Une nouvelle étude explore dans quelle mesure l’éducation est un vecteur et un pilier de sociétés pacifiques : elle souligne une corrélation positive entre des taux supérieurs d’achèvement du primaire et du premier cycle du secondaire, surtout chez les filles, et des facteurs connus pour créer des sociétés pacifiques de façon durable.
L’étude révèle également que les pays qui présentent un nombre supérieur d’années de scolarité corrigé en fonction de la qualité de l’apprentissage connaissent moins de conflits et une sûreté et une sécurité accrues. D’autres éléments concrets montrent que des niveaux élevés d’inégalité entre groupes identitaires en matière d’éducation engendrent un risque de conflit violent considérablement supérieur à la moyenne mondiale.
En outre, l’éducation est un catalyseur aux actions contre le changement climatique, donnant à chacun les moyens de comprendre et de lutter contre les défis environnementaux. Les accords internationaux clés reconnaissent le rôle important de l’éducation dans l’accélération des actions contre le changement climatique et le potentiel des jeunes à devenir des agents et des défenseurs du changement.
Répercussions sur la planification et les programmes d’éducation
En 2023, une nouvelle déclaration sur le climat, les secours, le relèvement et la paix a été lancée lors de la conférence de la COP28, appelant à une action collective plus audacieuse en faveur de la résilience climatique dans les situations de conflit.
Tenant compte de l’analyse que nous avons faite dans le premier article et des implications de cette déclaration pour la planification et les programmes d’éducation, nous avons relevé, pour la communauté éducative, les actions suivantes :
Augmenter les ressources et promouvoir des approches flexibles et basées sur des données probantes
- Les pays en situation de fragilité et de conflit sont les plus touchés par le changement climatique qui exacerbe les crises humanitaires existantes. Cela demande de continuer d’augmenter le financement de l’éducation dans les situations de fragilité et de conflit, y compris les investissements pour la lutte contre le changement climatique dans l'éducation, et de renforcer la capacité technique et institutionnelle des gouvernements et des acteurs locaux afin qu’ils puissent gérer efficacement ces ressources ;
- S’impliquer dans les situations de fragilité et de conflit exige une plus grande adaptabilité de mise en œuvre et d'exécution des programmes, notamment par le biais d’actions anticipatoires et de mesures correctives appliquées au fur et à mesure que les situations évoluent ;
- Bien que la base de données probantes sur la corrélation entre le climat et l'éducation s’améliore, il reste nécessaire d’accorder une attention particulière à l’efficacité des investissements pour la lutte contre le changement climatique dans les situations de fragilité et de conflit, et d’améliorer l’échange d’informations entre les pays et les régions.
Garantir l’équité et l’inclusion, notamment dans le processus de prise de décisions
- Lutter contre l’exclusion aujourd’hui permet de renforcer la résilience de l’éducation face à de futurs chocs climatiques et de consolider la cohésion sociale. Les investissements dans l’éducation doivent tenir compte des besoins des populations et des communautés les plus vulnérables et les plus difficiles à atteindre ;
- Face aux implications négatives du changement climatique et des conflits sur les filles et les autres enfants marginalisés, comme ceux qui sont en situation de handicap, la question du genre et de l’inclusion doit être intégrée à tous les efforts déployés en faveur de l’éducation, y compris dans la cartographie des risques et des vulnérabilités ;
- Pour que les réponses soient efficaces, il est important de promouvoir le leadership et de renforcer le pouvoir d’action des groupes concernés dans toutes les politiques et les programmes d’éducation, y compris en soutenant les voix de la société civile au sein des groupes locaux des partenaires de l’éducation dans les situations de fragilité.
Adopter des approches intégrées face au conflit et au changement climatique
- Comme dans toute politique et programme d’éducation dans les situations de fragilité et de conflit, les investissements pour la lutte contre le changement doivent éviter d’attiser les griefs et les vulnérabilités existants. Cela nécessite d’incorporer des approches en matière de ces investissements, qui soient « réceptives au conflit » et qui s’adaptent au contexte et aux dynamiques entre le changement climatique et le conflit ;
- Afin d’optimiser les synergies des investissements dans l’éducation en faveur de la résilience climatique et du rétablissement de la paix dans les situations de fragilité et de conflit, les politiques et les programmes d’éducation doivent mieux articuler dans quelle mesure ces investissements contribuent à ces deux objectifs. Il serait utile de renforcer les orientations du secteur pour aider les décideurs politiques et les praticiens à mieux comprendre cette corrélation.
Comprendre la relation entre fragilité, conflit et changement climatique devient essentiel afin de développer des approches de planification et de mise en œuvre de l’éducation qui permettent de répondre aux inégalités en matière d’éducation. Dans le même temps, en exploitant le pouvoir de transformation de l’éducation, les sociétés peuvent se bâtir un avenir résilient au climat et pacifique.