Le mois dernier, les dirigeants du monde, les organisations internationale et les groupes de plaidoyer réunis en faveur de l’éducation dans le monde lors de l’événement « Financer l’avenir : Éducation 2030 » en marge de l’Assemblée générale des Nations unies ont lancé un appel pour une augmentation significative des possibilités de financement de l’éducation émanant des ressources intérieures des États comme des États donateurs.
Les Présidents Sall (Sénégal) et Macron (France) ont saisi cette occasion pour annoncer qu’ils animeraient conjointement la Conférence de refinancement du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) en février prochain à Dakar, au Sénégal. Mais pour contribuer à atteindre les 3,1 milliards de dollars que le GPE cherche à lever auprès des bailleurs d'ici 2020, une première étape essentielle consiste à sonder l’investissement actuel des bailleurs dans l’éducation mondiale.
Le Donor Tracker, site Web gratuit et indépendant, propose des données complètes sur 14 pays donateurs majeurs de l’OCDE, qui ensemble contribuent 90 % de l’Aide publique au développement (APD) dans le monde.
Le site permet un accès rapide et aisé à des données quantitatives et qualitatives sur les tendances, les priorités stratégiques et les prises de décision des bailleurs en matière de financement tout en identifiant les opportunités potentielles de plaidoyer en faveur d'un financement du développement accru et mieux adapté.
Le site Donor Tracker présente également une « Exploration approfondie » des financements et priorités de ces 14 pays dans les secteurs clés des ODD : plus récemment, une nouvelle Exploration approfondie de l’éducation. Chaque page consacrée à un bailleur fournit des données clés destinées aux défenseurs, décideurs politiques et autres, notamment :
- Les dépenses totales en matière d’éducation, globalement et en pourcentage du total de l’APD
- Les tendances de financement dans le temps, ainsi qu’un aperçu des financements futurs
- Le détail des financements par sous-secteurs de l’éducation, priorités géographiques et groupe de revenu des pays bénéficiant de l’aide
- Les contributions faites à travers les organisations multilatérales
- Les contributions à l’éducation en situation d’urgence, notamment en pourcentage de l'aide humanitaire globale
- Les priorités et approches déclarées
- Les processus de prise de décision, notamment les acteurs publics pertinents moteurs de la formulation des politiques, des décisions en matière de financement et de leur mise en œuvre
Lorsque l’on observe la totalité de la communauté des pays donateurs, on voit émerger certaines tendances intéressantes.
- Le financement de l’éducation est en déclin depuis quelques années
- L’essentiel du financement est consacré à l’enseignement post-secondaire
- Les pays à revenu intermédiaire sont les plus gros bénéficiaires du financement de l’éducation
La meilleure façon de voir dans quelle mesure les pays donateurs font de l’éducation une priorité est d’observer leurs financements bilatéraux, car ceux-ci constituent le domaine du financement du développement qu'ils contrôlent le plus. Le financement pour l’éducation parmi les pays donateurs du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE a diminué de façon significative depuis son pic de 2010, passant ainsi de 8,1 milliards à 7,6 milliards de dollars, soit 6 % (Figure 1).
Les investissements des pays donateurs se concentrent sur l’enseignement post-secondaire : en moyenne, 42 % de l’APD pour l’éducation provenant des pays donateurs ont été alloués à ce secteur en 2015 (Figure 2). Il s’agit pour une grande partie de dépenses en bourses et autres frais destinés aux étudiants des pays en développement dans les pays donateurs (73 % du total du financement de l'enseignement post-secondaire). Par contraste, en 2015, les pays donateurs de l’OCDE n’ont alloué que 26 % de leur APD bilatérale pour l’éducation à l’éducation de base (enseignement primaire, éducation de la petite enfance et compétences pratiques de base pour les jeunes et les adultes). En fait, les 2,3 milliards de dollars que les bailleurs de l’OCDE ont dépensé en 2015 en bourses et frais destinés aux étudiants à l’intérieur de leurs frontières dépassent les 2 milliards qu’ils ont dépensé pour l’éducation de base.
Les pays à faible revenu sont plus susceptibles d’afficher un taux d’élèves achevant le primaire plus faible que les pays à revenu intermédiaire, c’est donc un déterminant de besoin en matière de financement de l’éducation. Les pays à faible revenu comptent cependant pour seulement 30 % du financement de l’éducation obtenu auprès des pays de l’OCDE, comparé à 52 % pour les pays à revenu intermédiaire (Figure 3).
La mobilisation d’un soutien accru pour l’éducation dans le monde nécessite une compréhension par les défenseurs de la façon dont les pays donateurs financent actuellement ce secteur. Elle nécessite également une compréhension de l’appétit actuel des bailleurs pour un financement accru dans ce domaine. C'est ce que cherche à faire le Donor Tracker. De meilleures données devraient permettre de soutenir ceux qui plaident pour un financement accru et mieux adapté de l’éducation dans le monde, pour garantir que chaque enfant sur terre bénéficie d'une éducation de qualité d’ici 2030.
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Le DONOR Tracker est une plateforme de partage des connaissances unique, gratuite et indépendante mise à la disposition du public. Elle concerne tous les bailleurs clés du CAD de l’OCDE qui collectivement fournissent 90 % de l’aide publique au développement. En établissant une base de données partagée, complète et de haute qualité sur les investissements, les politiques et le processus de prise de décision des bailleurs, le Donor Tracker cherche à faire avancer le soutien aux avancées du développement dans le monde en fournissant aux défenseurs un accès aisé à des informations quantitatives et qualitatives stratégiques de haute qualité afin de faciliter leur action.