que nous fassions tous la même chose. Au contraire, il faut se féliciter de notre diversité ».

D’autre part, et cela aidera à tirer parti de cette diversité, quand on est nombreux, on fait plus de bruit. Pour réussir à transformer l’éducation, il faut mettre en commun les diverses approches des nombreuses parties prenantes et la philanthropie se propose d’initier les choses. Il n’incombe pas seulement aux gouvernements et aux organisations internationales de donner la priorité à l’éducation : la philanthropie apporte une contribution singulière et des avantages comparatifs, notamment sa capacité à faire baisser les coûts politiques des interventions de politique publique grâce au levier des connaissances et des alliances, comme l’ont souligné Stefania Giannini, sous-directrice générale pour l’éducation à l’UNESCO, et Andreas Schleicher, à la tête de la Direction de l’éducation et des compétences de l’OCDE.

Le sommet de New York et la déclaration commune ne constituaient pas une fin en soi, mais plutôt le début d’un effort d’action collective.

Les réseaux offrent un espace où les diversités peuvent se déployer et, en ce qui nous concerne au netFWD de l’OCDE et à l’IEFG, nous souhaitons relever le défi que les membres de nos réseaux nous ont lancé : les aider à tirer le maximum de leurs efforts et faire en sorte que la philanthropie au service de l’éducation se fasse mieux entendre en s’exprimant d’une voix commune, crédible et engagée, portant un objectif, plus large mais partagé, de transformation de l’éducation.

Vous pouvez signer notre déclaration conjointe jusqu’à la fin du mois d’octobre.

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