Compétences du futur : créer des opportunités inclusives pour toutes les africaines

Des millions de filles et de femmes africaines seront laissées de côté si elles ne reçoivent pas l'éducation et la formation appropriées pour acquérir les compétences requises pour les emplois du futur.

29 mars 2022 par Rita Bissoonauth, African Union International Center for Girls and Women’s Education in Africa
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Lecture : 4 minutes
Une élève de l'école pour filles d'Amrighebe au Tchad pendant un cours d’informatique. Février 2019. Crédit : GPE/Carine Durand
Une élève de l'école pour filles d'Amrighebe au Tchad pendant un cours d’informatique. Février 2019
Credit: GPE/Carine Durand

L'inadéquation entre les compétences des jeunes et les compétences nécessaires pour les futurs emplois est de plus en plus forte, notamment en cette ère de l'intelligence artificielle où la demande de professionnels dotés de compétences du 21e siècle augmente. La pandémie de COVID-19 a davantage exacerbé ce déficit de compétences en raison des énormes pertes d'apprentissage causées par les fermetures d'écoles.

Les compétences du 21e siècle telles que la pensée critique, la créativité et la littératie numérique sont nécessaires dans ce monde actuellement dominé par les sciences, les technologies et l’innovation. Les filles et les jeunes femmes africaines doivent suivre le rythme d’évolution rapide des marchés modernes du travail, si elles ne veulent pas être laissées de côté.

Les données font déjà état de pertes d’apprentissage importantes chez les filles, du fait qu’elles n'aient pu, pour beaucoup, continuer à apprendre pendant la pandémie. Selon le Forum économique mondial (2020), la créativité est une compétence que même l'intelligence artificielle ne peut reproduire.

L'accent est également mis sur le développement d'autres compétences non techniques, notamment en matière de communication, de collaboration, d'autonomie et de travail d'équipe.

De plus, plus de la moitié des activités professionnelles qui existent actuellement ne devraient plus être nécessaires en 2055 selon une étude McKinsey (2019). D'ici là, les Africains représenteront environ 25 % de la population active mondiale (The Economist, 2020).

On estime que le continent contribuera à l'augmentation de la population mondiale à hauteur de 1,3 milliard (sur les 2 milliards attendus d'ici 2050), dont la moitié seront des filles et des femmes.

L'Afrique est le continent le plus jeune du monde, avec une population de jeunes en constante croissance, et environ 20 millions de nouveaux emplois doivent être créés chaque année pour répondre à la demande croissante. L'Afrique est à la croisée des chemins.

Les gouvernements, les décideurs politiques et le secteur privé se demandent toujours à quoi ressemblera l'avenir du travail, comment combler le fossé de l'emploi et répondre à la demande de main-d'œuvre qualifiée. Ce que nous savons, c'est que nous devons nous recycler, nous perfectionner et nous adapter à ce monde qui évolue rapidement, où l'expérience d'une personne compte moins que sa capacité à s'adapter et à appliquer ses connaissances.

Des millions de filles et de femmes africaines seront laissées de côté si elles ne reçoivent pas l'éducation et la formation appropriées pour acquérir les compétences nécessaires aux emplois du futur.

Le professeur Léandre Benon aidant son élève, Mariam, à tracer une figure géométrique au tableau. Bénin, décembre 2018. Crédit : GPE/Chantal Rigaud
Le professeur Léandre Benon aidant son élève, Mariam, à tracer une figure géométrique au tableau. Bénin, décembre 2018.
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GPE/Chantal Rigaud

Repenser les programmes scolaires dans les pays africains, en mettant l'accent sur l'adaptabilité et la créativité, est essentiel pour assurer à nos jeunes femmes et hommes, de trouver des emplois à l'avenir.

Le Centre international de l'Union africaine pour l'éducation des filles et des femmes en Afrique (UA/CIEFFA) a profité de l'Expo 2020 de Dubaï pour organiser une session, avec des experts en éducation, des jeunes et la société civile, sur le thème : « Les compétences du futur : créer des opportunités inclusives pour toute la jeunesse africaine ». Un accent particulier y a été mis sur les filles et les jeunes femmes.

L'une des principales recommandations était que les ressources d'enseignement et d'apprentissage doivent être repensées pour répondre aux besoins du 21e siècle, car très peu d'enseignants disposent des ressources ou ont une idée de ce à quoi ressemble un tel programme, sans parler d'assurer la mise en place d’environnements d'enseignement et d'apprentissage sensibles au genre.

Une autre recommandation était d'inclure la réflexion conceptuelle, en engageant les apprenants dans des activités pratiques, ce qui aidera les jeunes femmes à s'aventurer avec plus de confiance dans les domaines liés aux STEM.

Les femmes doivent être motivées et encouragées à intégrer ces secteurs et à créer des entreprises. Cela implique d'aligner les plans sectoriels de l'éducation sur le développement des compétences du 21e siècle tout en incluant des outils d'évaluation ventilés par sexe pour suivre les résultats d'apprentissage des filles et des garçons.

De nombreuses initiatives ciblant les jeunes, y compris les jeunes femmes, sont mises en œuvre par l'Union africaine pour développer ou améliorer leurs compétences. Citons par exemple :

  • (i) L'Initiative Compétences pour l’Afrique (SIFA), qui finance des projets innovants de développement des compétences axés sur l'emploi, - dont une plateforme continentale d'échange de connaissances et d'engagement du secteur privé ;
  • (ii) 1 million d'ici 2021, qui comprend une composante sur le développement des compétences éducatives pour combler les lacunes en termes de compétences en fournissant des voies alternatives, des ressources et des outils d'apprentissage à distance ;
  • (iii) La plateforme d'apprentissage en ligne de l'Université panafricaine offre aux jeunes femmes et hommes de tout le continent des opportunités d'acquérir de nouvelles compétences ou de se perfectionner à travers divers cours. La plateforme est ouverte à tous et les cours y sont gratuits. Tous les cours sont certifiés et les jeunes peuvent utiliser ces certificats sur le marché du travail.

Ces initiatives offrent une occasion sans précédent à nos jeunes d'apprendre, de désapprendre et de réapprendre. Cependant, même si ces initiatives sont louables, les filles et les jeunes femmes des zones rurales ou issues de milieux défavorisés en sont souvent exclues.

Les médias sociaux et la mobilisation communautaire sont utilisés pour permettre aux filles marginalisées et défavorisées d'avoir accès à ces initiatives.

Il est urgent de transformer les systèmes éducatifs afin d’offrir à toutes les filles et à tous les garçons des opportunités d'apprentissage de qualité leur permettant de développer des compétences.

Les gouvernements doivent réorganiser les programmes nationaux, adapter les ressources d'enseignement et d'apprentissage aux besoins des marchés du travail et nouer des partenariats avec le secteur privé, à l’instar des initiatives susmentionnées, dans le cadre de l'éducation formelle, tout en tenant compte de l’égalité de genre.

La formation des enseignants doit aller de pair avec ces aspirations. Grâce aux programmes de développement professionnel continu, les enseignants pourront mieux développer ces compétences.

Cette approche intégrée permettra aux filles de développer des compétences du 21e siècle, de les préparer aux besoins du marché du travail et d'aider à atténuer les risques liés au manque de main-d'œuvre sur le continent.

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